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Critique de Isacom


"Ils tuent la jeune Blanche d'abord." Voici comment débute Paradis, huitième roman de Toni Morrison (et dernier d'une trilogie, après Beloved et Jazz).
"Ils", ce sont les notables d'une toute petite ville fondée par des Noirs, en-dehors de la société américaine raciste et ségrégationniste : une communauté fermée, patriarcale, sectaire. Là où ils vont tuer, c'est le "Couvent", la maison où des femmes de toute sorte trouvent refuge après des traumas : violence, deuil, abandon. Tout le roman est construit autour de cette scène originelle (Et la "jeune Blanche" de l'incipit, on ne saura jamais laquelle de ces femmes elle est) : peu à peu se révèlent, dans les épisodes de la fondation, dans les personnalités des notables, des femmes, dans leurs histoires, les raisons qui conduisent à la tragédie.

Elle a tout, Toni Morrison : l'intelligence, la compréhension. L'empathie et la compassion. le talent, le génie. La beauté.
Il m'a été très difficile de débuter la lecture de Paradis, sachant que plus jamais, jamais, je ne pourrai faire cela : commencer un nouveau roman de Toni Morrison.
Est-ce que c'est son chef-d'oeuvre ? Je ne sais pas. le lien qu'on bâtit avec un roman est très personnel. Dans celui-ci, la narration est peut-être encore plus complexe, plus mystérieuse que dans ses autres oeuvres. Mais elle sait exactement où elle va : il n'y a pas une phrase, pas un mot en trop, tout est sens. Tout fait signe.
D'une certaine façon, Paradis résume ce que Toni Morrison a fait toute sa vie : exprimer l'inexprimable chagrin de la population noire. Nommer l'innommable regard porté sur les corps noirs. Dire l'indicible sort des femmes noires. Exister.

Traduction, pas tout à fait à la hauteur, de Jean Guiloineau.
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