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Jean Guiloineau (Traducteur)
EAN : 9782264025517
364 pages
10-18 (06/05/2004)
3.81/5   115 notes
Résumé :
Dans les années cinquante en Oklahoma, neuf familles descendantes d'esclaves, à la peau noir anthracite, ont fondé une ville, Ruby, à l'écart du monde et particulièrement des Blancs.

Vingt-cinq ans plus tard, ses 650 habitants vivent en cercle fermé, sous l'autorité des Pères fondateurs qui imposent une loi puritaine. Le Paradis ?

On pourrait le croire, mais l'enfer n'est pas loin. Les hommes de la ville rêvent de détruire un groupe de ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (13) Voir plus Ajouter une critique
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Ruby est une ville de l'état de l'Oklahoma, fondée par une communauté noire dans les années 50 sur des principes religieux très stricts, et refusant tout contact avec des Blancs ou des métis. Ils vivent en autarcie dans une société presque idéale…refusant d'admettre certaines vérités. A quelques kilomètres du village vivent une poignée de femmes seules dans un ancien couvent. Ces femmes blessées par la vie viennent trouver refuge et espoir dans cette étrange demeure dont la vocation ne fut pas toujours aussi sainte.

Or les hommes du village, ayant recréé la société intolérante qu'ils fuyaient, et avides de ne rien remettre en question de leurs convictions profondes, vont reporter sur ces femmes libres toute la rancoeur qui les habite, les accusant des maux qu'ils ont eux-mêmes engendrés. Une société fermée sur elle-même arrive forcément à ses limites, les jeunes ont le désir de vivre, d'aller voir ailleurs, l'amour ne suit pas forcément la bonne couleur de peau, la mort et la maladie font partie de la vie…Donc ils s'arment un beau jour de fusils et c'est le massacre. A l'opposé de ce que devrait prêcher la religion…

On est happé par la puissance du texte et de l'écriture de Toni Morrisson et frappé par l'actualité de son récit, à l'heure où les replis minoritaires et identitaires semblent pour certains un refuge. Et alors que beaucoup d'individus en souffrent, les femmes sont souvent les premières victimes, même si certaines se font le porte-parole de leur oppression…Un très beau livre !
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Voici un livre que j'ai bien failli laisser de côté tellement il est dur, tellement il nous heurte, tellement il nous étouffe... Paradis. Non. Pas du tout. Ruby, ville construite par une communauté Noire, pour s'échapper du vice. Vivre en autarcie. Une ville construite sur plusieurs générations. Et nous suivons la voix de 9 femmes. Une ville où règne la religion, de celle qui oblige, de celle qui oblige. Une ville repliée sur elle-même... Une ville pleine de conflits, de non-dits, de racisme... Certes, l'écriture pourrait se suffire à elle-même, parce que c'est Morrison, mais l'atmosphère pesante du roman nous en détache... nous pèse... nous fait manquer d'air... Dommage !
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"Ils tuent la jeune Blanche d'abord." Voici comment débute Paradis, huitième roman de Toni Morrison (et dernier d'une trilogie, après Beloved et Jazz).
"Ils", ce sont les notables d'une toute petite ville fondée par des Noirs, en-dehors de la société américaine raciste et ségrégationniste : une communauté fermée, patriarcale, sectaire. Là où ils vont tuer, c'est le "Couvent", la maison où des femmes de toute sorte trouvent refuge après des traumas : violence, deuil, abandon. Tout le roman est construit autour de cette scène originelle (Et la "jeune Blanche" de l'incipit, on ne saura jamais laquelle de ces femmes elle est) : peu à peu se révèlent, dans les épisodes de la fondation, dans les personnalités des notables, des femmes, dans leurs histoires, les raisons qui conduisent à la tragédie.

Elle a tout, Toni Morrison : l'intelligence, la compréhension. L'empathie et la compassion. le talent, le génie. La beauté.
Il m'a été très difficile de débuter la lecture de Paradis, sachant que plus jamais, jamais, je ne pourrai faire cela : commencer un nouveau roman de Toni Morrison.
Est-ce que c'est son chef-d'oeuvre ? Je ne sais pas. le lien qu'on bâtit avec un roman est très personnel. Dans celui-ci, la narration est peut-être encore plus complexe, plus mystérieuse que dans ses autres oeuvres. Mais elle sait exactement où elle va : il n'y a pas une phrase, pas un mot en trop, tout est sens. Tout fait signe.
D'une certaine façon, Paradis résume ce que Toni Morrison a fait toute sa vie : exprimer l'inexprimable chagrin de la population noire. Nommer l'innommable regard porté sur les corps noirs. Dire l'indicible sort des femmes noires. Exister.

Traduction, pas tout à fait à la hauteur, de Jean Guiloineau.
Challenge Nobel
Challenge USA : un livre, un État (Oklahoma)
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Le paradis, c‘est l'enfer. C'est ainsi qu'on pourrait décrire Ruby, commune à l'écart de toute civilisation blanche. Ville construite ex-nihilo par les Pères Fondateurs plus de 70 ans auparavant, elle est peuplée d'une communauté noire, refusant tout contact blanc, pour fuir la discrimination.
Mais cette volonté de s'isoler implique un replis sur soi : absence de restaurants, d'hôtels, de tous loisirs (cinéma, musique) pouvant pervertir et dévoyer la jeunesse.
Les jeunes, désoeuvrés, se réunissent du Four, (symbole de la fondation) sont surveillés par les Anciens. Un peu comme l'arbre aux palabres, c'est là aussi que les adultes décident de l'expédition meurtrière contre le Couvent.
Ce bâtiment, à l'écart de la ville, lui aussi isolé, ancienne école religieuse, laissé à l'abandon, sert de refuge à quelques femmes de passage, plus ou moins paumées, arrivées là par accident, et qui cherchent à fuir pour mieux se reconstruire. Leur vie seule, sans hommes, bohême, sans règle symbolise tous les vices pour la ville proche. Il faut éliminer le mal à la racine.
A travers les chapitres se succède la vie de ses femmes, une à une, et les liens, pourtant bien réels, entre le couvent et la ville. Réel, mais niés. Destination de quelques hommes de Ruby en quête d'aventure, mais aussi de quelques femmes cherchant à avorter ou à cacher une naissance. Elles symbolisent donc le monde impur.
A travers ce roman, Toni Morrisson nous montre une communauté qui se ghettoïse en voulant se fermer aux autres. Elle décrit un monde sans pitié, qui préfère respecter les Pères Fondateurs plutôt que les lois de l'Etat. Vu de l'extérieur, ce qui se veut un paradis vire au cauchemar, car cette société ‘'préservée'' a reconstruit les mêmes défauts que la société extérieure. Intolérance, racisme, ce qui est reproché aux Blancs est ici exacerbé envers eux. Ils ont reproduit une société d'intolérance, où les honneurs sont attribués aux familles des Fondateurs.
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ParadisToni Morrison – (Etats-Unis, 1998)

A qui s'aventurerait dans ce Paradis, de Toni Morrison, se rendrait vite compte que de Paradis, il n'y en a pas. L'intrigue se situe en 1976 au sein d'une petite ville américaine – Ruby – fondée par 9 familles noires qui tentent de préserver leur ville de tout ce qui pourrait contaminer sa pureté raciale et, en particulier, d'un groupe de femmes jugées immorales, installées à proximité de la ville dans « le couvent ». La fin est connue dès la première phrase: « Ils tuent la jeune Blanche d'abord ». Toute la question est de savoir pourquoi et comment la situation a pu dégénérer jusqu'à ce point de non-retour.
C'est un roman que j'ai trouvé difficile à lire et pas seulement en raison de la dureté de l'intrigue, mais également en raison du style littéraire. Mais il est des romans difficiles qui marquent un lecteur pour longtemps et ce Paradis est assurément l'un de ces romans.
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Citations et extraits (25) Voir plus Ajouter une citation
"Si vous avez un endroit, poursuivit-elle, où vous devriez être et si quelqu'un qui vous aime vous y attend, alors partez. Sinon, restez ici et suivez-moi. Quelqu'un pourrait vouloir vous rencontrer."
Aucune ne s'en alla. Il y eut des questions angoissées, un seul éclat de rire effrayé, quelques moues et quelques tentatives d'indignation simulée, mais immédiatement elles en arrivèrent à la conclusion qu'elles ne pouvaient quitter le seul endroit qu'elles étaient libres de quitter.
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Elle était certaine que leur désapprobation venait principalement de ses cheveux crêpés. Mon dieu, que n'avait-elle pas entendu quand elle était revenue de Detroit ! Les examens étranges, stupides, envahissants. Elle avait l'impression qu'elles parlaient de ses poils pubiens ou des pouls de ses aisselles. Si elle s'était promenée dans la rue complètement nue, elles n'auraient parlé que de ses cheveux. Le sujet excita plus de passion, fit naître plus d'opinions, sollicita plus de colère que la prostituée que Menus ramena de Virginie. [...]
Comme un compteur Geiger, ses cheveux enregistraient, croyait-elle, la tranquillité ou l'intensité d'un désordre profond et sourd.
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Dans l'obscurité bien propre de la cave, Consolata s'éveilla avec la déception déchirante de ne pas être morte au cours de la nuit. Chaque matin, tous ses espoirs brisés, elle restait allongée sur un petit lit au sous-sol, écoeurée par son existence de limace dont elle ne réussissait à traverser chaque heure qu'en sirotant des bouteilles noires aux noms très chic Chaque soir, elle sombrait dans un sommeil qui devait être le dernier, et elle espérait qu'un pied gigantesque descendrait pour l'écraser comme un animal nuisible dans un jardin.
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- L'Afrique est notre patrie, Pat, que ça vous plaise ou non (...) Il y a eu toute une vie avant l'esclavage. Et nous devons savoir ce que c'est. C'est-à-dire, si nous voulons nous débarrasser de la mentalité d'esclave.
- Vous vous trompez, et si c'est votre champ vous le labourez dans l'eau. L'esclavage est notre passé. Rien ne peut changer ça, et sûrement pas l'Afrique.
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Pas de prison et pas besoin d’en avoir une. Aucun criminel n’était jamais né dans sa ville. Et on prenait en charge les deux ou trois qui faisaient des bêtises, qui humiliaient leur famille ou menaçaient l’idée que la ville avait d’elle-même. Mais à coup sûr, il n’y avait aucune flemmarde, aucune souillon dans la ville et, pensait-il, les raisons en étaient claires. Depuis le début, les siens étaient libres et protégés. Une femme, qui ne dormait pas, pouvait toujours quitter son lit, jeter un châle sur ses épaules et s’asseoir sur les marches au clair de lune. Et si l’envie lui en prenait, elle pouvait sortir de la cour pour descendre la route. Aucune lampe, aucune peur.
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Vidéo de Toni Morrison
Vendredi 18 septembre 2020 / 9 h 45
Jean Guiloineau part sur les traces des petits cailloux semés par Geneviève Brisac et qui font écho ou référence à l'oeuvre de Virginia Woolf. Lectures par Anne Mulpas, poète, performeuse et artiste multimédia.
Directeur de la revue Siècle 21, Littérature & société. Jean Guiloineau est aussi traducteur : Nelson Mandela, Toni Morrison, Nadine Gordimer, André Brink, etc.
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