Je gravis les marches du perron au moment où elle sonna. Hadley s'était épilé les sourcils et portait une robe d'été en vichy qui ne lui allait pas; elle lui donnait une petit air innocent et naïf qui tranchait avec sa voix rauque et son tempérament de mégère. J'imagine qu'elle possédait cette beauté blonde qui plaît à certains, mais pas à moi, sauf s'il s'agit de Veronica Lake.
Si j'avais eu la bonne idée de consulter Spencer, il m'aurait sans doute rappelé qu'on ne peut véritablement connaître une personne qu'à l'instant présent. Le passé a aussi peu de consistance que le futur : hypothétique et faussé, romancé par un millier de forces déformantes et filtré par le voile trompeur de l'émotion. De plus, nous sommes par nature en mouvement, et nous nous transformons imperceptiblement en d'autres êtres qui ne partagent que les apparences superficielles de nos précédentes incarnations.
Il est aussi vrai, j'imagine, qu'un premier amour est une toile sur laquelle on peint ses propres désirs.
Les plaisirs passagers ne sont que cela, passagers.
Si tu comptes te sacrifier pour une cause, choisis la avec soin et fais en sorte qu'elle soit digne de ce que tu risques de perdre pour elle.
trop est un signe de vulgarité, mais trop peu est la marque de l'échec.
Elle parla jusqu'au matin, recroquevillée sur le canapé, la tête du chaton, qui s'était assoupi sur ses genoux, posée sur son bras ; Spencer et moi étions assis dos à la fenêtre, comme pour bloquer la lumière et retenir le jour qui risquait de nous arracher Lillian et de sonner la fin du conte de fées, quand le bûcheron se retrouve de nouveau tout seul dans les bois.
...le plaisir fébrile qui s'était emparé de moi, cette chaleur qui palpitait dans mes veines, tel le grand éclat crépusculaire de l'alcool sur un estomac vide.