Dans un univers chrétien, la liberté n'est pas déterminée, mais elle est prévenue, appelée, accueillie, transfigurée. Sa gravitation est universelle.
Autrui est ainsi le coopérateur de ma vie spirituelle la plus intime.
La souffrance principale de l'existant, c'est l'incapacité de l'existence à se communiquer directement.
L'existence est l'acte libre, et l'acte libre n'est pas intelligible au regard de l'homme. L'existence, c'est ce qui ne devient jamais objet. On ne peut l'évoquer qu'en termes de jaillissement. C'est le surgissement originel (Ursprung) à partir duquel je pense et j'agis. Ce n'est pas un concept, c'est un index qui désigne un au-delà de toute subjectivité.
On se demande ce que ferait une philosophie si elle n’explorait l’existence et les existants.
Indiscutablement, l'homme est un existant affirmant sans cesse sa liberté dans un monde qui est son œuvre. Si la souveraineté de cette liberté créatrice fait de lui en quelque sorte un dieu, elle rend non moins sa condition tragique. Et c'est par là que l'existentialisme athée rejoint l'expérience profonde du tragique chrétien, particulièrement celui de Blaise Pascal.
"L'individu n'est en rien le porte-flambeau d'une essence antérieure et supérieure. Il est son existence c'est-à-dire sa liberté "en situation", unique fondement de sa grandeur et de sa vocation à l'élargissement presque illimité des possibilités de choix."
Préface de Jacque Le Goff et Jean-François Petit
La précarité primitive de ma contingence entraîne la précarité continuelle de mon existence. Elle ne connaît aucun acquis définitif, elle est toujours remise en jeu, à faire et à refaire. Je dois, à chaque instant, l'assumer à nouveau et la reprendre comme à la base. Je suis, moi, frêle existant perdu dans l'océan amer de la finitude, le dieu solitaire et débile sans qui cette création spontanée de moi-même par moi-même s'effondrerait à chaque instant dans le néant.
Tout existentialisme est d'abord une philosophie de l'homme avant d'être une philosophie de la nature.
À la rigueur, il n'est pas de philosophie qui ne soit existentialiste. La science arrange les apparences. L'industrie s'occupe des utilités. On se demande ce que ferait une philosophie si elle n'explorait l'existence et les existants.