L’une est la fille d’un diamantaire anversois, l’autre un top-model.
La blonde et la brune, la menue et la plantureuse, la sombre et la joviale. Francis est content d’épater la galerie en exhibant ces deux spécimens, également attrayants, mais si différents, de la beauté féminine.
Un léger maquillage lui donne l’air de revenir constamment d’un safari ou des sports d’hiver, tandis qu’un soupçon de khôl allonge l’œil et bleuit son regard.
Il parle plusieurs langues et se réclame de plusieurs origines. Sa culture est assez vaste pour lui permettre d’entrer dans les cercles les plus divers.
Heureux de vivre ensemble ces moments, heureux, l’un d’enseigner, l’autre d’apprendre, dans cet espace insolite entre le petit et le grand jour.
Alexandre n’était pas exigeant. Contre quelque monnaie et une chambre sans chauffage ni carreaux aux fenêtres, il fait l’ambiance musicale de dix heures du soir à quatre heures du matin. Pour quelques francs belges, il s’est procuré un album des classiques du piano-bar. Il s’enthousiasme pour les standards de Cole Porter, Irving Berlin, Jerome Kern, Kurt Weill. Ces trésors sont la base de son répertoire. En ajoutant quelques fleurons de la chanson française, il peut satisfaire toutes les demandes. Le temps ne lui paraît pas trop long. Il se nourrit de musique et du spectacle des personnages qui hantent le lieu. Parmi ceux de son âge, les filles sont presque toutes jolies ; en tout cas elles présentent bien. Les garçons sont dans le même ton. Propres, bien habillés, bonnes manières.