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Critique de pchion


Je lis avec plaisir les séries policières ayant un personnage récurrent, évoluant si possible dans un tissu social réaliste et bien étoffé. Que ce soit les enquêtes tortueuses de l'inspecteur Gamache dans la série québecoise de Louise Penny, ou celles du commissaire Soneri de la police de Parme (Valerio Varesi), toutes ont leur charme !
Je remercie donc les éditions du Seuil et Babelio pour m'avoir envoyé le dernier opus de Petros Markaris, "Mort aux hypocrites". Ce livre se situe dans la droite lignée des autres volumes centrés sur notre vieil ami Charitos, se débattant avec les idées parfois étranges de ceux qui ont décidé de résoudre la crise grecque de ces dernières années à leur manière... Markaris réussit bien à dépeindre la situation ubuesque dans laquelle les mesures de la "troïka" européenne ont plongé le pays, sous couvert d'un redressement de son économie. Les mesures drastiques qui ont été imposées ont eu pour résultat de faire plonger la fraction la plus pauvre de la population, ainsi que la classe dite moyenne, dans une misère encore plus grande. Face à la hausse du coût de la vie et à la baisse des revenus, beaucoup de citoyens ont dû chercher à survivre (et cherchent encore) au jour le jour. Toutes les réponses ne se situent pas sur le même plan. La bande singulière de terroristes à laquelle est confronté le commissaire Charitos ("l'Armée des Idiots Nationaux") a décidé d'éliminer, par des moyens spectaculaires, les membres de l'élite administrative et financière qu'elle estime les plus hypocrites. Les membres de ce mouvement ne font aucunement partie de la mouvance terroriste habituelle, et les divers procédés qu'ils utilisent, rendent leur identification difficile.
Cela complique bien l'existence au quotidien de notre brave enquêteur. le commissaire Charitos, qui vient de devenir grand-père, préférerait nettement consacrer du temps à son petit-fils, nouvel arrivé dans cet improbable échiquier grec, ainsi qu'à sa fille Katerina, avec laquelle la relation est très fusionnelle. Bref, rien ne va comme le lecteur compatissant le voudrait. Certes, la gastronomie est encore au rendez-vous et notre héros réussit encore à picorer de ci de là quelques spécimens de ses brochettes préférées, en cachette de sa tumultueuse épouse, Adriani. Une promotion arrive à point nommé pour lui remettre du baume au coeur, mais la vie n'est pas facile.
Au passage, on a donc droit à une chronique familiale et sociale toujours aussi truculente, et c'est bien comme ça. Mon seul regret (mais c'est souvent le cas dans cette série) : le dénouement est un peu rapide et un peu tiré par les cheveux ! Je dirais que l'enquête policière est plus un prétexte permettant de peindre un tableau sociétal que la raison même d'exister du livre... Amateurs de thrillers et de romans noirs, mieux vaut changer de trottoir !
Bref, tout se termine bien, sauf pour les assassins et pour la population grecque dans son ensemble, toujours confrontée d'une part à la dureté de la politique libérale effrénée promue par les dirigeants de ce monde, d'autre part à la compromission bien réelle de nombre de ses dirigeants.
Si vous ne connaissez pas la série je vous conseille de vous y intéresser. Mieux vaut, comme dans bien des cas, découvrir les volumes plutôt dans l'ordre chronologique. On appréhende mieux les personnages que l'on va suivre tout au long de l'histoire.
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