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Critique de JMLire17


A la fois roman et récit, ce livre de Antonio Muñoz Molina est inclassable, passionnant, pas très facile à lire, car l'écriture est très dense, foisonnante . Il alterne des chapitres autobiographiques et une enquête sur James Earl Ray, l'homme qui tira le 4 avril 1968, sur Martin Luther King à Memphis, car celui-ci lors de sa cavale a atterri à Lisbonne ou il espérait obtenir un visa pour aller se cacher en Angola. Muñoz Molina se rend à Lisbonne pour mettre ses pas dans ceux de Ray et profite de ce voyage pour retracer les précédents qu'il a fait dans cette ville notamment le premier lorsqu'il a écrit son premier best-seller, " L'hiver à Lisbonne ", mais également un autre lorsqu'il avait été invité pour rendre hommage à Adolfo Bioy Casares. Il profite de ses déambulations pour mettre en évidence le charme parfois désuet de cette capitale.
A travers ses souvenirs, il nous fait partager ses sources d'inspirations, la littérature, ses modèles, la musique, le jazz en particulier dont il est un passionné. Il montre comment il a décortiqué la construction littéraire de ses modèles pour construire son propre style, comment il observe les lieux pour les décrire dans ses textes, comment il construit ses personnages. Mais aussi ses interrogations lorsqu'il était un jeune écrivain, travaillant encore dans l'administration de la ville de Grenade. Il évoque sa vie familiale, la naissance de ses enfants. Il montre le bouleversement que crée pour un écrivain, la sortie d'un roman qui devient best-seller. Il aborde l'alcoolisme en littérature notamment le sien avec un témoignage saisissant et ses difficultés pour en sortir.
le motif qui l'a conduit à nouveau à Lisbonne c'est donc d'enquêter sur la présence dans la capitale portugaise en mai 1968 de Ray. Après avoir consulté tout ce qui s'est écrit sur l'assassinat de Martin Luther King, les autobiographies de James Earl Ray, il retrace sa cavale notamment son séjour à Lisbonne. Il nous fait partager les lieux, hôtels, bars, que le meurtrier a fréquenté, les démarches qu'il a faites sous plusieurs noms. Il retrouve des témoins. Dans des chapitres passionnants, il revient sur les derniers jours avant le coup de feu qui coûta la vie au Dr King. Il montre le processus qui fait d'un petit délinquant, qui adhère aux idées de Mac Carthy, qui croît à la théorie du complot communiste, un meurtrier pour l'histoire. Il retraçe le climat qui régnait aux Etats-Unis dans les années 50/60, en évoquant ce qu'a été le combat du Mouvement pour les droits civils. Au delà de Lisbonne, il se rend à Memphis et visite le musée élaboré autour de la chambre 306 du Lorraine Motel ou Luther King a été tué, au cours de cette visite il rappelle ce que fût l'horreur de la ségrégation dans cette période, les actes et les marches des noirs pour faire respecter leurs droits. Il décrit les dernières heures du leader, il aborde son épuisement devant son impuissance à faire bouger les choses.
Intéressé par l'histoire contemporaine, fasciné par le processus de construction littéraire, j'ai été emballé par ce roman ambitieux.
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