Dans la ville oú elle avait grandi, sa forme d'intelligence était souvent rangée dans la même catégorie qu'une claudication ou qu'un pouce surnuméraire, et l'on n'avait pas tardé à noter les défauts qui ne pouvaient manquer d'y être associés - son incapacité à se servir d'une machine à coudre, à faire un joli paquet ou à s'apercevoir que sa combinaison dépassait.
Aux yeux des bien des gens elle pouvait passer pour bizarre et solitaire – et d’ailleurs, en un sens, c’est ce qu’elle était. Mais elle avait aussi fait l’expérience, une bonne partie de sa vie, de se sentir entourée de gens qui souhaitaient accaparer son attention, son temps et son âme. Et, d’ordinaire, elle les laissait faire.
Le sentiment de quelque chose d'un peu décalé, hors d'usage, d'une façon qu'on ne pouvait ni réparer ni changer mais à laquelle on pouvait seulement résister de son mieux.
Elle espère comme les gens espèrent sans se faire d'illusions des aubaines imméritées, des rémissions spontanées, des choses comme ça.
Sois accueillante à quiconque souhaite te vampiriser, même à ceux qui n'ont pas la moindre idée de qui tu peux être.
Une chose étrange et terrible devenait claire pour elle : dans ce monde à venir, tel qu'elle se le représentait à présent, elle n'existerait pas.
Tout avait été gâché en un jour, en deux minutes, sans secousse, sans dispute, sans espoir, sans déception, et non de la façon étirée à l'infini dont ces choses sont gâchées le plus souvent.
Je l'ai lu je ne sais combien de fois, mais je sais que la première, je me suis identifiée à Kittie, et après c'était à Anna - oh, c'était affreux, avec Anna, et maintenant, figure-toi, la dernière fois, j'ai découvert que je sympathisais tout le temps avec Dolly. Dolly quand elle va à la campagne, tu sais, avec tous ces enfants, et il faut qu'elle trouve comment faire la lessive, il y a cette histoire de baquets - je me dis que c'est comme ça que nos sympathies changent à mesure qu'on vieillit. La passion est reléguée derrière les baquets.
Voilà ce qui arrive. On met de côté pour un petit moment et de temps à autre on regarde dans le placard à la recherche d'autre chose, on se rappelle et on se dit, "bientôt".Puis ça devient quelque chose qui est là, comme ça, dans le placard, et d'autres choses s'accumulent devant celle-là et par-dessus, et pour finir on n'y pense plus du tout.
Ce qu'on chérissait comme un trésor. On n'y pense plus. Une perte qu'on ne pouvait même pas envisager autrefois, elle devient à présent une chose qu'on parvient à peine à se rappeler.
Voilà ce qui arrive.
- C'est très soudain, (..) ça ne doit probablement pas sembler tout à fait réel.
- Si, pourtant. Tout semble réellement réel maintenant. Comme si c'était avant que j'étais dans le brouillard.