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Critique de fanfanouche24


« Vais-je avouer que j'ai pleuré en lisant les lettres de maman ? Que je pleure presque chaque matin en pensant à mon père ? Sonder les gouffres que les morts ont laissés en nous n'a rien de mortifère. Ce qu'il est au contraire, c'est de croire qu'on « fait son deuil ». Expression stupide. On ne fait pas son deuil, on regarde à côté. Et on a tort.

« On ne se console pas de la mort de celui ou de celle qu'on aime parce que le temps passe, que la plaie se referme et que l'on finit par oublier. Bien au contraire : on s'en console lorsqu'on arrive à vivre une sorte de compagnonnage heureux avec son mort. Je crois qu'il y a là une étrange réalité, dont personne n'ose parler : non seulement nous vivons avec nos morts, mais cette relation intérieure que nous avons avec eux et une des choses les plus intenses et des plus belles qui nous soit échu de vivre ». Alexandre Lacroix.”


Un livre étant en très, très bonne place dans mes curiosités, admirant et appréciant depuis fort longtemps la qualité des textes cette auteure pour la jeunesse, publiée dès ses débuts par l'Ecole des Loisirs… Voici un trésor complémentaire pour nous faire connaître son environnement , le terreau de cette famille, à travers plusieurs générations et trois histoires d'amour naissant, évoluant au fil du du XXe, Rencontres amoureuses au fil de la grande histoire, de la Grande guerre , au Paris libéré jusqu'aux années 2000…

Récit agrémenté de photos, archives, extraits de lettres, etc, trouvés … dans la maison de ses parents lorsqu'il lui a fallu la vider à leur disparition.
Je me suis contentée de lire attentivement mais toutefois, en diagonale ce petit trésor, devant l'expédier pour le Noël d'une amie…
Je trouve le titre magnifiquement choisi, s'accordant parfaitement au contenu de cette « saga familiale »,titre inspiré par Guillaume Apollinaire :
« Or nous savons qu'en nous beaucoup d'hommes respirent
Qui vinrent de très loin et sont un sous nos fronts »

Tout est intéressant, mais ce que j'ai plus particulièrement aimé découvrir ce sont tous les souvenirs, les détails qui ont nourri, inspiré, stimulé la future auteure-jeunesse, et le passage suivant est un excellent révélateur , tout comme j'ai aimé la présentation, l'organisation du texte, avec ses illustrations, nous faisant songer au plaisir immense que l'on peut avoir , en feuilletant un album de photographies, de famille…!! Une sorte de suspens, d'étonnement, de nostalgie, de décryptage des visages, des attitudes des uns et des autres, les vêtements, les décors quotidiens, d'un autre temps !

« D'où vient mon goût pour les histoires qui finissent bien ? Même dans la vraie vie, même dans les histoires 'based on a true story', j'attends obstinément l'heureux dénouement. Une lampe allumée. Je ne peux pas laisser mon lecteur dans le noir. « Pour l'enfant, dit Michel Tournier, une histoire qui se termine mal est une histoire qui ne se termine pas du tout. Il demande la suite aussi longtemps que tout n'est pas rentré dans l'ordre. Et l'ordre universel, c'est le bonheur. »

Recueil de souvenirs personnels, de sa passion pour l'enfance…de sa jeunesse, de l'éveil de la sexualité, de ses amitiés, ses amours, de la maternité, de la naissance de ses trois enfants, de ses lectures, de son enthousiasme pour Dickens, etc.

« J'aime les jeux d'enfant, les mots d'enfant, les chansons d'enfant, les histoires d'enfant. C'est la culture des enfants que j'aime, les Barbapapa, Nils Holgersson et Cadet Rousselle. J'ai toujours aimé.. »

Du mal à quitter ce livre, mais il doit « s'envoler » vers les montagnes jurassiennes.. pour réjouir une autre lectrice… J'achève cette chronique partielle par un extrait touchant des questionnements de l'auteure-jeunesse sur son travail d'écriture pour les enfants et les adolescents…depuis plusieurs décennies !!

« Si l'on considère que j'ai commencé à écrire pour la jeunesse à l'âge de 12 ans, cela fait quarante-huit ans que je suis écrivain jeunesse. Je me suis demandé un jour si un écrivain jeunesse avait le droit de vieillir. Comme les enseignants, j'ai en face de moi des gens éternellement jeunes que je suis censée captiver. (...) Je me suis aussi demandé s'il fallait avoir des enfants pour être un écrivain jeunesse. Je connais plusieurs personnes sans enfant qui écrivent d'excellents romans pour la jeunesse. Je connais encore plus de mères de famille qui n'ont jamais écrit pour les enfants. Mais je reconnais que, pour ma part, le fait d'avoir été la mère de trois enfants a imprégné ce que j'ai écrit, mais aussi ce que je dis, ce que je suis.---« [Livre de poche, octobre 2020, p. 243]




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