Kafka sur le rivage

Etrange, fascinant, envoûtant. A relire

Le héros de l'histoire qui se fait appeler Kafka, 15 ans, fugue de chez son père pour fuir une vie angoissante et tragique. Sa mère l'a abandonnée en emmenant sa soeur mais en le laissant lui, lorsqu'il avait 4 ans. Il fuit une prophétie qui lui prédit qu'il tuera son père et violera sa mère et sa soeur.
Dans une forêt, pendant la seconde guerre mondiale, des enfants tombent évanouis sous les yeux de leur maîtresse. Tous se réveillent mystérieusement au bout de quelques jours, sauf Nakata qui mettra beaucoup plus de temps et se réveillera différent, ne sachant plus lire et n'ayant plus aucune connaissance.

Ces deux histoires, très différents vont pourtant trouver un lien que seul Murakami est capable de tisser en mêlant l'imaginaire, le réel, le fantastique et la philosophie.
Cet auteur a vraiment un don pour nous emmener sur des rivages à priori inaccessibles.
J'adhère tout à fait à ce que j'ai lu plus haut, son écriture est hypnotique, elle nous emmène aux confins de la réalité de manière tout à fait naturelle.

♫Tout le monde veut devenir un cat
Parce qu' un chat quand il est cat
Retombe sur ces pattes♫
José Germain- 1970 -

Johnny Walken, tue les chats, sans haine,
leur coupe la tête, leur prend leur âme
Nakata parle aux chats, les chats teignes
et les biens portants, c'est un chat-man...
Kafka, est jaloux du garçon du tableau
sussure à son oreille le garçon nommé Corbeau
Comment peut-elle encore lui plaire
Lui et ses quinze printemps, elle en hiver !?
Egaré dans le labyrinthe du temps
a vau-l'eau il avance dans le tourment
perdu sur les limbes entre la vie et la mort
dans un no-man's land, chat ria et chat dort
il se cache chat l'eau, chat virage
chat rit varie, chat- loupage
Et Kafka revenu sur le rivage...
Un chat-soeur sachant cha c'est :
Chat qui rat tatouille
à rat qui rit, Murakami, ça chat touille...

Devenir un fantôme de son vivant !
ce qu'on nomme surnaturel
n'est autre que les ténèbres de notre propre esprit. p305
merci pour cet éclairage Mr Haruki Murakami

Le site VendrediLecture dans son petit jeu du lundi soumettait le défi de décrire notre lecture à l'aide de six mots, ni plus ni moins. Lisant à ce moment-là Kafka sur le rivage, j'ai soumis « Conte initiatique, métaphore de la vie». (ici) Cela me paressait assez juste. Mais Murakami, dès les premières pages, nous offre aussi un résumé du roman :
«Le jour de mes quinze ans, je ferai une fugue, je voyagerai jusqu'à une ville inconnue et lointaine, et trouverai refuge dans une petite bibliothèque.» [H.M.]

Et pour la métaphore, qui revient tout au long de notre lecture, Murakami prend Goethe à témoin :
«Comme disait Goethe, la création tout entière est une métaphore.» [H.M.]

Je mettrais en exergue plein de passages de Kafka sur le rivage. C'est une lecture qui m'a accompagné pendant un bon moment, le roman fait un bon nombre de pages, mais elle a occupé aussi mes réflexions, mes regards sur moi et sur le monde.
«Tout en ce monde est constamment en mouvement. La Terre, le temps, les idées, l'amour, la vie, la foi, la justice, le mal. Tout est fluide, tout est transitoire. Rien ne reste éternellement au même endroit, sous la même forme. L'univers lui-même est une sorte d'énorme service postal.» [H.M.]

Montaigne, à ce sujet, n'écrivait-il pas : «Le monde est une branloire pérenne. Toutes choses y branlent sans cesse [...] La constance mesme n'est autre chose qu'un branle plus languissant?»
Des siècles de distance, des mondes différents, et pourtant un regard semblable.

Haruki Murakami est amateur de musique, amateur de jazz, de classique, de rock, amateur de musique, quoi. Cela est présent dans toute son oeuvre et à ce titre, Kafka sur le rivage ne fait pas exception. La musique nous accompagne, que ce soit Crossroads par Cream, une oeuvre pianistique de Schubert, du Duke Ellington, le trio « À l'Archiduc » de Beethoven avec Rubinstein, ou Sergent Pepper's Lonely Hearts Club Band parmi plein d'autres pièces. Certains ont fait des compilations des morceaux de musique qui parsèment l'oeuvre de Murakami, on peut y consacrer plusieurs heures d'écoute.
Est-il nécessaire que je précise que l'univers de Murakami m'a séduit? Je fais le souhait que vous le croisiez dans une lecture prochaine.
Lien : http://rivesderives.blogspot..

Je ne suis pas du tout lecteur de romans contemporains à la base mais celui-ci a été une découverte majeure.
Envoûtant et mystérieux mais surtout captivant comme un rêve qui se déroule et qui nous emmène dans un pays qu'on aurait jamais imaginé. Et toutes les nuits c'est différent.

Une amie me l'avait dit, dès que tu entreras dans l'histoire, tu seras prisonnier et tu iras jusqu'au bout. En moi-même, je me disais, de toute façon si ça ne me plaît pas, je saurais bien l'abandonner, ce ne sera pas le premier roman laissé en cours de route. Ainsi que beaucoup des critiques que j'ai lues ici, j'ai eu du mal à entrer dans l'histoire, ça traînait en longueur avec des états d'âmes de jeunes gens ayant subi un traumatisme alors qu'ils étaient déjà psychologiquement fragiles. Néanmoins, le style me plaisait, et j'ai pris le temps de passer dans le monde de l'auteur, plein de poésie, d'idées un peu loufoques où il laisse s'échapper son imagination repoussant les limites habituelles du monde physique afin d'aller dans un monde imaginaire. En fin de compte, une belle leçon de vie. Un beau style qui a fait naître de nombreuses images, un superbe film dans ma tête. Je suis ravi.

Un vrai Murakami avec ses histoires extraordinaires et ordinaires à la fois. L'écriture prend son temps, nous promène dans le japon de tous les jours
Les énigmes se dénouent, les vies se rencontrent progressivement de manière totalement imprévisible... dommage que la fin soit si ordinaire !

Quelle étrange histoire. Fantastique, poétique, hypnotique mais que d'interrogations. Pour qui, pour quoi ?

C'est un roman sur la quête d'identité. La critique de la quatrième de couverture qualifie le voyage de Kafka de voyage initiatique. Cette question de l'identité – perdue, retrouvée – est d'ailleurs omniprésente dans l'oeuvre puisqu'elle se retrouve chez le personnage de Nakata, vieil homme, lequel, ayant accidentellement et mystérieusement perdu toute mémoire et faculté intellectuelle, est dépourvu de tout ce qui constituait sa personnalité. le thème touche également Oshima, le bibliothécaire, personnage dont l'ambiguïté est on ne peut plus avérée et qui joue à la fois le rôle de mentor et protecteur de Kafka, sorte de frère – de soeur ? – de substitution.
L'écriture de Murakami est saisissante, l'auteur nous plonge dans un japon à peine esquissé, ponctué de quelques scènes concrètes qui ramènent un peu de réalisme au texte. Ce roman est d'une poésie marquée, doucement distillée par l'auteur dans chaque trait des personnages, même les plus noirs: Kafka dont la vie ne trouve d'extension que dans les livres qu'il dévore, les bibliothèques qu'il explore, Nakata, le vieil homme qui sait le langage des chats, mademoiselle Saeki qui vit encore enfermée dans le chagrin d'amour qu'elle vécu quelques années auparavant.
Lien : https://tempsdelectureblog.w..

Quand je lis du Murakami, je ne sais jamais si j'aime avant d'avoir tourné la dernière page. Ce roman ne fait pas exception à la règle : poétique et barré sont les seuls mots qui me viennent à l'esprit.

Comme souvent, Murakami fait dans l'indescriptible et son style n'appartient qu'à lui : une plume sobre mais audacieuse, un univers fantastique qui laisse la part belle aux interprétations... Et la musique, toujours la musique.

J'ai adoré A l'ouest du soleil, délaissé 1Q84 ; Kafka sur le rivage est un entre-deux qui mérite un gros coup d'oeil, sauf si vous n'aimez pas rêver.