AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de florigny


Aurélien Cochet enseigne les techniques audiovisuelles à l'université. Il est séparé de Laurence qui a emmené leur fils à Rome où elle partage sa vie avec un nouveau compagnon. Quand son grand-père paternel, affectueusement surnommé Abuelo, ex-gynécologue renommé, décède, Aurélien ne s'attend pas à exhumer des paperasses familiales, un vieux film qui montre celui qu'il considère comme une figure intouchable de son enfance, qui lui a inoculé le virus du cinéma, en compagnie d'un haut dignitaire nazi, dans un lebensborn.


Lancé à la suite de cette découverte sur les traces de son passé et de la vérité, Aurélien trouve en Héloïse une alliée précieuse et très documentée puisque la jeune femme prépare une thèse sur ces «fabriques d'enfants parfaits », qui représentent la face cachée de la politique eugéniste nazie. Et pendant ce temps, Nicole Brachet, octogénaire misanthrope, est retrouvée assassinée chez elle, à quelques encablures de la maison des Cochet... Ces deux événements sont-ils liés, et si oui, comment ?


« Les lebensborn, "fontaines de vie ", ont été fondés en 1935 en Allemagne, sous le contrôle du RuSHA, un organisme créé pour la protection de la femme et de l'enfant mais qui se chargeait aussi de vérifier la pureté raciale des membres de la Schutzstaffel, les SS donc. Concrètement, il s'agissait de cliniques accueillant les femmes ou amies des hommes de la SS ou de la police. le lebensborn devait donner la possibilité aux mères "racialement valables" d'accoucher puis d'offrir leur enfant à la SS qui s'occuperait de sa protection et de son adoption. C'était là un moyen de relever la natalité et de fortifier la " race aryenne ". Beaucoup de filles, souvent victimes de la propagande, intégrèrent ces lebensborn pour avoir la chance de donner un enfant au Führer » (p. 80).


A partir d'un fait historique rarement évoqué, la création par les nazis à Lamorlaye dans l'Oise, de l'une de ces effrayantes maternités, Valentin Musso réalise un roman brillant et puissant, dans lequel la grande Histoire fait irruption dans une petite histoire familiale qui apparaît au gré des révélations bien plus complexe que les apparences le laissent croire. Grâce à d'habiles flash-backs, le lecteur partage en alternance, la vie quotidienne de la famille Weil durant la seconde guerre mondiale, ostracisée, spoliée, victime des lois anti-juives puis d'une police française zélée et soumise, avide de plaire à l'occupant en anticipant ses exigences.


D'une crédibilité irréprochable, historiquement très documentée, l'intrigue complexe et passionnante est servie par le style élégant, riche, mais non pesant de l'auteur. Une très grande réussite.
Commenter  J’apprécie          80



Ont apprécié cette critique (2)voir plus




{* *}