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Critique de mh17


Les deux nouvelles de ce petit recueil donnent un bon aperçu du talent du jeune Vladimir Nabokov. Elles ont été écrites en russe, sous le pseudonyme de Sirine. Elles sont fantastiques et surtout très ludiques. La Vénitienne est une merveille et Un coup d'ailes, peu connue, mérite le détour.

1) Un coup d'aile (1923).
Kern est un homme déraciné et dépressif, obsédé par la mort en général et plus particulièrement par le suicide de son ex-femme qui l'avait trompé avec un voleur. Il a trouvé refuge au milieu des montagnes enneigées dans une station de ski suisse. Au détour d'une descente très maladroite, il rencontre Isabelle, une merveilleuse « femme volante «  qui le prend pour un Anglais, à cause de son profil chevalin. Elle lui fait part de son enthousiasme à skier seule la nuit.Il fait aussi connaissance, au bar où il picole pas mal, de Monfiori un étrange personnage plutôt ambigu, attiré par les âmes suicidaires qui lui révèle vouloir être présent quand il appuiera sur la gachette. Kern sort du bar en vitesse, Isabelle a laissé la clé sur sa porte. Kern entre…brrrrt !
La nouvelle est intense, terrible ou drôle selon votre lecture. Plusieurs interprétations sont possibles.


2) La Vénitienne (1924)
Un riche colonel anglais passionné de peinture a invité son ami, Mr Magor, un restaurateur de tableaux, et son épouse, Maureen, dans son château, où résident également son fils, Frank, et l'ami de celui-ci, Simpson, étudiant en théologie à Cambridge. Magor lui a permis d'acquérir “La Vénitienne'', qui aurait été peinte par Sebastiano del Piombo, peintre vénitien de la seconde moitié du XVIe siècle. le jeune Simpson est frappé par la ressemblance entre le portrait de la Vénitienne et Maureen qui le fait tant rougir. Un soir, alors qu'il discute avec Magor, ce dernier lui indique que, si on se concentre bien, il est possible d'entrer dans un tableau…
La nouvelle, datée de 1924, est riche et passionnante. Elle commence par une partie de tennis qui permet de peindre avec une ironie féroce et ludique les cinq personnages. Les quatre rôles qui gravitent autour de l'oeuvre. Les personnages des deux jeunes sont formidables et leurs destins divergent. L'un choisira la vie et l'autre l'art. La nouvelle reprend des motifs fantastiques bien connus en les modifiant : la traversée du miroir et le portrait animé. Simpson « aux yeux doux et fous" traverse le miroir volontairement parce qu'il est mal à l'aise dans la bonne société anglaise, qu'il trouve la vie réelle monotone et la femme réelle totalement inaccessible, parce qu'il a cru aussi reconnaître dans le tableau le petit chemin familier de son enfance. Il est envoûté par le portrait et le discours de Magor, le bien nommé. Il traverse le portrait volontairement dans une joie extatique. Encore faut-il ne pas se perdre et retrouver le chemin de la réalité. Pour Nabokov, l'art n'est pas une tragédie morbide mais un jeu. le récit manipule aussi le lecteur. En même temps qu'on lit l'histoire fantastique on relève quelques indices au passage qui nous font penser à une supercherie, habitués que nous sommes à lire Edgar Poe ou Conan Doyle mais bien évidemment, à la fin, il reste quelques petits mystères et un citron.
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