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Citations sur Poètes en partance (10)

VERS D'EXIL de Paul CLAUDEL

Paul, il nous faut partir pour un départ plus beau!
Pour la dernière fois, acceptant leur étreinte,
J'ai des parents pleurants baisé la face sainte.
Maintenant je suis seul sous un soleil nouveau.

Tant de mer, que le vent lugubre la ravage,
Ou quand tout au long du long jour l'immensité
S'ouvre au navigateur avec solennité,
Traversée, et ces feux qu'on voit sur le rivage,

Tant d'attente et d'ennui, tant d'heures harassées,
L'entrée au matin au port d'or, les hommes nus,
L'odeur des fleurs, le goût des fruits inconnus,
Tant d'étoiles et tant de terres dépassées,

Ici cet autre bout du monde blanc et puis
Rien!- de ce cœur n'ont réfréné l'essor farouche.
Cheval, on t'a en vain mis le mors dans la bouche.
Il faut fuir! Voici l'astre au ciel couleur de buis.

Voici l'heure brûlante et la nuit ennuyeuse!
Voici le Pas, voici l'arrêt et le suspens.
Saisi d'horreur, voici que de nouveau j'entends
L'inexorable appel de la voix merveilleuse.

L'espace qui reste à franchir n'est point la mer.
Nulle route n'est le chemin qu'il me faut suivre;
Rien, retour, ne m'accueille, ou, départ, me délivre.
Ce lendemain n'est pas du jour qui fut hier.
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Le bateau fait sa route entre les îles ; la mer est si calme qu'on dirait qu'elle n'existe pas. Il est onze heures du matin, et l'on ne sait s'il pleut ou non.
[Paul Claudel]
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Le grand pays du bonheur sans mémoire
Se forme enfin sur la route où tu fuis
De l'horizon accourt la grande image
Des cieux nouveaux vont toucher mon visage
Je suis debout.
- Très haut amour - C. Pozzi
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UN SOIR AVEC L'ARBRE

Seul au milieu des seuls et sur un golfe d'or
Imprévu géant noir c'est à toi que j'adresse,
Voyageur de mélancolie et charme que je dis
Les paroles imprévues et noires du soir
Dans le tumulte des nuées
Les découpages de brumes et les trous bleus,
Ö voyageur de méditation et de fatigue :
Ecoute mon coeur de mélèze orné de branchages déchus
De légères touffes d'étoiles, de vent contenu, solitude,
Entends mon souffle droit d'éternelles paroles
Puisque justement pour moi s'est ouverte la trouée d'or
sur les hauts pays de ce soir.

p.109
Pierre Jean Jouve - Mélodrame
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Alphonse Allais

TROP PARLER NUIT

Il répétait souvent : «La reine est un chameau Funeste. » On l’envoya ramer sur la galère Du roi. Jusqu'à sa mort, il ne dit plus un mot.

L'embarquement pour s’y taire.
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Joë Bousquet :
Envoi.

Puisse en l’attente qu’il endure
Mon coeur las de vivre à demi
Mourir d’entendre le murmure
Qui tient ce qu’il aime endormi.

[p127].
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Maurice Blanchard :
Poisson d’or.

Las de regarder les esclaves, je me suis enfui vers les mers chaudes.

J’avais erré dans la montagne, et puis dansé autour des feux de la Saint-Jean et voici qu’une porte d’azur s’ouvrait devant moi telle qu’elle a jailli du volcan primordial, telle que la virent les Titans, telle que la force des choses l’a voulue, audacieusement voulue, audacieusement tracée, et j’ai franchi cette porte les yeux baissés et le doigt sur la bouche comme il convient d’honorer la grandeur.

Deux mondes si différents séparés par le tranchant d’une lame !

Je quittais le pays des crapauds pour la lumière et la purification.

Enfin un ciel propre, enfin un sable blanc et non point blanc de la blancheur des ossements, enfin la mer, la mer et ses joyaux aux couleurs changeantes.

[p116].
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Catherine Pozzi :

Terre rapide aux rives de la route
Terre imprévue en un regard dissoute
Terre entrainée au passé par les vents
Je prends et perds tes arbres, tes vallées
Tes noirs chemins, tes villes constellées
Et tes vivants.

Le grand pays du bonheur sans mémoire
Se forme enfin sur la route où tu fuis
De l’horizon accourt la grande image
Des cieux nouveaux vont toucher mon visage
Je suis debout.
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Franc-Nohain :

Ce sont les gares, les lointaines gares,
Où l’on arrive toujours trop tard.

- Belle-maman, embrassez-moi,
Embrassez-moi encore une fois,
Et empilons-nous comme des anchois
Dans le vieil omnibus bourgeois ! -

Ouf, brouf,
Waterproofs,
Cannes et parapluies,
Je ne sais plus du tout où j’en suis…

Voici venir les hommes d’équipe,
Qui regardent béatement, en fumant leurs pipes.

Le train , le train que j’entends,
Nous n’arriverons jamais à temps,
(Certainement !) -

- Monsieur, on ne peut plus enregistrer vos bagages,
C’est vraiment dommage ! -

La cloche du départ, oui, j’entends la cloche :
Le mécanicien et le chauffeur ont un coeur de roche,
Alors, inutile d’agiter notre mouchoir de poche…

Ainsi les trains s’en vont, rapides et discrets,
Et l’on est très embêté, après.
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Verlaine :

Un fiacre, demain, à huit heures
Du matin, nous emportera
Tous deux bien loin de ces demeures
Devers tous les et caetera

De la vie enfin reconquise,
Bonheur, malheur, et toi toujours !
Car tu m’es la fête promise
Ou le saut aux abîmes sourds.

Cette fois comme les dernières
Tu me jures bien d’en finir
Avec tes mœurs aventurières
Et de ne plus y revenir.

Est-ce encore de la faiblesse
Ou pressentiment de ma part ?
Il me semble que ta promesse
D’aujourd’hui d’un coeur loyal part,

Pourtant tes yeux noirs, ô ma brune,
De leur regard méchant et bon,
Mystérieux comme la lune,
Ne me disent ni oui ni non,

Et le sourire qui te pare,
Parfois semble avoir hésité
Entre une malice barbare
Et la naïve gaieté.

Si tu savais ce que je souffre
Dans ce misérable suspens,
Me balançant des cieux au gouffre,
Du gouffre morne aux cieux flambants,

Des cieux flambants de toutes joies
Au gouffre plein d’ombre et de mal,
Tu pitoierais - et tu pitoies ? -
Ce pauvre vieux dit l’Infernal.

Qu’importe, allons ! Ô toi le maître
Et la maîtresse. Il est demain,
L’heure a sonné, vite au Peut-être
Dont ton caprice est le chemin.
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