Journal 3 de
Fabrice Neaud recouvre la période de décembre 1993 à août 1995, il fait à lui seul plus du double de pages que les journaux 1 et 2 réunis. C'est donc plus de 400 pages bien remplies dans lesquelles Fabrice se livre, toujours avec sincérité et franchise.
Après Stéphane du Journal 1, Fabrice s'accroche ici à Dominique, un hétéro plein de dédain, médisant et suffisant, qui va le détruire un peu plus. Cette obsession le rendra encore plus vulnérable, dépressif, la précarité de la vie d'artiste n'arrangeant pas sa situation.
Ce volume est bien différent des précédents et démontre à quel point les artistes peuvent être égocentriques, à des degrés plus ou moins élevés, Fabrice ne dérogeant pas à la règle. Nous sommes énormément dans l'introspection (autobiographie oblige), mais j'ai découvert ici un Fabrice très centré sur sa propre personne. Il est clair qu'il est incompris, que personne ne se rend réellement compte qu'il est sur le point de toucher le fond, que beaucoup lui tournent le dos. Fabrice est coincé dans une sorte de spirale dont il n'arrive pas à sortir. Il devient maladroit avec son entourage, se focalise sur Dominique, et n'arrive pas à sortir la tête de l'eau. Les agressions homophobes qu'il a subies, les angoisses post-traumatiques et le fait que ses amis ne les prennent pas au sérieux n'arrangent rien non plus. Ce livre est un cri de douleur, l'auteur couche sur le papier tout ce qu'il ne peut/veut dire à haute voix, tout ce qu'il essaie de faire comprendre aux autres sans y parvenir, ses points de vue, ses ressentis, sa solitude.
Par ses coups de crayons toujours aussi déterminés et expansifs, et par son franc-parler, tantôt réfléchi et recherché, tantôt plus cru et désobligeant, on ressent tout ce manque évident d'amour et d'affection, mais aussi sa mélancolie et sa solitude. C'est également plein de haine et de colère.
J'ai un peu moins accroché qu'avec les deux journaux précédents. Ce livre dérange et bouscule quelque peu...