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EAN : 9782413019381
424 pages
Delcourt (27/09/2023)
5/5   3 notes
Résumé :
L'amour, la création, l'homophobie, la précarité, dans la France au tournant du millénaire. Le Dernier Sergent fait suite à Journal et structure "Esthétique des Brutes", le colossal projet autobiographique de l'auteur.
Tandis que Fabrice termine le tome 3 de Journal, une certaine reconnaissance de son travail lui fait rencontrer artistes et intellectuels qui structurent son émancipation politique. Mais n'est-elle pas encore pour certains privilégiés ? Les slo... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Fabrice Neaud poursuit son entreprise d'autobiographie en bande dessinée qu'il place sous le titre général (que je trouve très inspiré) d'Esthétique des Brutes. le premier ensemble de cette Esthétique est constitué des quatre tomes de son Journal, d'abord publiés chez Ego Comme X puis récemment republiés chez Delcourt en trois volumes et couvrant les années 1992-1995. le présent album est le premier tome du nouveau triptyque intitulé le Dernier Sergent, portant sur les années 1998 à 2000. Il commence par une thématique chère à l'auteur, le droit à l'image, puisqu'il ne comprend pas qu'on lui reproche de dessiner des gens, le plus souvent des hommes qui lui plaisent, à leur insu. Il se poursuit par la mort de sa soeur, d'un cancer, et la mort de son père, de la même maladie. ● Mais une part importante de l'album réside dans la vie intérieure de Fabrice, que ce soit ses pensées ou ses émotions, les deux étant bien sûr liées. ● On retrouve ici les traits de caractère déjà vus dans les précédents opus : un manque total de confiance en lui doublé pourtant d'une haute idée de ses capacités, une frustration sexuelle insupportable, une propension à désirer des hommes qui ne peuvent ou ne veulent réciproquer, une prolixité philosophique qui analyse et surinterprète tout, une grande paranoïa… ● Néanmoins, j'ai trouvé cet album quelque peu assagi et mûri. On ne trouve plus les grands plâtras de texte indigestes ni les interminables ratiocinations sur les garçons qu'il n'« aura » jamais, même si l'on voit apparaître un nouvel avatar de l'amant inaccessible en la personne d'Antoine. ● A la fin des années 1990, je me demande pourquoi Fabrice Neaud vit comme un homosexuel des années 1950-60, avec pour seul horizon de drague les abjections du jardin public tandis qu'Internet fait ses débuts et que le minitel existe encore : pourquoi n'y a-t-il pas recours ? ● On voit apparaître aussi dans cet album la théorie du genre, avec des citations de livres, qui ne constituent pas les meilleurs passages. le livre est encore plus traversé que les précédents de citations et de références à la littérature – notamment à Proust – , à l'art, et surtout à la musique – en particulier à Mahler. ● J'ai l'impression qu'il se trompe lorsqu'à la lecture du livre de Marie-France Hirigoyen, le Harcèlement moral, il se classe parmi les agresseurs et les « Narcisse vides ». Je pense qu'il est beaucoup plus agressé qu'agresseur. Mais il y a aussi en lui une bonne dose de masochisme qui le fait se voir pire qu'il n'est. ● Cet album, comme les précédents, est bourré de qualités, à commencer par les dessins, que je ne me lasse pas d'admirer, qui jouent avec le noir et blanc avec une virtuosité stupéfiante ; les vignettes sont de vraies oeuvres d'art sur lesquelles l'oeil s'arrête, ce qui n'est pas souvent le cas dans les albums de bande dessinée d'autres auteurs. La justesse de ses portraits me laisse pantois. Mais tout est somptueux : les décors, les paysages, les silhouettes, tout. La scène de bagarre est admirablement rendue. ● A cet égard on peut noter que Fabrice Neaud utilise plusieurs styles de dessin, du réalisme (terme qu'il récuse et qui, il est vrai, est toujours sujet à caution) au style bd plus courant, en passant par la déstructuration volontaire des dessins réalistes (par exemple avec des visages tremblés, ou incomplets), représentant souvent le mal-être, et par des dessins plus symboliques et abstraits. ● L'autre qualité qui prédomine est la totale honnêteté de l'entreprise autobiographique : à la manière de Rousseau, Fabrice se met à nu devant le lecteur, tout en étant moins cauteleux que son illustre prédécesseur. Il y a une évidente volonté de tout dire, même le moins flatteur. ● « L'entreprise » que « forme » Fabrice Neaud n'eut « jamais d'exemple » et constitue peu à peu une oeuvre capitale. ● Je recommande cet album et toute son oeuvre autobiographique dessinée. A noter qu'on peut très bien lire cet album sans avoir lu les précédents.
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Un regard dans le rétroviseur...

Dans ce bouquin, au titre un peu martial, Fabrice Neaud revient sur son passé, comme il l'avait fait auparavant avec les quatre tomes du Journal.

Si la couverture mystérieuse m'avait emballée, j'ai un peu déchanté en soupesant la BD dans mes mains. Je ne suis pas fan des gros spécimens... Mais je ne regrette pas de l'avoir achetée.

Déjà, on y apprend beaucoup de choses : sur l'homosexualité bien sûr, mais aussi les rapports sociaux, les tyrannies de la distance, de la géographie urbaine... ou encore sur la BD. Tout cela, Neaud nous l'enseigne de manière plus empirique que théorique, en le plaçant de manière ingénieuse dans le récit, avec force d'exemples.

Ensuite, la qualité graphique, tout de blanc et de noir, impressionne. Certes, les dessins à la plume de Fabrice Neaud n'ont pas cette instantanéité, propre à la « BD de papa ». Or, la précision du trait, sa clarté, mais aussi l'abondance des hachures, dégagent une force émotionnelle particulière. A la longue, j'ai eu comme l'impression que les personnages étaient entièrement dessinés avec des poils...

A cet esthétisme, d'une certaine puissance virile, s'ajoute un découpage rigoureux, jusqu'à réfléchir aux césures des doubles-pages... On sent dans ce détail l'intelligence artistique de l'auteur, qui mène aussi une réflexion sur son propre travail.

Les codes du langage graphique de Neaud intégrés, on peut apprécier la profondeur de son récit, d'une certaine honnêteté, avec des moments de justification, de remise en question et aussi d'auto-dérision. Sa liberté de ton fait plaisir.

Sensible, rarement une BD n'a été aussi intimiste. Sans fard (je pense au moment où meurt sa soeur notamment...) elle est même crue par moments (scènes pornographiques).

Néanmoins, Fabrice Neaud a aussi ses coups de gueule... Ses jugements, ses interprétations, sa rudesse verbale peuvent parfois choquer... j'ai eu alors un sentiment de rejet, j'ai pris du recul. Si je ne prenais que ces moments, pas sûr que j'apprécierais cette personne dans la vie réelle...

D'ailleurs, la BD n'offre pas beaucoup de place à l'interprétation : l'auteur objective ses propos constamment... le texte dicte autoritairement le déroulement du récit, celui du réel, de la vie de Neaud, quitte à pointer du doigt quelques incertitudes de sa mémoire. Les graphismes passent presque comme secondaires.

Et pourtant je m'y replonge, je m'y immerge de nouveau.

Les dessins de Neaud ne sont pas que de simples illustrations, ils transcrivent aussi ses émotions, son énergie, ses sensations, ses fantasmes, ses obsessions... Ils prennent une place centrale dans l'explication des moments les plus intenses, les parenthèses heureuses (Antoine...)... ou non (violences homophobes...).

Neaud, personnage (égo)central du récit, paraît alors plus humain. Il n'est ni un modèle ni une figure rassurante, ni même un ami voire un compagnon de voyage. C'est juste quelqu'un qui raconte sa vie, un peu merdique, mais de manière talentueuse et dans ce qu'elle a de plus touchant.

Finalement, Neaud a su retranscrire dans sa BD une forme d'amour. Rarement consommé, il passe par l'intellectualisation, le voyeurisme, l'attente, la frustration, le passage à l'action,...

Et enfin des tergiversations : est-ce un refus...

Ou une invitation ?
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critiques presse (7)
LeDevoir
18 mars 2024
Le dessin, plus soigné, mais également plus sensible, plus évocateur que jamais, croque le quotidien avec une rare acuité, provoquant de vives émotions.
Lire la critique sur le site : LeDevoir
BoDoi
08 novembre 2023
L’exercice autobiographique aura rarement été aussi profond et réussi en bande dessinée. Si ce "Dernier sergent" peut se suffire à lui-même et se lire indépendamment du premier cycle, il prend toutefois une tout autre ampleur après avoir (re)lus les précédents livres qui ouvrent cette mise à nu.
Lire la critique sur le site : BoDoi
LeMonde
31 octobre 2023
D’amples tranches de vie et d’émouvantes pages d’histoire se dessinent sous nos yeux.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Actualitte
17 octobre 2023
Fabrice Neaud un héros de BD qui refuse d'entrer dans les cases et qui ne fait que ça depuis des lustres, pourrait-on paradoxalement écrire.
Lire la critique sur le site : Actualitte
Culturebox
16 octobre 2023
À 54 ans, Fabrice Neaud est toujours un écorché vif, son propos oscille entre cri de rage et sentiment d’abandon.
Lire la critique sur le site : Culturebox
BDGest
10 octobre 2023
Fabrice Neaud n'a rien perdu de son talent. le travail narratif reste époustouflant de clarté, de lisibilité, de lumière. Le propos est toujours limpide et réfléchi. L'artiste se construit telle une éponge.
Lire la critique sur le site : BDGest
Bedeo
05 octobre 2023
Ce nouveau cycle, où l’auteur évoque d’ailleurs ses précédents ouvrages, ne fait que renforcer le style, l’approche graphique d’un auteur culte, qui a voulu parler de lui, mais en le faisant bien.
Lire la critique sur le site : Bedeo

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Vidéo de Fabrice Neaud
L'amour, la création, l'homophobie, la précarité, dans la France au tournant du millénaire. le Dernier Sergent fait suite à Journal et structure "Esthétique des Brutes", le colossal projet autobiographique de l'auteur. Tandis que Fabrice termine le tome 3 de Journal, une certaine reconnaissance de son travail lui fait rencontrer artistes et intellectuels qui structurent son émancipation politique. Mais n'est-elle pas encore pour certains privilégiés ? Les slogans progressistes cosmétiques peuvent-ils augmenter le territoire concret des rencontres entre hommes quand celui-ci a toujours la même surface au sol ?
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