Citations sur La maison de Cicine (21)
Car, vois tu ma sœur, il n'y a pas sur la terre maure un seul mari qui gardera encore sa femme sous son toit si par malheur il apprend qu'elle a encaissé un phallus autre que le sien. Il n'y a pas non plus un seul homme qui demandera la main d'une jeune fille ayant subi le même sort!... Nos hommes, ma sœur, sont ainsi semblables, sauf ...(D'un doigt, elle indiqua son bas-ventre.) Celui-ci, ils ne le partagent jamais avec personne...!
Un dragueur authentique poursuit toujours sa quête jusqu'au bout, même si, pendant un temps plus ou moins long, il n'en récolte que mutisme et rebuffade. Enfin, un dragueur authentique doit faire preuve de patience, de persévérance et de ténacité ; il doit aussi avoir de l'espoir, beaucoup d'espoir. Et, comme le fruit tombe toujours au vent qui le secoue, la proie finit en général par se rendre à son prédateur.
À la ville nouvelle, les choses se passent différemment : la poursuite à pied y est mal vue, très mal vue : une incongruité et aussi une preuve de pauvreté indéniable. Dans cette partie de la ville, la drague nécessite un accessoire de taille : la voiture, une berline ou une grosse cylindrée, flambant neuve de préférence.
Affalé dans son siège, une main tenant le volant, l'autre nonchalamment pendue à travers la fenêtre, l'air décontracté et relax, le dragueur roule le long d'un boulevard bien animé, rasant lentement le trottoir comme un taxi en quête de clients. Ce faisant , il garde un œil sur les promeneuses se déhanchant devant lui, jaugeant chacune d'un coup d'œil connaisseur.
L'fkih, à la cinquantaine bien entamée, était un homme trapu et solide ; le teint grillé des gens des plaines arides de l'arrière-pays, les traits épais, les yeux grands et avides et le regard insistant lui donnaient l'air d'un fauve en rut.
Il jura de nouveau, jura encore, par tous les saints du pays, par la tête de son père, par celle de sa mère...
Et Tamari ne simulait pas ; il était réellement un homme fatigué, fatigué de la vie et de ses peines, fatigué du monde, fatigué de lui même, fatigué de tout.
Aussi renonçaient-ils peu à peu à leur idée, comme on renonce, résigné et impuissant, à un rêve qui s'avère impossible à réaliser. Bientôt, ils n'en parlaient plus.
Ces hommes et ces femmes avaient tous échoué là avec l'idée que ça serait provisoire, une sorte d'escale sur le chemin épineux et glissant de la vie, un arrêt forcé.
Louriki se frotta les mains, les yeux étincelants, les dents luisantes du loup alléché.