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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Il y a certains livres dont je repousse régulièrement la lecture... et ce sont régulièrement des essais. On m'a souvent conseillé la lecture de "Libres enfants de Summerhill", notamment pendant ma formation d'éducateur spécialisé. Je crois que finalement cette lecture est arrivée au bon moment, celui où une autre expérience professionnelle indispensable pour moi à cette lecture m'était survenue... celle de parent d'un petit bonhomme de 4 ans !

Ma lecture aurait été tout autre il y a 5 ans je pense. En tant qu'éducateur, je ne peux que saluer la plupart des idées évoquées par l'auteur et encore plus à l'époque où elles ont été énoncées, soit les années 60 pour l'édition originale. Éloge de la liberté pour l'éducation des enfants tant qu'elle ne les mets pas en danger ou ne vient pas heurter trop fort celle des autres, condamnation des châtiments corporels, condamnation de la morale religieuse... et la plupart du temps de la morale tout court qui ne cherche qu'à culpabiliser les enfants, remise en cause de l'enseignement classique qui privilégie l'histoire, les mathématiques ou les langues vivantes plutôt que les matières pratiques qui permettent d'aider à la vie concrète... Tout cela semble tomber sous le coup de la logique quand on réfléchit à tous ces enfants qui sont mis à l'écart du système scolaire traditionnel, qui sont considérés comme des délinquants en puissance en fonction de quelques mots peu châtiés... et qui s'empressent du coup de donner raison aux étiquettes qu'on leur colle. L'amour inconditionnel comme remède principal pour ces écorchés vifs peut sonner baba cool soixante-huitard mais me semble pourtant être tellement utile dans sa bienveillance si simple mais j'en suis sûr si efficace.

Je sens l'inquiétude poindre en vous... En devenant parent, serais-je devenu un apôtre de la fessée et de l'éducation rigoriste et sévère ? Bien sûr que non... mais comme l'auteur le reconnait lui-même, cette liberté idéale vient se heurter à la société toute entière et son modèle quand l'enfant est élevé en son sein. Summerhill est une oasis où certains parents choisissent de faire grandir leurs enfants dans la liberté... mais en les y abandonnant finalement à d'autres, ce qui me paraitrait inconcevable avec mon fils ! Alors je m'efforce d'appliquer la plupart des préceptes énoncés, avec sans doute moins d'"extrémisme" que ne le prône Neill, lui qui a eu la chance de pouvoir vivre avec sa fille dans l'oasis qu'il avait lui-même créé !

Ce qui est rassurant c'est que l'auteur ne manque pas d'incohérences (qu'il pointe parfois lui-même d'ailleurs) quand ses grands principes viennent se heurter avec sa propre réalité.... prônant l'acceptation totale du bruit des enfants... sauf quand cela vient trop lui casser la tête ! Tout est réglé dans les assemblées collectives du samedi où la position du directeur ne gagne pas toujours ! Alors je fais avec mes propres compromissions, reprenant parfois le bonhomme sur quelques noms d'oiseaux, le frustrant de sa liberté et le grondant quand l'urgence des horaires du matin ne me permet pas de lui laisser toute latitude sur les activités souhaitées... je suis devenu parent en somme, bien heureux de ne pas me reconnaitre dans les portraits de parent anti-vie que dresse l'auteur... mais suis-je vraiment objectif ?

On ne peut passer sous silence certaines pensées un peu datées, sur l'homosexualité ou l'avortement, plutôt avant gardistes pour l'époque dans son non jugement et son ouverture, mais assez légers sur l'analyse. L'auteur reconnait dans ses premiers mots que "en matière de psychologie, nous ne sommes pas très avancés". Je confirme, il y a eu du progrès depuis. Même concernant l'image des femmes, ses idées sont plutôt en avance... mais ses observations restent engoncés dans des stéréotypes de genre (les activités que les filles aiment à Summerhill, leur tendance à se venger sur les gens alors que les garçons se vengent sur les objets, le fait qu'il faut que les femmes aient un travail... qu'elles pourront retrouver après avoir élevé les enfants)... On ne peut demander à un auteur d'être visionnaire et en avance partout !

L'ensemble m'a aussi plu par son côté iconoclaste, anti-religieux du fait de la morale liberticide, anti-capitaliste par sa volonté de ne pas faire dépendre le bonheur du seul bien possédé, anti-communiste par le pressentiment que l'idéologie ne pouvait pas mener les masses collectivement au bonheur suprême, anti-violence et anti-guerre, anti-anarchie par respect des autres humains.

L'école de Summerhill existe encore aujourd'hui et a survécu à son créateur puisqu'elle est aujourd'hui dirigée... par sa fille. Au delà de certaines limites qu'on pourrait pointer, je pense que notre système de protection de l'enfance n'aurait qu'à se féliciter que les foyers que je connais bien par ma profession ressemblent beaucoup plus à Summerhill qu'aux lieux de "moins pires" qu'elles sont actuellement... pour les meilleurs d'entre eux...
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Ce livre que j'ai lu alors que j'étais très jeune m'avait à l'époque séduite. Par la suite j'ai rencontré une jeune américaine qui avait fréquenté une école Montessori, elle avait une approche de l'éducation très différente des standards classiques qui me semblait intéressante, bien qu'à mon sens, ne pouvant être qu'expérimentale ou réservée à des enfants en difficulté. D'ailleurs, pour mes fils, j'ai fait le choix d'une école dont les méthodes d'enseignement étaient à l'opposé de celles mises au point par la pédagogue et médecin Maria Montessori, celles de la préceptrice d'origine alsacienne Rose Hattemer, ce qui leur a plutôt bien réussi.

Sans vouloir privilégier une méthode plus qu'une autre, je pense que la plus efficace est sans aucun doute celle qui apprend aux enfants à réfléchir.
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La première fois que j'ai lu ce livre, j'avais 14 ans, il nous était recommandé par notre professeur de français de seconde, suite à un cours un peu agité... Je l'ai lu, et relu, tellement je me demandais comment intégrer Summerhill ! Pour vous dire que l'affaire est bien vendue. Mieux, quelques années après, je me suis dit que c'était le genre d'école que je chercherais pour mes enfants (enfants que je n'avais pas encore !). Au moment de chercher une école élémentaire, j'ai relu le livre (ça marque un livre à 14 ans !), et nous avons eu la chance de confier nos enfants à une très bonne école d'application où la disposition des classes n'était pas classique, où l'on dessinait au musée... bon, pour le secondaire... tout faux ! Quand vais-je oser confier ce livre à mes enfants ?! A découvrir, qu'on adhère ou pas, car on parle d'une école fondée en 1921, du très novateur !
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Dans ce livre, A.S.Neill, psychanalyste et éducateur, présente les principes et le fonctionnement de l'école qu'il a fondée. Summerhill est une école autogérée basée sur la liberté. Les enfants sont libres d'assister ou non aux classes et participent à la gestion de l'école via les décisions prises lors des assemblées générales hebdomadaires. A.S.Neill prône la liberté pour les enfants : la liberté de jouer, de s'intéresser à ce qu'ils veulent, de faire du bruit,...etc. Mais attention : la liberté ne signifie pas l'anarchie! Cela ne veut pas dire que les enfants ont tous les droits, mais plutôt que les enfants et les adultes ont des droits égaux. Au-delà de la question de l'école, un livre très intéressant qui aide à réfléchir sur l'éducation que nous donnons à nos enfants et sur la place laissée à l'enfance dans notre société. Voulons-nous des enfants obéissants, conformes à nos attentes et notre volonté, ou bien des enfants libres et heureux? Je me fais régulièrement la réflexion que nous avons souvent avec les enfants un comportement que nous n'aurions jamais avec un adulte. Vous vous permettriez d'aller gronder un homme de 40 ans parce qu'il n'a pas dit bonjour à la boulangère? Vous oseriez dire à votre conjoint : "J'ai dit qu'on rentrait à la maison maintenant, alors on y va maintenant! Et tu ne discutes pas!" ? Pourquoi les enfants n'auraient-ils pas droit d'être respectés et écoutés tout comme les adultes? Pourquoi devrions-nous tout décider à leur place et exiger qu'ils nous obéissent aveuglément?
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J'avais toujours placé ce bouquin comme une légende, vantant à qui voulait l'entendre que ça devait forcément être chicos bicause y'avait le mot "libre" associés aux gosses. J'savais que le livre datait un peu alors j'avais du mal à comprendre comment on pouvait entreprendre d'ouvrir une école où les enfants semblaient pouvoir agir à leur guise.

Il est jamais trop tard pour prendre du retard dans sa pile de livres à lire et se taper un bouquin qui nous fait envie depuis qu'on est en âge de se tripoter sur nos premières notions d'anarchisme, de liberté, de Proudhon, mon cul et tutti cuanti (parce que ça a de la gueule, avoue).

En ce qui concerne la pédagogie utilisée et la réponse aux "problèmes" que les enfants rencontrent dans son école, Neill s'en sort vraiment bien (ah ouais j'avais zappé, on est d'accord que c'est mon avis, qu'il est discutable, que je suis pas fixé sur une idée, que je suis en perpétuelle évolution jusqu'à ce que je clamse et que donc ça reste mon avis et que je ne veux en aucun cas donner de leçons de morale aux éducateurs, parents-professeurs-prêtres tendancieux, etc. kodak ?).

Deal.

Donc en ce qui concerne la pédagogie de Neill, je trouve ses réflexions vraiment intelligentes, basées sur le laisser faire de l'enfant qui se développera tôt ou tard au sens où lui l'enfant l'entend et non pas au sens où la société l'exige (avec ses névroses, ses phobies et tout l'bordel - je peux pas placer tutti fruti à toubou de champs tu sais ?).

J'ai pourtant commencé à grincer des dents en ce qui concerne la sexualisation des comportements. Ils rassemblent souvent les enfants étudiés dans des cases filles/garçons. Ce qui pour moi est assez contraire aux idées qu'il défend, ne laissant pas ou peu de place aux comportements unisexes et je suis pas certain que le sexe définisse ta façon d'agir en société.

Neill est un contemporain de Freud et sérieusement, une fois le bouquin fermé on a l'impression qu'il lui lèche la pomme sévère. Ça a le don de m'énerver, même si Freud a beaucoup fait pour la psycho, il n'en résulte pas moins d'être un putain de misogyne et sa tendance à tout comparer au cul est certes un point de vue subjectif mais de là à le considérer comme étant un exemple exemplaire. Nique.

Puis vient la question de l'homosexualité. Bien que Neill condamne l'homophobie, les représailles physiques, verbales ou financières concernant l'homosexualité il considère néanmoins celle-ci comme étant une maladie. Pour lui les comportements homosexuels sont naturels mais pas l'homosexualité. Pour Neill, c'est le résultat d'une perversion. Grmbl.

Je sais que ce bouquin a été écrit dans les années 60 et qu'il faut tenir compte du contexte. Mais merde, Libres enfants de Summerhill est cité comme référence par beaucoup de libres penseurs et d'éducateurs.

Ça m'amène juste une fois de plus à me rendre compte qu'en grattant un peu il y a toujours des paradoxes entre ce que les gens disent et ce qu'ils pensent réellement. À te dégouter d'avancer avec des modèles.

Doutez toujours de tout. J'vous jure. Même de vous.

Tout ça pour dire que j'ai beaucoup appris. J'en sais rien si je serai futur parent ou quoi mais ce livre m'a fait autant de bien que de mal. Je suis content de l'avoir lu et décide donc de prendre ce qui m'a plu et de faire un déni du reste.

J'sais pas si vous êtes nombreux à l'avoir lu mais si tu veux en causer minou je t'ouvre carrément mes commentaires en dessous de la critique parce que je suis och pour savoir ce que t'en penses !

Salute !

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