Ecrire ne soulage pas, mais se relire permet de se distancer
Comme toujours, on pleure de s'imaginer mourir, et de constater la tristesse de ses proches. Et surtout, cela de ses enfants. Une mère qui meurt, c'est une souffrance sans pareille: jamais ses enfants ne seront aimés par quelqu'un d'autre avec la même intensité. C'est ce qui rend la disparition d'une mère insupportable à elle-même.
Je ne peux tolérer que mes enfants soient moins aimés après ma mort.
Je déteste que mes livres ne me survivent pas.
Nous courons tous après l'amour.
- L'éditeur court après l'amour de l'auteur ( et de son directeur commercial).
- l'auteur court après l'amour du public.
- Le public court après l'amour de l'artiste;
- L'artiste court après l'amour de sa mère.
- La mère court après l'amour de l'enfant.
- L'enfant court après l'amour de son père.
Le père court après l'amour de son propre père. Etc.
Cercle atavique.
Je suis l'Auteur,je suis Elisabeth, je suiss Lee, qui suis-je?
Elisabeth comprenait enfin Forrest Gump: il est grisant de ne plus sentir le corps trimer, la machine est simplement lancée et performante, le cerveau carbure et franchit les obstacles sans y penser, angoisses et ennuis sont aplanis. Puisqu'on court!
En une huitaine, victoire triomphante et sur toute la ligne: capable de courir sans s'arrêter pendant une heure, d'y ajouter trente minutes d'ados et de gainage; le corps est une jolie machine à huiler et entretenir.
Tania faisait partie de ces êtres que l'on brûle de suivre, parce qu'ils vous guettent, vous aiment et vous embarquent, soulignent sans gêne ce qui chagrine votre vie, proposent des alternatives, réfléchissent, brutalisent.
En un mot:elle vivifiait les existences les plus plates.
Les auteurs sont des vampires, c'est de notoriété publique! Ils aspirent l'intimité de ceux qui les entourent.
Sa vie était un grand livre dont elle attendait beaucoup, avec des pages écrites et d'autres blanches; les chapitres à esquisser n'étant pas nécessairement encombrés de ceux qui les précédaient.
Elisabeth ne se souvenait pas de grand-chose de ses rêves. Il paraît que notre sommeil est peuplé d'images, de sons, de saynètes, provenant directement de la journée que nous avons vécue. Le cerveau, un millièmes de seconde avant que le corps se réveille, rassemblerait toute cette matière informe pour construire une histoire que le conscient estime cohérente.