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Critique de larmordbm


Quel curieux livre que ces argonautes ! Il s'agit d'un essai auto-fictionnel, composé de courts paragraphes s'enchaînant les uns aux autres, sans répit, sans chapitre. La construction, ou plutôt déconstruction du livre, nous déroute dans sa première partie, mais très vite nous sommes happés, enveloppés par cette mélopée qui nous invite à partager la traversée de passagers hors-normes.
Maggie Nelson entremêle deux registres pour raconter et analyser la naissance d'une famille, la sienne, composée de deux femmes, dont l'une, qui a déjà un enfant, suit un traitement pour devenir un homme, et dont l'autre, Maggie, attend un enfant avec son futur compagnon, après de nombreuses tentatives infructueuses.
Le premier registre, le plus aride parfois, est celui de l'essai théorique, où nous croisons notamment Deleuze, Foucault, Barthes, ainsi que de nombreux féministes et penseurs, souvent américains, qui ont écrit sur le genre, et la pensée Queer, comme Butler, Sontag ou P.B.Preciado. le psychanalyste anglais Winicott, et son concept de mère suffisament bonne est également présent pour nous parler de la relation entre la mère et l'enfant.
Dans la deuxième partie, les références théoriques s'estompent, ou peut-être y sommes nous moins sensibles, pour laisser place à cette émouvante histoire d'amour entre deux corps en cours de transformation, celui de Harry, anciennement Harriet, née sous un autre prénom car elle a été adoptée, qui entreprend sa transition grâce à un traitement hormonal, et celui de Maggie, qui nous fait partager, de l'intérieur, sa grossesse et son accouchement. Maggie la poétesse, avec toute son humanité et avec ses tripes, nous offre un récit cru, à vif, solaire et bouleversant sur la maternité, le couple, la relation à l'autre, l'identité.
Elle nous interroge sur la vie, la création d'une vie -à l'heure des Pro-life aux USA et ailleurs-, mais aussi sur la mort, son accompagnement, et les soins à accorder aux autres.
Brillante, un peu dérangeante, Maggie Nelson dont j'avais déjà beaucoup aimé Une partie rouge où elle se penchait sur le meurtre de sa tante, est une écrivaine originale qui nous émeut par son authenticité.
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