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Critique de Macabea


Dans J'avoue que j'ai vécu, le poète Pablo Neruda avoue avoir commis un viol sur la personne d'une pauvre femme tamoul, de la caste des parias, qui chaque jour venait pour lui vider les latrines.
"Un matin, décidé à tout, je l'attrapai avec force par le poignet et la regardait droit dans les yeux. Je ne disposais d'aucune langue pour lui parler. Elle se laissa entraîner sans un sourire et fut bientôt nue dans mon lit. Notre rencontre fut celle d'un homme et d'une statue . Elle resta tout le temps les yeux ouverts, impassible. Elle avait raison de me mépriser."

Cet "aveu" ternit certainement un peu l'éclat du grand poète socialiste solidaire de la lutte des peuples et des malheurs de l'humanité. Et aussi le déroutant silence - qui en dit long - sur le destin de son unique fille, Malva Marina, atteinte d'hydrocéphalie, née à Madrid en 1934, de son mariage avec Marika Hagenaar.

En 2019, l'écrivaine néerlandaise Hagar Peeters a choisi de donner voix, dans un roman, En het vergeten zo lang (Es tan largo el olvido), à Malva, cette fille oubliée, délaissée de son père.

Dans une lettre à son amie Sara Ternú, Neruda s'appitoie sur son propre sort. Il lui décrit sa fille comme un "être parfaitement ridicule, une sorte de point-virgule [en raison de la disproportion de la tête provoquée par l'hydrocéphalie] une vampiresse de trois kilos".

En 2004, le chilien Antonio Reynaldos a fait des recherches et s'est entretenu avec des témoins, dont le frère adoptif de la petite, qui lui a permis de découvrir dans un vieux cimetière de Gouda dans les Pays-Bas, la tombe de Malva Marina, décédée à l'âge de huit ans. Ses photos, publiées pour la première fois, nous troublent par leur confondante ressemblance au poète. L'enquête de Reynaldos nous apprend aussi les vicissitudes de sa mère, Maryka, pour subvenir aux besoins de sa fille et aux soins que requérait sa grave maladie. Sans ressources et sans soutiens, elle finit par devoir la confier à la charité d'une famille d'adoption, la famille Julsing, qui s'est occupée de l'enfant jusqu'à sa mort. le "grand homme", "l'immense poète" n'avait rien à foutre.


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