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Citations sur La Messe de Saint Venceslas, Conte de Mala Strana (24)

Fort estimé de nous était aussi le chantre au premier pupitre. Parmi les musiciens nous avions le plus de sympathies pour Charlot, fils aîné du sacristain, que l’on n’appelait que dans les grandes occasions pour seconder le timbalier. Quand il se mettait en position, les baguettes en l’air et que M. Rajko, épicier de la grande place, embouchait la trompette, nos cœurs battaient toujours d’une sainte émotion, car nous savions le moment le plus solennel de la messe arrivé. Le maître de chapelle, toujours grave et sévère, dominait de sa petite estrade ce monde de musiciens, chantres et enfants de la maîtrise, de tous obéi à l’œil. Avant le commencement, il donnait à chacun quelque conseil. Puis quand les derniers préparatifs étaient pris et que chacun avait sa feuille de musique, on se rangeait autour des pupitres, attendant un coup de sonnette d’en bas, signal pour les préludes. Le maître de chapelle jette alors un dernier coup d’œil autour pour s’assurer que chacun se trouve à sa place, attentif à son signe, et lève majestueusement le bâton.
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Ils étaient sans doute très, très vieux ces géants-là dont la noire splendeur excitait toujours mon admiration. Les fermoirs en étaient bien usés et, chose bizarre, pour tourner les feuilles ébarbées aux coins, il y avait une espèce de cheville en bois. Ce qui m’attirait le plus, c’étaient les enluminures très belles et qui gardaient leur ancienne magnificence de coloris. Sur les pages s’étalaient d’anciens caractères de musique, points carrés, rouges et noirs, si gros que l’on pouvait les distinguer des gradins supérieurs de la tribune. Manier ces livres n’était pas chose aisée. Je me rappelai que, quand il fallait changer un de ces colosses de place, on s’adressait toujours pour cette besogne à M. Vacek, un chantre encore jeune et très robuste dont la voix grave et sonore nous inspirait beaucoup de respect. Les ténors nous imposaient, en général, bien moins que les basses.
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La galerie supérieure m’attirait toujours plus que le reste. J’y étais si bien les jours de grandes fêtes. Toutefois ne pouvait y rester qui voulait. Il fallait avoir la permission du maître de chapelle et ce n’était pas facile à obtenir. Maintenant je pus m’installer où je voulais. Je m’assis en bas de la rangée de gradins courant autour du buffet d’orgues jusqu’à l’étage le plus élevé. Devant moi étaient les timbales. J’en connaissais la sonorité. Comment résister à la tentation d’en toucher une, celle qui était le plus près. Je la touchai très doucement, pas plus que comme pour enlever un grain de poussière Elle ne donna aucun son. J’appuyai alors un peu plus fort. Cette fois il en sortit un son profond, assourdi. Je ne poussai pas le jeu plus loin par respect du lieu où je me trouvais. Mon regard errant autour, sur des objets bien connus, s’arrêta un instant sur les pupitres sur lesquels reposaient d’énormes psautiers.
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Je me trouvais donc séparé du dehors, abandonné à moi-même. Une tristesse indéfinissable m’envahit. Je remis mes livres dans ma sacoche et je regardai devant moi, dans le chœur plongé en demi-obscurité. De ci de là je discernai des objets bien connus. Les hauts piliers et les autels latéraux paraissaient couverts de draperies violettes comme pendant la semaine de Pâques. Pour mieux voir, je me penchai sur le rebord de la balustrade. J’aperçus à droite, près de l’oratoire royal, une faible lueur. C’était la lampe éternelle du mineur en pierre suspendu à mi-corps dans le vide. À cette clarté pâle et vacillante, je distinguai à quelques mètres autour le carrelage en losange, et les bancs d’un superbe brun foncé. L’autel le plus rapproché reluisait de dorures. Plus loin se dessinait dans les ténèbres la lourde masse du monument de saint Jean. Mon regard retomba sur la figure du mineur dont la bouche se tordait, me semblait-il, dans un spasme diabolique. La peur de tout à l’heure me reprit. Fermant les yeux, je me mis à prier. Une minute après, me sentant plus fort, je regardai de nouveau. La lampe du mineur répandait toujours sa pâle lueur, mais la figure du mineur ne m’inspirait plus peur comme l’instant d’avant. Je frissonnais tout de même ; mais c’était de faim. L’heure était avancée, et je n’avais rien à me mettre sous la dent. Eh quoi ! — je jeûnerai. Ce sera comme une préparation pour la messe de minuit. Pour me dégourdir les jambes, je me mis à marcher. M’étant aperçu que la porte derrière le petit orgue n’était pas fermée, l’idée me vint de monter à la tribune supérieure. J’allais monter, mais, Dieu de miséricorde, la marche craqua sinistrement sous mon pas. Je retins mon haleine, n’osant pas avancer. Ce ne fut qu’au bout d’un instant, quand je fus bien sûr que rien ne bougeait, que je repris courage et montai, faisant bien attention.
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J’étais dans un grand embarras, ne sachant que faire, quand j’entendis du côté du doyenné les pas d’un passant attardé qui mirent mes amis en fuite. J’attendis avec anxiété quelques moments. Peu après que le bruit des pas se fut éloigné, mes camarades revinrent et recommencèrent le jeu. Soudain, j’entendis frapper un coup à la fenêtre. Je ne respirais pas. Encore c’était Pierre qui jetait du sable pour que je réponde. S’ils continuent ces imprudences, ils finiront par attirer l’attention de quelqu’un du voisinage et je serai découvert. Je tremblais. Une forte voix d’homme se fit entendre au dehors. Mes amis n’attendirent pas davantage. Ils partirent. Reviendront-ils ? J’attendis quelques instants, mais rien ne bougea plus, ils ne retournèrent pas. C’était fini.
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Soudain, j’entendis dehors des pas pressés s’arrêter au-dessous de la tribune d’orgues. Un long sifflement traversa l’air. Que signifie ? Un signal ? Ce furent mes camarades. Je reconnus la voix de Pierre, qui s’était attiré dans la matinée une verte semonce de M. le curé pour avoir renversé les burettes à l’office. Maintenant, c’est Jacques qui m’appelle. Je ne savais comment faire pour répondre, pour leur faire savoir que je les entendais. Ils se disputèrent entre eux, mais je ne pus deviner ce qu’ils avaient. Tout à coup, Pierre cria :
— Jean, es-tu là ?
— Réponds ! ajouta Paul, il n’y a personne ici.
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Malgré ces raisonnements il me restait sur l’âme toujours une vague incertitude que je ne parvenais pas à chasser. Pour vaincre ce sentiment, je m’appliquai à penser à la messe de minuit. Je priais pour que saint Venceslas m’accordât la grâce d’y officier comme enfant de chœur. Je promettais de faire bien attention que la sonnette ne tintât pas une seule fois de trop et de faire aucune faute aux répons. J’étais tiré de ma prière par l’horloge qui sonnait cinq coups. Cinq heures. Ce sera long, bien long encore. Ne pourrais-je pas essayer de récapituler les leçons Je me rappelai que j’avais dans ma sacoche quelques cahiers et livres de classe. J’en sortis un et j’essayai de lire. Je n’allai pas loin. Je dus fermer le livre, ne pouvant pas distinguer les lettres.
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À un moment je fus tiré de mes pensées par le bruit lointain d’un véhicule qui approchait. J’entendis les roues grincer et les chevaux frapper le sol des sabots. Les vitres commencèrent à tinter et je distinguai un cri étouffé d’oiseau abrité sous le faîtage. Quelle joie ! Quel bonheur que cette manifestation de vie ! Pourtant je n’avais pas peur. Qu’aurais-je d’ailleurs pu craindre ? A-t-on jamais vu des spectres à l’église ! Eh bien ! quoi !
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Une fois, deux personnes passèrent, qui se parlaient à haute voix. Je tendis l’oreille, mais en vain. Je ne compris rien.
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C’était à la fin de novembre. La lumière filtrait faiblement à travers les vitraux. Le morne silence où le quartier de Saint-Guy est plongé, même en plein jour, n’était rompu que très rarement par les pas pressés de quelque habitant se hâtant de rentrer.
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