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Critique de Trollibi


« Les jours glissent à petits pas vers la fin, et ne font rien d'autre que nous rapprocher de la mort. » (p.570)

Drogue, trahison, vengeance, soif de pouvoir, corruption... Une ville sombre, manipulée par des personnages tantôt avides de pouvoir, tantôt armés de bonnes intentions mais qui se laissent entrainer dans le tourbillon de la noirceur. Et de l'espoir, l'espoir de voir changer les choses et les hommes pour que la ville puisse connaitre un renouveau. Mais peut-on réellement changer ?

En entamant la lecture de Macbeth de Jo Nesbo, je ne connaissais ni l'auteur, ni la célèbre tragédie de Shakespeare que ce roman réactualise. Honte à moi... Et, comme j'aime bien comprendre ce que je lis, j'ai donc commencé par me documenter sur la tragédie originelle. le faire m'a permis de me rendre compte (sans attendre la note en bas de la page 569...) que Jo Nesbo avait inséré, avec beaucoup de finesse, des citations de la tragédie dont il s'inspire. Je me suis plu à retisser les liens entre les personnages, à voir comment ils allaient évoluer jusqu'au dénouement final.

Ce qui fait tout l'intérêt de ce roman, c'est que l'on peut le lire sans faire la démarche que j'ai faite... Pas besoin de connaître le Macbeth de Shakespeare pour apprécier le Macbeth de Nesbo. Il contient en lui-même tous les ingrédients qui en font un grand roman.

Le suspense d'une part, "Un page-turner délicieusement oppressant", selon le Guardian. Et en effet, c'est un pavé de 617 pages mais, dès les premières lignes, on se sent plongé au coeur de l'action et on avale les pages sans même sans rendre compte. Comment dénouer les fils tissés par les marionnettistes de l'histoire ? Qui manipule qui ? Et qui sont ces personnages, construits par petites touches, qui n'ont pas de prénoms et que l'ont nomme uniquement par leur nom de famille ? La tension est permanente, on reconstruit un puzzle, on voit les pions avancer, reculer, être éliminés ou revenir dans le jeu. le style de Jo Nesbo est fluide, rythmé et incisif. Un réel plaisir !

D'autre part, la plus grande qualité de ce roman, à mon sens, est qu'il est transposable. Un cadre temporel évoqué par quelques allusions : après la guerre, après Roosevelt, 25 ans après que les Américains aient lancés la bombe atomique... Les années 70 donc... Crise économique, chômage, pauvreté, crime, drogue, jeux de pouvoir et jeux d'argent... une époque bien sombre mais est-elle si différente de notre époque contemporaine ? Un cadre spatial volontairement vague : une ville, comme tant d'autres, peu éloignée de Capitol, la capitale. Une ville que l'on ne peut situer sur aucune carte mais qui n'est pas loin de la mer, dans un monde connu entre l'Amérique et la Russie, dans un pays où il peut faire froid. Une ville que l'on pourrait situer n'importe où... J'apprécie beaucoup ce genre de roman, transposable en tout lieu, en tout temps et dont les thèmes sont intemporels. Même si ce sont des sujets bien sombres qui y sont traités...

Je remercie vraiment Babelio et les éditions Gallimard de m'avoir offert l'opportunité de découvrir Macbeth de Jo Nesbo, j'ai dévoré cette tragédie réactualisée et intemporelle, où se mêle noirceur et espoir et qui nous rappelle que la lutte pour une société juste et démocratique face à la corruption et à la dictature est une lutte perpétuelle... Malheureusement...

"Nous autres humains, nous avons la capacité de changer et de devenir meilleurs (...) de petits pas, de petits pas. (...) On devient meilleurs, mais on ne devient pas des saints du jour au lendemain, tu sais." (p.615)
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