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Critique de Mioon


Mioon
17 février 2024
Apryl est une jeune américaine qui vient d'hériter de l'appartement londonien de sa grande tante. Seth est un artiste raté qui gagne sa vie en étant veilleur de nuit. Leur point commun : Barrington House, un immeuble huppé de Londres, dans lequel se trouve l'appartement 16 où nul ne doit entrer, même si tous entendent les bruits qui s'en échappent...

Appartement 16, c'est le bouquin que j'aurais voulu adorer, mais qui m'a en partie déçue. J'ai découvert Adam Nevill avec le Rituel, et même si la fin ne m'avait pas emballée, j'avais beaucoup aimé l'ambiance, les descriptions, les idées... bref, je n'avais qu'une hâte, c'était de découvrir un autre de ses livres, et j'ai donc jeté mon dévolu sur Appartement 16 malgré sa note faible et ses nombreux commentaires négatifs.

Sur la forme, j'avais adoré le rythme lent du Rituel parce qu'il collait parfaitement à l'histoire et dressait une superbe ambiance, mais ici j'ai trouvé que ce rythme lent n'était pas réellement justifié, qu'il en devenait même balourd tant l'ambiance ne fait que s'étioler au fil des pages. Les idées sont pourtant bonnes même si classiques, certaines scènes font froid dans le dos, mais le tout est tellement dilué dans des centaines de pages que je n'ai pu empêcher l'ennui de me gagner.

Au niveau de l'histoire, elle est assez classique, le motif de l'artiste torturé n'est pas nouveau, mais j'ai adoré ce que ce livre propose. J'ai vu beaucoup de gens en commentaires dire qu'il aurait fallu supprimer les chapitres de Seth pour ne laisser que ceux de Apryl, mais je trouve au contraire que Seth est nettement plus intéressant. Apryl est l'archétype de la godiche qui débarque dans un pays inconnu, privée de repère, et qui va courir dans tous les sens pour espérer trouver des réponses à ses questions. Ce cliché ne me gêne pas, mais j'ai trouvé tout ce qui la concerne terriblement inintéressant, en grande partie parce que l'auteur délaye et délaye encore (sa relation avec Miles, la rencontre avec les Amis de Hessen, tout ce qu'elle fait à Londres...). le seul truc intéressant avec elle, ce sont les journaux intimes de sa tante, et l'enquête qu'elle mène avec les voisins.

Concernant Seth, le personnage de l'artiste raté et maudit, totalement paumé, n'est pas nouveau non plus, mais l'ombre de Félix Hessen qui plane sur lui m'a énormément plu. La description des tableaux m'a directement évoqué de grands noms de la peinture, comme Francis Bacon en tête, Zdzisław Beksiński, Fransisco Goya, Hieronymus Bosch, Chris Mars, Otto Dix et tant d'autres artistes attachés à un surréalisme reconnaissable au premier coup d'oeil. La simple évocation de ces peintres et de leurs styles torturés rappellent également ces oeuvres cinématographiques à part (comme L'Echelle de Jacob ou Hellraiser pour ne citer que ces deux-là), et convoquent des jeux vidéos comme Silent Hill dans cette même lignée.

Mais voilà, si l'idée était excellente, elle est malheureusement mal utilisée : Hessen et son fascisme sont un peu clichés, Seth aussi, et tout ce qui lui arrive manque de clarté. L'auteur a voulu brouiller les sens de son personnage, mais il a oublié d'être plus clair avec ses lecteurs, ne serait-ce qu'en posant une barrière plus claire entre tangible et intangible (je pense notamment au garçon avec sa veste à capuche).

Au final, il en ressort un bouquin qui avait de très bonnes idées, mais qui est trop long, trop brouillon, trop fouillis. Sans oublier sa fin rapidement expédiée et ridicule. A la lecture, j'ai eu l'impression de lire un premier jet, et pas un livre ayant bénéficié d'un travail éditorial décent qui lui aurait permis de se débarrasser de ses scories pour pouvoir montrer ses véritables forces. Et c'est vraiment ce qui me déçoit le plus : cette impression d'être passée à côté d'un livre qui aurait pu être énorme.
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