Un fermier et sa tendre femme
Tombés entre les mains des orcs
Du couteau ont connu la lame
L'homme son or nous a donné
Pendant que sa mie rôtissait.
Prenez vos armes les Renards,
Et déployez votre Etendard !
Lève haut ta chope de bière
A ton triomphe guerrier orc
Et vide-là d'une main fière !
Les lances des vaillants Renards
Des humains perceront le lard !
Toujours plus riches et plus gras
Du monde nous serons les rois !
Stryke ne distinguait plus le sol sous les cadavres. Les hurlements des blessés et le fracas de l'acier l'assourdissait. En dépit du froid, la sueur lui picotait les yeux. Les muscles en feu, tout son corps lui faisait mal et son pourpoint de cuir était constellé de sang, de boue et de morceaux de cervelle.
- Mais par où commencer les recherches ? Demanda Coilla.
- Par le royaume des kobolds, répondit Jup.
- Tu veux aller jusqu'à Roc-Noir ? S'étrangla Haskeer. Ca fait un peu loin pour quelqu'un d'aussi court sur pattes.
- Tu vois une meilleure idée ?
Haskeer ne répondit pas.
- Ils peuvent être allés n'importe où, rappela Coilla.
- C'est vrai. Mais nous ne savons pas où est n'importe où, alors que nous connaissons le chemin de Roc-Noir.
Nous hurlerons et rugirons
Comme de vrais combattants orcs
A plein poumons nous braillerons
Et reviendrons de nos batailles
Ivres de gloire et de ripailles.
Adieu délectables putains
Et belles damoiselles orcs.
Invitées d'honneur au festin
Nos épées boiront tout le sang
Qui ruissellera dans les champs.
Dans la première des contrées
Livrées à la fureur des orcs
Une haute tour se dressait
Nous l'incendiâmes promptement
Volant le calice et l'argent.
- Nous avons perdu Slettal et Wrelbyd. Il y a trois blessés graves, mais qui s'en remettront, et une douzaine de blessés légers.
- Soit cinq guerriers hors course, ce qui nous laisse vingt-cinq combattants valides en comptant les officiers, calcula Stryke.
- Quelles sont les pertes acceptables pour une mission comme celle-là ? S'enquit Coilla.
- Vingt-neuf.
Nous brûlerons et pillerons
Comme savent faire les orcs
Féroces nous arracherons
La tête du tronc rabougri
De nos limaces d'ennemis !
— Je ne comprends pas pourquoi la dernière créature s’est sacrifiée pour protéger une femelle et son bébé, dit Coilla.
— Depuis quand les actes des humains ont-ils un sens ? répliqua Stryke. Ils n’ont pas une vision des choses aussi logique que les orcs.
Le nouveau-né continuait à s’époumoner.
Stryke se tourna vers lui, sa langue verte se dardant entre ses lèvres mouchetées.
— Vous n’auriez pas un petit creux, pas hasard ?
Sa plaisanterie suffit à dissiper la tension. Les autres éclatèrent de rire.
— C’est exactement ce qu’ils attendent de notre part, dit Coilla.
Elle se baissa, souleva le bébé par la peau du cou et le tint devant ses yeux pour observer ses prunelles bleues et ses joues rondes creusées d’une fossette.
— Dieux que ces choses sont laides…
— Tu l’as dit ! approuva Stryke.