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Megatropolis tome 1 sur 1

Dave Taylor (Illustrateur)
EAN : 9781781089354
96 pages
2000 AD (12/10/2021)
5/5   1 notes
Résumé :
An Art Deco reimagining of the world of Dredd from the critically acclaimed artist of Batman: Death by Design.

Step in the unknown… step into Megatropolis

Experience the iconic city of Mega-City One as never before, in this visionary comic from Kenneth Niemand (Judge Dredd) and Dave Taylor (Judge Dredd, Batman). In this radical reimagining of the world of Judge Dredd, join disgraced Officer Amy Jarra and Detective Joe ‘choirboy’ Rico as... >Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Une mégalopole aliénante
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Ce tome contient une première saison complète, appelant une suite. Il regroupe les chapitres contenus dans les numéros 424 à 431 de Judge Dredd Megazine, initialement parus en 2020, écrits par Kenneth Niemand, dessinés, encrés et mis en couleurs par Dave Taylor. Il contient également une courte introduction du scénariste, une couverture supplémentaire réalisée par Dave Taylor, et 11 pages de développement graphique.

Dans un futur non précisé, les voitures volantes se fraient un chemin entre les gratte-ciels de Megatropolis, alors que Bernice Hershey annonce les principales nouvelles au micro, pour Volt, l'agence d'informations. L'attorney McGruder a le maire Bob Booth dans le collimateur, et pour ses affaires, et parce qu'elle va briguer le poste de maire lors de la prochaine élection. One-Ton Tony Tubbs a décidé de maigrir pour faire plaisir à sa fiancée, et même Madame Cassandra ne peut pas prévoir s'il y parviendra. La production d'énergie continue d'être en progression pour le sixième trimestre consécutif. Les époux Maybry vont organiser un gala de charité pour les démunis, en souvenir de leur fils. Il est possible de trouver la rubrique de Hershey dans le magazine Defender. L'officier Amy Jara vient prendre ses nouvelles fonctions au poste de police central. Elle est accueillie avec mépris par le commissaire qui lui indique que son partenaire se trouve dans le quartier sud du quatrième district. Elle lui fait remarquer qu'il ne lui a même pas fait un discours de bienvenue : il rétorque que les Maybry investissent beaucoup d'argent dans ce commissariat et que personne n'est près d'oublier ce qui s'est passé entre elle et leur fils. Elle peut encore entendre le ricanement perçant du fils Maybry dans ses oreilles.

Vingt minutes plus tard, Amy Jara erre dans les rues désertes de ce quartier producteur de vapeur, quand elle entend un échange de coups de feu. Elle se précipite et découvre deux véhicules criblés de balle, et le cadavre de cinq porte-flingues, avec un individu en costume agenouillé devant l'un d'eux. Elle le met en joue : il se relève doucement et lui indique que quatre des défunts travaillaient pour Fillmore Faro. Il se présente : Joe Rico, son partenaire. Elle remarque que le cinquième cadavre porte un badge de policier. Il s'agit de l'inspecteur Fisher, un des livreurs de Caleb Calhoun. D'ailleurs, en parlant du loup, c'est Calhoun qui arrive avec ses hommes et qui indique à Rico qu'il va s'occuper de l'affaire, car Fisher travaillait pour lui. À sa demande, il lui présente sa nouvelle partenaire, et Calhoun la rattache immédiatement à l'affaire Maybry. Ainsi congédiés, ils quittent la scène du crime et se rendent au bar fréquenté par les policiers du commissariat. Jara prend un bourbon, et lui prend une eu pétillante, ce qui lui attire un quolibet de la part de Murph, le barman. Une fois installés, Rico explique à Jara que Calhoun est un ripou, que Fisher et les hommes du roi des éboueurs échangeaient des pots-de-vin, et qu'il a trouvé une balle perforante dans un mur. Il devait y avoir un tueur bien informé sur place, et au vu des traces, il est reparti à moto, une grosse cylindrée.

La quatrième de couverture explicite de quoi il retourne : une version de type Et si ? de Mega-City One, la ville du futur où se déroulent les aventures de Juge Dredd, réimaginée dans un contexte Steampunk. Dans son introduction, le scénariste expose tout : il a été inspiré par la vision d'une moto modèle Henderson Streamliner de 1930. Ça lui a donné l'idée de cette variation sur Judge Dredd et Mega-City One. Il a explicitement demandé à l'artiste de s'inspirer de l'esthétique du film Metropolis (1927) de Fritz Lang, et des décors d'Alexander Korda réalisés pour le film La vie future (1936, Things to come) de William Cameron Menzies. Effectivement, dès l'ouverture, le lecteur retrouve cette architecture Art Déco typique, les fumerolles et jets de vapeur attestant de la présence de machines à vapeur, ainsi que cette façon si particulière d'éclairer les yeux d'un visage, et de laisser le reste dans l'ombre. L'artiste joue également le jeu de noyer la plupart des scènes dans une grisaille souvent ténébreuse, ajoutant à l'impression d'un film expressionniste en noir & blanc comme M le maudit (1931) de Fritz Lang. de la même manière, le lecteur familier des aventures de Judge Dredd en relève les références : Hershey, Joe Rico, Cassandra, America, McGruder, Filmore Faro le roi des ordures. Ces références sont écrasantes : le lecteur joue à reconnaître qui est qui, et à anticiper le rôle des personnages connus. Cette dimension ludique prend le dessus sur tout le reste : ainsi donc Barbara Hershey n'est plus qu'une journaliste de la presse à sensation, au lieu d'être la juge-en-cheffe. Cassandra fait référence à la psi-juge Anderson et elle n'est qu'une médium vivant dans la richesse. S'il n'est pas familier de ces références, le lecteur sent qu'il rate des choses dans certains dialogues. Par exemple, il ne peut pas deviner que le prénom de la mère d'Amy Jara renvoie au récit exceptionnel Judge Dredd: America (1990) de John Wagner & Colin MacNeil. D'un autre côté, celui qui est capable de faire le lien avec ledit récit se dit que ce placement de nom n'apporte rien, ni au personnage, ni au récit.

Pour autant, le lecteur commence par découvrir le dessin en double page qui ouvre le récit. Il est séduit par la vision steampunk de la cité, identifiant les éléments empruntés à Metropolis, que ce soient les escalators interminables ou les puissants projecteurs dirigés vers le ciel, et quelques ballons dirigeables avec des voitures volantes circulant autour. Il ne lui est pas donné de voir la moto Henderson dans le détail. Il peut éprouver un peu de mal avec les pages suivantes, car le dessinateur semble noyer ses dessins dans le gris-noir, comme s'il voulait masquer la faible densité d'information de ses cases. Cette impression perdure plusieurs pages durant, même si cela installe une ambiance enténébrée bien noire. du coup, il finit par se sentir en train de parcourir les artères de cette mégapole, en train de côtoyer ces individus. L'artiste a également choisi des tenues vestimentaires inspirées par les années 1920/1930, sans les éléments les plus baroques. Il a fait une petite entorse en retenant des pantalons pour les personnages féminins, et il a également conçu un uniforme pour les policiers, toujours en restant dans un registre simple. Il privilégie les morphologies filiformes, certainement pour une raison esthétique. Il se dégage une discrète élégance des personnages. L'impression d'uniformité générée par des décors pas toujours détaillés et un éclairage sombre se lève progressivement, non pas avec des environnements qui en mettent plein la vue, mais par un effet cumulatif. Au fil des séquences, le lecteur découvre le bar avec son faible éclairage, la façade de la pyramide du Louxor, d'autres rues avec des tuyauteries apparentes, les tunnels souterrains, l'étonnante plateforme volante, une demeure avec une splendide verrière diffusant une lumière verte, le luxueux appartement de Madame Cassandra baignant dans une luminosité plus blanche, et même une estrade où se produit un groupe avec guitare électrique.

Le lecteur fait l'expérience du même ressenti avec l'intrigue. Elle commence sur un mode très convenu. Joe Rico flic intègre évoluant au milieu des ripoux. Amy Jara flic ayant commis une bévue et traitée comme une paria par ses pairs. Une série de meurtres commis par un vigilant à l'identité inconnue. Corruption organisée dans les plus hauts échelons de la société. Rico et Jara semblent avoir une personnalité monolithique. Pour amener plus de diversité, le scénariste ajoute les pouvoirs de médium de Madame Cassandra (bien pratiques pour débloquer une situation en impasse), et le vieux chef de la police, à la retraite et vivant comme un reclus, sans oublier une cellule officieuse profondément infiltrée dans la police. Un lecteur familier des comics ressent une forte similarité avec Mister X créé par Dean Motter en 1984, une cité conçue par un architecte de sorte à instiller une sensation de bien-être chez ses habitants. À nouveau, l'effet cumulatif fonctionne : le lecteur s'est pris au jeu d'essayer d'anticiper la révélation sur l'identité de Judge Dredd et ce n'est pas tout à fait ce qu'il attend. Il s'est pris au jeu d'imaginer quelles seront les prochaines cibles de Dredd et comment il interviendra, et ce n'est pas ce qu'il imaginait, car le scénariste joue habilement avec le décalage entre les méthodes de Dredd et une ville qui n'est pas sous la coupe des juges. Il s'est laissé emmener par l'apparente simplicité très prévisible du récit, et Niemand le prend au dépourvu par les objectifs différenciés de chacune des factions en lice, aboutissant à un jeu de pouvoir plus sophistiqué. le lecteur apprécie l'ironie de l'évolution de la situation de Joe Rico et Amy Jara, finissant par oublier le jeu sur les variations par rapport au Judge Dredd original, et appréciant l'histoire pour elle-même.

Au départ, le récit ressemble à une idée amusante mais peu développée : faire fructifier la notoriété de la série Judge Dredd dans un récit de type Et si ? le point de départ est sympathique (une version steampunk des années 1930), mais les personnages manquent d'épaisseur et l'artiste donne l'impression de masquer ses limites techniques par une mise en couleurs très sombre. Petit à petit l'oiseau fait son nid : le divertissement est présent avec les variations un peu faciles sur l'original, jusqu'à ce que l'effet cumulatif de chaque séquence atteigne le point où le récit prend son autonomie et se révèle bien plus consistant que le départ ne le laissait le supposer : un bon polar dans une version inquiétante d'une grande ville. le lecteur sait qu'il reviendra pour la suite.
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