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Critique de Arakasi


Le monde est mort. Depuis que la Flache (une catastrophe qui a dévasté la planète de fond en comble) a eu lieu des dizaines d'années auparavant, le monde n'est plus qu'une coque vide, un cadavre dans les entrailles duquel grouillent les rares survivants comme des vers dans le corps d'un pendu. Seule institution à avoir survécu à l'apocalypse, l'Eglise envoie aux quatre coins de la Terre ces redoutables inquisiteurs, les Cavales, chargés d'éliminer les dernières traces de vie afin d'achever l'oeuvre purificatrice de Dieu. Gueule de Truie est l'un deux. Depuis son plus jeune âge, il n'a jamais connu que la peur, la rage, le désespoir et la haine de toute vie, humaine ou animale. le visage dissimulé sous un masque de métal, le corps corseté de cuir et d'acier, il erre à la surface du monde et chasse avec une hargne farouche les hérétiques dissimulés frileusement dans leurs cavernes, mutilant, tuant, torturant… Jusqu'au jour où il croise la route d'une étrange jeune fille porteuse d'une boite métallique datant d'avant la Flache dont elle refuse de laisser voir le contenu. La Fille est maigre, fragile, presque muette. Elle n'a rien de remarquable, rien d'extraordinaire, mais pourtant Gueule de Truie ne la tue pas, ni ne la traîne dans les noirs couloirs de l'Inquisition. Bien au contraire : poussé par une mystérieuse intuition, il la prend sous son aile et l'accompagne dans sa quête vers le centre du monde, le lieu où s'est produit la Flache, là où tout a commencé et où tout s'est achevé.

S'il faut reconnaître quelque chose à « Gueule de Truie », c'est son incontestable originalité. Loin des romans de science-fiction traditionnels, loin même des récits post-apocalyptiques habituels, Justine Niogret nous offre un roman complexe et oppressant, écrit dans une langue qui ne l'est pas moins. Violence et bestialité étaient déjà très présents dans ses deux premiers romans, « Chien du Heaume » et « Mordre le bouclier », mais étaient compensées par la douceur et la sérénité de quelques passages. Rien de tel dans « Gueule de Truie » : tout est brutal, âpre, déchirant, cruel… Les personnages terrifient par leur stupéfiante sauvagerie, particulièrement le protagoniste principal, monstre si déshumanisé qu'il ne se reconnait plus aucun lien avec ses semblables, tous réduits à ses yeux à l'état de rats, d'insectes et de larves. le roman surprend également par son scénario très onirique et regorgeant de scènes surréalistes, parfois à la limite du compréhensible. C'est là que le bât a blessé en ce qui me concerne… Peu sensible à la métaphysique, j'ai souvent perdu pied dans cette tempête de métaphores et de symboles et je ressors de cette lecture secouée, mais aussi vaguement frustrée, avec le sentiment d'être passée partiellement à côté de quelque chose.

Doté de qualités stylistiques évidentes, « Gueule de Truie » est probablement le genre de roman qui nécessite plusieurs lectures pour être pleinement apprécié. Ce ne sera pas pour tout de suite car j'ai largement mon content de livres à engloutir, mais je retenterai peut-être l'expérience un de ces jours, à tête reposée.
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