Game - Entre nos corps, tome 3

Sayo et Kiriyama sont deux personnages solitaires, incapables d'aimer, sans famille, sans amis, vivant dans des appartements à leur image : fonctionnels.
Sayo paraît ne vivre que pour son travail, multiplie les heures supplémentaires. Elle est la cible des railleries de ses collègues qui la voient comme un véritable homme, bien qu'elle soit surtout presque déshumanisée, obligée de masquer sa sensibilité. Kiriyama est une sorte de jeune Valmont méprisant, qui enchaîne les conquêtes féminines. Il est intelligent, doué, mais ne s'intéresse qu'au sexe et aux aventures sans lendemain de peur de s'engager : il déteste les complications. Dans l'entourage, uniquement professionnel, de Sayo, il est le seul à s'inquiéter pour elle quand elle se surcharge de travail, même si elle voit ses attentions comme faisant partie de ses manoeuvres de séduction.
De fait, le jeu paraît clair dès le départ. Il veut la séduire ; elle le prend comme amant en attendant mieux, parce qu'elle le sait menteur, peu fiable et ne veut pas que leurs collègues soient au courant.
Mais bizarrement... alors que tout dans cette romance érotique est minimaliste (absence de décor, gros plan sur les visages, sur l'absence de l'autre au réveil...), avec des dessins sobres, des traits épurés, des répliques courtes... Je me suis rapidement passionnée pour ce jeu d'interprétations. le fait que tout repose sur des non-dits rend l'ensemble aussi intrigant qu'une partie de go ou d'échecs : chaque adversaire avance son pion sans qu'on sache s'il ne l'avance pas contre lui-même. L'atmosphère est sobre, froide, ce qui contraste avec l'érotisme pourtant très présent, mais toujours classe, aseptisé. Une sorte d'impasse des sentiments.

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