Citations sur L'Année de l'amour (23)
La vie, ça se perd ou ça se conquiert. Moi je suis à sa recherche. Lorsque je précise que je cherche la vie, je veux dire que je cherche à devenir vivant, à être réveillé, un éveil, oui, un éveil. Me réveiller de cet état de confusion, d’incertitude, d’ennui, de mélancolie, de désespoir, de léthargie, où je me débats pour conquérir la réalité ?
Je n’étais plus que moi-même, rien d’autre ne m’importait. J’étais heureux, heureux à en pleurer, tout seul à Paris. Libre.
Ecrire. Je crois que le sentiment érotique, plus exactement sa naissance, se confond avec l’apparition du besoin d’écrire. Ce fut dans les deux cas une vague de volupté, une confusion de tous les sens.
je n'aurai jamais cru que la liberté put être une sorte de prison, la liberté, ça peut être une forêt vierge ou un océan, il peut t'arriver de t'y noyer ou de t'y perdre sans jamais plus retrouver le chemin du retour. [...] Il va me falloir la morceler, la planter, la cultiver, la reconvertir au moins partiellement en occupation [...]
(…) existe-t-il un mode de lecture, de relecture (de la réalité) qui permettrait de préserver ce caractère d’immédiateté, ce côté insondable, énigmatique, qui constitue par ailleurs la vie ? existe-t-elle, cette opération complexe d’endossement qui consiste à recréer et par conséquent à réparer et à rendre éternellement présent ?
Ce n'est pas vraiment après la vie que je cours, tout au plus après les mots, je suis pour le moment un chercheur de mots, mais où est la vie, me disais-je
... la vie se confond avec ce que l'homme pense au long de sa journée, j'ai lu ça quelque part, je crois que la phrase est d'Emerson, oui c'est une vérité affreuse à admettre, j'aurais préféré qu'elle soit dans mes chaussures, que je puisse la recueillir en grattant mes semelles et la dévider le long de mes lacets.
(…) il lui faut continuellement annexer de nouveaux territoires ; ça s’use si vite, les gens, ça finit toujours par vous percer à jour.
Mon voisin enseignait donc là et se dépensait, disait-on, sans compter, tel un orateur sur une barricade, avec une impétuosité, une fougue, un talent d’agitateur qui n’étaient pas prévus par son contrat de travail mais grâce auxquels les élèves semblaient apprécier ce maître qui, autant par son allure bohème que par ses talents d’éloquence, tranchait sur les autres représentants du corps professoral.
(…) et moi je m’engloutis dans la masse, dans cette armée, à la fin je ne distingue plus que des jambes en train de se croiser, jambes de pantalons, collants, chaussures en tous genres garnies de talons, santiags, espadrilles, baskets, bottes, une forêt de jambes-ciseaux.