les maisons deviennent
vraiment miennes
quand je les abandonne
(p57)
certains astres ne connaissent
qu'apogée et crépuscule
ni nos parents ni nos amis
nous seuls savons ce que fut
notre enfance
(p26)
notre passé s'acharne
il ne mérite pas sa conjugaison
à nous voiler l'horizon
rien ne sert de se retourner
notre mémoire le saviez-vous
toujours nous précède
nous ouvre la porte qui nous
mène à sans lendemain
la lune ce matin
usurpe dans le ciel
un trône
qui ne lui revient pas
tandis qu'un nuage lui fait son lit
fontaines
que me parlez-vous de mon avenir
le futur se devine mais
le passé le vécu
imprudemment on le néglige
on l'évacue dans la froideur
majestueux tout-à-l'égout
de tes eaux
le passé nous intranquilise
rien n'est plus accidenté
qu'une ligne d'ici à demain
se figurer un avenir
c'est lire
dans les lignes de la main
de notre pensée
il me faut rester stoïque
les années passent
ça je le sais
le vent a beau souffler
je tiens la place
reste de glace
pas question de vieillir
m'éloigner de ce fatras
ces serpents qui sifflent
sur ma tignasse
rejoindre la colline
investir dans la garenne
distiller la bruyère
l'espoir y gambade même écorché
mais quel chemin de croix
nous dicte la paix
il me faudrait repasser
mon permis de survivre
il y a ceux qui savent
savent le futur en épluchant
le passé
d'autres préfèrent sombrer
dans la mer polluée
de leur mémoire
tous collectionnent la palabre
ni morale
ni mirage
pas question d'oublier
le poème est un drame
où l'horizon sans prévenir
disparaît ainsi les nuages
à notre dernier soupir
la vie est un drame