AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur Le stupéfait (7)

Zéphyr

Le joli petit vent du matin
Qui glousse avec sa voix de satin

A flâné toute la nuit dehors
En frôlant les vivants et les morts.

Il a bu d'enivrants clairs-de-lune
Et joué dans le sable des dunes,

Ecouté le récit d'un ruisseau,
Chatouillé quelque sein jouvenceau,

Regardé par les trous de serrure
Les amours aux profondes morsures,

Respiré les désirs, les détresses,
Sinué dans les lentes caresses,

Butiné le miel bleu de la nuit...
Sur la pointe des pieds s'est enfui,

Préférant les fenêtres ouvertes
Où la grappe du rêve est offerte.

Il a même léché le long glaive
Qui parfois sort sanglant de ce rêve

Mais au matin, ce folâtre vent,
Avec son petit air innocent,

Avec son joli nez de fillette,
Ne parlera pas de ses cueillettes.

Il a l'air d'avoir tout oublié
Au sommet de son haut peuplier

Et pareil au chat repu d'oiseaux,
Il viendra nous aimer du museau,

"Pour toujours" dira ce jeune vent
Qui ne va plus durer qu'un instant.
Commenter  J’apprécie          120
Je ne sais quel dragon ailé
Venait de passer dans la chambre,
Mais on vit soudain se fêler
Un oeil de la sculpture d'ambre.

Et dans le cahier de solfège,
Parurent deux grains de raisin.
Il tomba même un peu de neige
Sur les touches du clavecin.

On entendit tinter un la
Triste et lent
Avec la
Douceur d'un flocon blanc.

(UN LA)
Commenter  J’apprécie          110
On dansa jusqu'à l'aurore
Et la fête fut si tendre
Que parfois scintille encore
Quelque baiser sous la cendre.

Oui, même après tant d'années,
Dans les grands lustres là-haut,
Des éventails vont planer
Comme de frêles oiseaux.

Et le secret d'un miroir
Tient pour lui seul désormais
Le merveilleux désespoir
De deux enfants qui s'aimaient.

Les lueurs des sentiments,
Leur feinte aux mille sourires
Imprègnent profondément
Ces murs lourds de souvenirs.

Rien ne se perd dans ces lieux,
Rien ! Si l'on écoutait mieux,
On entendrait sourdement
Battre des coeurs anxieux,

On entendrait doucement,
Simplement, aveuglément,
Une navette infinie
De fougueux événements

Et de longues accalmies
Tisser les fils de la vie.

[POUR MÉMOIRE; à Michel Crine]
Commenter  J’apprécie          100
Je pensais Noir et j'ai dit Blanc
Par désespoir et par espoir
Et je suis stupéfait de voir
Que c'est Blanc fabuleusement.
[...]
Ah, mon Dieu ce serait la fête
Profonde où la Soif pourrait boire,
Cette blancheur plus que parfaite
Qui saurait caresser le Noir !

La blancheur et son noir amant,
Aux cieux de leurs secrètes noces,
Brilleraient éternellement
D'une âme lucide et féroce

Comme la nuit du diamant.
Commenter  J’apprécie          90
Monsieur Aubert, tu te souviens
Des platanes de Vence
Du temps où nos anges gardiens
Etaient de connivence !

Car tu lisais mes vers au tien
Qui n'a pas dit, je pense,
S'il y trouvait peu d'attirance
Ou s'il les aimait bien.

Comment sont dans l'azur immense
Les platanes aériens
De ta nouvelle résidence ?
Pourquoi garder tant de silence ?

Nous t'en prions, reviens,
Aubert, nous faire confidence
Et sourire avec endurance,
Tu souriais si bien

Au grand Tout comme aux petits riens
Sous l'ombre que font aux nuances
Les platanes du Grand-Jardin.
Que penses-tu des anges ?

Ami, tu t'en souviens.
Je suppliais les séraphins
De bien me tenir les phalanges.

Aubert, ils m'ont lâché la main !

(Monsieur Aubert)
Commenter  J’apprécie          60
Craie des songes

Il vit qu’il avait raté
Une importante partie
De sa négligente vie
Et de son éternité.

Peu lui chaut. D’un coup d’éponge
Il l’efface au tableau noir,
Puis, avec la craie des songes,
Il s’écrit une autre histoire.

Hélas : de nouveau raté!
Mais il peut recommencer
Et pareil à Dieu qui crée,
Se faire une destinée

De néant: d’un peu de craie!
Commenter  J’apprécie          20
I. LE STUPÉFAIT


SOUPE AUX CLOUS

Savez-vous brouter des clous ?
J'en ai mis dans votre soupe.
C'est ça qui donne du goût
À vos mangeailles d'étoupe.

Car le goût de fer vaut bien
Un peu de mal aux gencives
Et fera couler plus vive
La saveur du sang chrétien.

Les clous du fol ou du sage,
Ces clous, nous les connaissons.
Le Parfait en fit usage
Pour y clouer son garçon.

Clous au cœur et soupe aux clous !
Clous aux mains ; flamme et ferraille
Les dieux viennent comme nous,
S'enferrer dans leur broussaille !

À qui n'a jambe ni bras
Soupe aux clous en donnera,
Si bien qu'un vieux rampeur ose
D'un élan surnaturel,

Respirer la jeune rose
En levant des yeux au ciel.
Et cet incrédule ver
Soudain , marche sur la mer.

p.14-15
Commenter  J’apprécie          00




    Lecteurs (12) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Testez vos connaissances en poésie ! (niveau difficile)

    Dans quelle ville Verlaine tira-t-il sur Rimbaud, le blessant légèrement au poignet ?

    Paris
    Marseille
    Bruxelles
    Londres

    10 questions
    1229 lecteurs ont répondu
    Thèmes : poésie , poèmes , poètesCréer un quiz sur ce livre

    {* *}