Il n’existait pas de moyen plus rapide d’apprendre le goréen à une femme de la Terre, à condition d’y ajouter des bonbons, des gâteaux et quelques petites faveurs comme, par exemple, une couverture dans la cage. L’apprentissage était étroitement associé, dès le départ, à la récompense et à la punition. Parfois, même quelques mois plus tard, les jeunes femmes se tassaient sur elles-mêmes, lorsqu’elles commettaient une erreur de grammaire ou de vocabulaire, comme si elles s’attendaient à recevoir un coup de badine. Les Goréens ne choient pas leurs esclaves. C’est une des premières leçons que les jeunes femmes apprennent.
- Il faudra qu’elle apprenne le goréen, et vite, dit Samos, à propos de la jeune femme blonde.
- Des esclaves, avec des badines, s’en chargeront, fis-je.
- Tu n’es plus sur Terre, repris-je. Tu apprendras. Les leçons seront douloureuses ou agréables, mais tu apprendras.
- Je ne le souhaite pas, répliqua-t-elle.
- Ce que tu veux ou souhaites ne signifie rien, lui précisai-je. Tu apprendras.
- C’est dégradant ! jeta-t-elle.
- Tu apprendras, répétai-je.
La jeune femme blonde baissa la tête. J’adressai un signe au garde qui se tenait derrière elle. il la prit par les cheveux. Elle cria. Rudement, il lui redressa la tête et la rejeta en arrière. Elle me regarda.
La jeune femme n’était pas sur Gor depuis longtemps. Samos l’avais achetée cinq tarsks d’argent sur Teletus, avec de nombreuses autres, à des prix divers. C’était la première fois qu’elle quittait les cages de sa Demeure. Elle était marquée au fer rouge sur la cuisse gauche. Une bande métallique toute simple avait été fixée autour de son cou par un Forgeron au service de Samos. Elle n’avait pas de valeur et ne méritait pas le collier à serrure. Personnellement, j’en aurais fait une Esclave de Cuisine. Pourtant, en la regardant plus attentivement, en l’examinant avec impartialité, tandis qu’elle tournait la tête, pitoyable, je constatai qu’elle n’était pas dépourvue de promesses. Peut-être pourrait-elle apprendre. La caractéristique fondamentale exigée de la femme goréenne est, naturellement, la féminité ; de toute évidence, ce n’est pas la caractéristique fondamentale que l’on attend d’une femme de la Terre
- Plus tard, tu pourras l’avoir, m’offrit-il. Elle dansera de temps en temps, au cours de la soirée.
Il regarda la jeune femme. Il frappa sans ses mains, sèchement.
Les petites cymbales émirent une note claire, brève, subtile, délicate, et l’esclave dansa devant nous.
Je regardai les pièces tressées, se chevauchant, sur sa ceinture et ses bretelles. Elles réfléchissaient magnifiquement la lumière du feu. Elles scintillaient mais n’avaient qu’un faible valeur. On vêt ces femmes de pièces sans grande valeur faciale ; elles sont esclaves. Ses mains glissèrent vers le voile, sur sa hanche droite. Elle détournait la tête, comme si elle agissait contre sa volonté, à contrecoeur, mais savait qu’elle devait obéir.