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Critique de Fleitour


Vers quel mystère allons nous cheminer avec Amélie Nothomb. le mystère de Jésus. Avec ce dernier mot de Jésus  "Soif", cette supplique devient le titre de son livre événement.
Car c'est Jésus qui nous parle, qui nous a écrit, à nous pauvres pêcheurs des lacs ou des océans de l'âme humaine.


Est-ce le premier écrit sur la passion du Christ, non.
Des textes sur la passion sont nombreux , Eh oui !
Un me tient à coeur, celui de Pierre Gillet , mon prof de français, cette passion fut jouée à l'église de St germain des prés, en 1964, avec comme acteurs,
Emmanuel Delivet et un certain Michel...
Des textes écrits par Jésus ? Aucun. Bravo Amélie c'est le 1er. Jehan Rictus a écrit un fameux texte poétique en se regardant dans une devanture, "Le Revenant" :


Car il disait à ses Apôtres :
Aimez-vous ben les uns les autres,
Faut tous êt' copains su' la Terre,
Faudrait voir à c' qu'y gn'ait pus d' guerres
Et voir à n' pus s' buter dans l' nez,
Autrement vous s'rez tous damnés.

L' mec qu'était gobé par les femmes
(Au point qu' c'en était scandaleux),
L'Homme aux beaux yeux, l'Homme aux beaux rêves
Eul' l' charpentier toujours en grève,
L'artiss', le meneur, l'anarcho,

Si qu'y r'viendrait ! Si qu'y r'viendrait,
Le revenant

Soif est un beau titre, aux multiples entrées, Soif ou fois, donc Foi et soi. Une invitation à être soi face à la foi.
En 2019 comment imaginer des messages de Jésus encore porteurs de sens et lesquels !


Il y a une réplique, que j'ai extrait de la page 42 : "ce que l'esprit ne comprend pas le corps le saisit" . On la retrouve dans "habiter son corps", ou "l'idée géniale de l'incarnation", extrait du parler Nothombien.
Un sacré petit galet qui fait trembler le synode.


Avant l'incarnation je n'avais pas de poids. le paradoxe, c'est qu'il faut peser pour connaître la légèreté, écrit jésus page 27.
C'est sur ce point que je trouve la démarche d'Amélie Nothomb si actuelle, et sa démonstration si originale. Ce n'est plus Dieu que nous avons en face de nous mais un homme comme les autres hommes, avouant que ce qui est sacré est humain et que tout ce qui est humain est sacré.


Que la soif ressentie par Jésus, et sa façon de déguster cette boisson infâme, exprime la force incroyable de son incarnation. le corps n'est plus tabou.
Sartre lui même doit pester contre ce livre, lui qui avait la nausée de son propre corps ( "Les mots").

On peut penser alors à ces grévistes irlandais qui pour défendre leur cause n'ont pas voulu céder à cette soif parce qu'il voulait que leur cause soit fracassante et puisse aller au plus insoutenable de la condition humaine, la soif.


Ce jésus d' Amélie Nothomb est un Jésus vivant, au combien vivant et pour être vivant, il faut éprouver la soif sur la croix comme aux noces de Cana. Amélie Nothomb multiplie les manifestations de vie, et de présence charnelle.
Ainsi Jésus n'a jamais cessé "d'éprouver ce qui en valait la peine", il ajoute "en vérité il n'y a pas de limite à ce qu'on appelle vivre" par contre "se sentir plus intelligent qu'autrui est toujours le signe d'une défaillance".


Bien sûr, il y aurait bien des réserves à exprimer, des lacunes, des manques, je pense tout particulièrement à la place étriquée laissée aux apôtres et disciples. Et si elle parle de Judas le discours qu'elle tient me parait bien confus, par rapport aux multiples livres qui ont traité le sujet de la relation entre Judas et Jésus.


En réhabilitant la vie, elle a réhabilité la femme engagée, la mère et l'amante. C'est l'amour qui est réhabilité comme l'ont fait les poètes comme Jehan Rictus et Xavier Grall.
Un texte de plus pour dire "le Courage d'être" pour reprendre le titre d'un philosophe qui a défié le Reich, Paul Tillitch.

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