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Critique de migdal


Jean-Christophe Notin a eu le talent (ou le bon renseignement) de trouver les archives personnelles d'Alexandre de Marenches, le maitre du secret, directeur du SDECE durant un peu plus de 10 années (1970-1981).

Peu d'hommes ont été aussi bien préparés, en terme de savoir être, que lui : né en 1921, d'un père officier (blessé gravement en 1914 & 1915) affecté à l'état major, représentant du général Pétain auprès du général Pershing et d'une mère américaine (veuve du PDG d'Idéal Standard), infirmière volontaire en 1917, il est bilingue français anglais et surtout biculturel. La fortune maternelle et la noble ascendance paternelle lui permettent de côtoyer les grands de ce monde dès son enfance, dans leur chateau normand ou en Amérique lors de leurs voyages. Son père connait le Colonel de Gaulle et est proche des Chambrun (et donc de Pierre Laval), Alexandre noue lors de sa scolarité à l'école des Roches ou à Montreux, des liens de camaraderie qui le servent tout au long de sa vie.

La campagne de 1940 ne lui permet pas de s'illustrer (contrairement à la légende) mais il passe en Afrique du Nord, via l'Espagne, en 1942, intègre la cavalerie puis participe à la Campagne d'Italie (blessé il en gardera les séquelles à vie) et devient officier de liaison du général Juin, où il joue les interprètes auprès des anglo-saxons (à l'image de son père) et développe un réseau essentiel pour après.

A la fin des hostilités, cet autodidacte et rentier se lance dans les affaires, tout en étant un réserviste actif auprès du général Juin, en menant une vie sociale très active et en courtisant Lilian Witchell (infirmière lors de la campagne d'Italie) qu'il finit par épouser en 1953. Ses activités professionnelles (mystérieuses pour ses biographes) lui font visiter le monde entier mais sa société ne sera quasiment jamais rentable et est dissoute en 1969.

Pompidou a succédé à De Gaulle, le SDECE a une image de marque polluée par les affaires Ben Barka et Markovic, le Colonel de Marenches active ses réseaux (François Castex, beau frère de Pompidou le connait depuis la campagne d'Italie, Pierre Messmer et Anne-Marie Dupuy le recommandent) et il est nommé à la Direction de SDECE le 14 octobre 1970. Entré en fonction le 10 novembre (décès du Général de Gaulle), il purge la direction et refonde les services qu'il dirige jusqu'à l'arrivée de François Mitterand.

Dix années d'actions, dans un contexte difficile (mandats Ford-Carter calamiteux aux USA), où l'URSS progresse sur tous les continents, où le conflit Iran Irak s'amorce, où l'on intervient au Tchad, au Zaïre, en Centre Afrique, etc.

En historien, Jean-Christophe Notin n'est pas dupé par les manuscrits de Porthos et croise toutes les données (courriers, dates, rendez vous) pour corriger les « troubles de mémoire » ou les « étourderies » d'un homme flamboyant, qui une fois retraité se raconte à Christine Ocrent sans rien dire de « secret défense » : « Alexandre de Marenches savait ce qu'il en coûtait de demeurer tel qu'en lui-même le survivant d'un autre temps et d'une culture disparue. Peu lui ressemblent qui lui succèdent. Et c'est dommage. »

Un ouvrage passionnant, souvent drôle, rapide à lire qui prolonge son précédent « Les guerriers de l'ombre »
Lien : https://www.babelio.com/livr..
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