Pablo Ruiz Picasso

Diego rivera apportait à Paris une très remarquable tête Tlatilolco, une tête double, âgée de quelques deux mille ans, avec trois yeux et deux bouches, si bien qu’on la voyait de face en même temps que de profil, sans discontinuité. Il montra à Picasso ce symbole de dualité qui, ultérieurement, porta d’étranges fruits.

Pauvre Kahnweiler ! Il aimait Picasso, mais comme la plupart de ceux qui aimaient Picasso, il le payait très cher, parfois. (…) Outre la recherche du nouveau logement à Montparnasse et la surveillance du déménagement, il échut à Kahnweiler une autre besogne, déplaisante, inquiétante, et grande dévoreuse de temps. Picasso avait peint un Picasso sur un des murs de la Villa Les Clochettes : il fallut démolir le mur, récupérer la peinture, la consolider avec panneau de bois, la transporter à Paris ; et les négociations avec la vieille dame propriétaire de la villa, avec les artisans, les experts, retombèrent sur Kahnweiler.
(1912)

Si le martyre est preuve de religion, alors l'abandon volontaire du gagne-pain est preuve de conviction artistique.

...il advint qu'un certain jour qu'ayant un pressant besoin d'argent, il fut contraint de vendre presque toutes ses sculptures (dont celle d'Alice Derain) au marchand Vollard qui, à sa manière cachottière, les fit couler en bronze et les dissimula pendant des années.

Tout le monde veut comprendre l'art, s'écriait-il rageusement. Pourquoi ne pas essayer de comprendre le chant d'un oiseau ? Pourquoi aime-t-on la nuit, les fleurs, tout ce qui vous entoure, sans essayer de le comprendre ? Mais quand il s'agit de la peinture, les gens tiennent à comprendre....

S'il avait donné un titre à la toile, leur tâche eût été plus facile. Mais il détestait faire chose pareille. Il avait horreur de mélanger deux langages entièrement différents, presque tous les titres attribués à ses œuvres sont des inventions de marchands, de critiques ou, comme dans le cas des Demoiselle d'Avignon, d'amis. Et il n'est pas impossible que cette absence de titre soit, dans une certaine mesure, due à sa réserve, à son goût du secret et à son horreur d'être analysé.

Peu de gens peuvent réussir à mélanger affaires et amitié, peut-être faut-il être soi-même artiste et créateur pour cohabiter avec un autre de cette espèce, et encore cela n'est pas forcément possible, les artistes étant si souvent, et sans doute inéluctablement, les plus égoïstes et les plus exigeants des hommes.

Picasso avait un esprit brillant et original mais qui, pour l'essentiel ne fonctionnait pas à l'aide de mots. Ce n'était pas un esprit verbal. Il évoluait dans des régions où les mots sont soit inexistants, soit hors de propos ; il n'élabora aucune théorie verbale qui fût logique ; et ses déclarations sur l'art peuvent signifier tout ce qu'on veut leur faire dire. ... Il avait horreur de la critique d'art, de l'analyse et de l'esthétique verbale. Sa philosophie on la trouve sur les cimaises et si on l'interprète correctement elle forme un tout homogène.

Il y avait aussi deux petites choses qu'on pourrait joindre aux œuvres de jeunesse si elles ne semblaient pas avoir une importance particulière pour les années ultérieures - ce sont de petits découpages, un chien et une colombe, qui n'attendent qu'à être collés sur toile ; les pionniers de tous les collages. Et ces petites silhouettes de papier sont peut-être, dans toute la collection, les seuls exemples de l'influence directe de son père.

"Je suis donc devenu membre du parti communiste sans la moindre hésitation, puisque, fondamentalement, j'étais de ce côté-là depuis toujours".
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Dans le credo politique des anarchistes, beaucoup de choses séduisaient Picasso, Bakounine, par exemple, avait dit : "La passion de la destruction est aussi une passion créatrice", et rien ne pouvait mieux s'accorder avec ses propres idées.
Mais quoique Brossa eût des notions claires de leur idéologie, il ne réussit pas à les communiquer à Picasso, qui ne fut jamais un animal politique.