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Critique de Silenceonlit


Nous sommes en 1931, à New York. Gloria Wandrous, héroïne de L'enfer commence avec elle de John O'Hara publié aux éditions de l'Olivier, se réveille après une nuit d'ivresse dans l'appartement de son nouvel amant. Un homme pressé qui après avoir profité des bras de la jeune femme part rejoindre à la campagne épouse et enfants, laissant Gloria seule dans l'appartement familial. Pour compenser sa robe déchirée par l'amant bien peu délicat, elle se sert dans l'armoire de madame, choisissant de revêtir son manteau de vison. Une décision qui bouleversera la vie de tous les protagonistes.

John O'hara, nouvelliste du New Yorker, ami de Fitzgerald ou bien encore de Hemingway s'attache à réaliser par touches le portrait d'une jeune femme décidée à profiter de la vie, mettant la même vivacité à passer de speakeasy en speakeasy, que de lit en lit.

Pourtant, si le narrateur la décrit comme "délurée", ce n'en est pas moins une jeune femme qui perd pied, s'enfonçant tout autant que son pays dans une profonde Dépression.

Et c'est en ça que ce récit est excellent : brossant un portrait d'une ville et de personnages gravitant autour de Gloria, tous au bord de l'abîme. le tout avec précision et finesse, sans pour autant adoucir la dure réalité.

«J'imagine que… Ça ressemble tellement au mot woundrous… "merveilleuse"», lui explique un homme rencontré dans un bar, évoquant son nom, Wandrous. «Oui, les gens s'imaginent que c'est un nom trafiqué, mais c'est mon vrai nom ; il s'écrit avec un "a" et se prononce Wan-drous - comme wan, "blême et lasse"… et pas won, "gagné".»

Gloria Wandrous est un beau personnage, au charisme inconscient, tout en complexité qui se devine au fur et à mesure que l'on avance dans le récit. Car si les premières pages peuvent laisser penser que l'on se trouve confronté à une sacrée peste, le romancier sait ménager ses effets et dévoiler peu à peu les épreuves traversées par la jeune fille, l'ayant forgée telle qu'elle est désormais.

D'un apparent vaudeville, nous voilà transportés dans un drame, à l'écriture diablement élégante et efficace. J'ai aussi particulièrement apprécié certaines piques incisives, qui n'ont pas été sans me rappeler l'écriture de Dorothy Parker, que j'affectionne tout particulièrement. Une lecture surprenante que je recommande donc vivement !

J'ai en tout cas découvert la plume d'O'Hara grâce à ce roman et reste surprise de n'avoir jamais croisé son nom auparavant. Car on se trouve face à un romancier de qualité évidente. Désormais, je n'ai qu'une envie : découvrir Rendez-vous à Samarra, publié par la même maison.

A noter que Gloria a été inspirée d'un personnage réel. le roman a par ailleurs été adapté au cinéma dans les années 1960, sous le titre La Vénus au vison, avec Elizabeth Taylor dans le rôle principal, qui lui valut un Oscar.
Traduit de l'anglais par Yves Malartic, traduction révisée par Mathilde Desprez.
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