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Critique de Andromeda06


"Les enfants de coeur", également publié en France avec le titre "Hôtel Lonely Hearts", m'a attirée dès que je l'ai aperçu sur l'un des rayons à la bibliothèque. La couverture est sublime.

Je souligne également la jolie calligraphie en début de chaque chapitre.

"Les enfants de coeur", ce sont Rose et Pierrot, qui ont grandi ensemble dans le même orphelinat, unis à jamais et ce même quand le destin va les séparer. Leur personnalité fantasque va les conduire chacun vers des chemins différents, pour se rejoindre sur la route du monde du spectacle et des organisations criminelles. Les événements se déroulent à Montréal, dans la première moitié du XXe siècle, notamment pendant la Grande Dépression (provoquée par le Krach de 1929).

Quand j'ai commencé ma lecture, c'était plutôt mal parti (la faute aux nombreuses scènes de sexe). Puis, finalement, le style de narration m'a séduite et je me suis laissée porter par cette histoire funambulesque.

Je vais d'abord évoquer ce qui ne m'a pas plu. À commencer par le contexte historique et socio-économique : il n'est en effet pas du tout développé et ne sert que de "support" pour le déroulement de l'histoire. Quand un livre est qualifié des termes "fiction historique" ou "romance historique", je m'attends justement à ce que la période de l'Histoire dans laquelle se déroule les événements soit un minimum approfondie, bien implantée.

Mais ce qui fait essentiellement défaut au récit, c'est le rapport à la sexualité, quasiment omniprésente dans la première moitié du livre. D'autant plus que l'autrice dépeint ces passages de manière très étrange, salace et quelquefois malaisante. Quand il s'agit de décrire le tournage d'un film porno, je peux comprendre l'emploi de certains termes crus. L'autrice n'y va pas avec des pincettes, décrit l'acte franchement, sans la moindre émotion. Alors quand il s'agit du viol d'un enfant, ça devient très très incommodant et malsain. Même quand il y a de l'amour dans l'air, il n'y a rien de romantique, rien de poétique. Elle dépeint des rapports à l'état brut, instinctifs (impulsifs ?), animaux. Elle ne lésine pas non plus sur les détails, dont j'aurais très bien pu me passer. de ne pas savoir, par exemple, que Pierrot en a une plus grosse que la moyenne et que sa copine prostituée (donc très expérimentée sur la chose) en reste abasourdie parce qu'elle n'en avait jamais vue une pareille, n'aurait pas du tout changé le cours de l'histoire...

Mais, paradoxalement, entre ces passages libidineux, la plume de l'autrice se révèle être très élégante, poétique, onirique. Elle reste en revanche détachée de ses personnages et de leurs ressentiments, et c'est certainement à cause de cet aspect que je n'ai moi-même rien ressenti, mais j'ai pu relever quand même de très nombreux beaux passages.

Le style de narration très fantaisiste, ainsi que la personnalité dilettante de nos deux amoureux, apportent à l'histoire une atmosphère qui se veut plutôt "théâtrale", biscornue, bohème, volage. C'est assez original, très particulier. J'avoue avoir eu quelques difficultés à m'y faire au début. L'histoire dans son ensemble est quand même tragique (maltraitance, viol, prostitution, toxicomanie, pauvreté et misère sociale, crime et trafic de drogue) mais je n'ai jamais réussi à le percevoir ainsi. J'ai fini par me dire que c'était voulu par l'autrice, qu'elle ne voulait pas tomber dans le dramatique. J'ai donc accepté et ai pu m'imprégner de cette ambiance particulière.

Dans l'ensemble, j'ai bien aimé. Mais je me rends compte en me relisant à l'instant que mon avis est quand même assez mitigé et je ne pensais pas qu'il le serait autant quand j'en ai commencé la rédaction... Je garde pourtant encore maintenant l'impression d'un bon moment, avec plus d'aspects positifs que négatifs. C'est très bizarre cette sensation d'avoir aimé un livre pour lequel j'ai finalement pas mal à lui reprocher...
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