Citations sur Les enfants de coeur (74)
C'est parce qu'on est des filles. On est censées avoir seulement des émotions. On n'est même pas censées avoir des pensées. Et c'est très bien d'éprouver de la tristesse, du bonheur, de la colère et de l'amour – mais ce ne sont que des humeurs. Les émotions ne peuvent rien accomplir. Une émotion, ce n'est qu'une réaction. On ne veut pas simplement avoir des réactions, dans cette existence. Il faut accomplir aussi des actions, des actions réfléchies.
Ils ne savaient jamais trop quand pleuvraient les coups, car les religieuses les frappaient sans rime ni raison. La nature d'un tel système voulait que les enfants ne puissent jamais deviner à quel moment ils allaient être battus – qu'ils ne puissent ni le prévoir ni le contrôler. Selon la sagesse des nonnes, les enfants étaient mauvais du simple fait de leur existence. Il s'ensuivait, en substance, que toutes leurs actions étaient mauvaises. Et ils pouvaient être châtiés pour des actions qui, commises par d'autres enfants, auraient été jugées anodines.
Tous les enfants sont en réalité orphelins. Au fin fond de soi, l'enfant n'a rien à voir avec ses parents, son milieu, son nom de famille, son genre, le métier de sa famille. C'est une personne toute neuve, née avec le seul héritage que reçoivent tous les individus en ouvrant les yeux en ce monde : le droit inaliénable d'être libre.
Elle aimait que tous les enfants du voisinage semblent connaître le nom de Pierrot. Elle aimait qu'il sache faire cuire un œuf sur le plat, une cigarette entre les lèvres. Elle aimait sa façon de l'appeler depuis le trottoir. Elle aimait sa manière de lui passer un bras autour des épaules. Elle aimait sa façon de parler des peintures quand ils allaient au musée. Elle aimait les choses qu'il remarquait sur le monde.
Il aimait les choses qu'elle remarquait sur le monde. Il aimait l'allure qu'elle avait, en sous-vêtements, assise en tailleur sur le lit, alors qu'elle décrivait ce qui lui était arrivé de terrible. Il aimait quand elle lisait des passages qu'elle avait soulignés dans des romans. Il aimait qu'elle se mêle des disputes des gens dans la rue. Il aimait qu'elle commence toujours la journée en lisant le journal. Il aimait la façon dont il se sentait avec elle.
Elle aimait la façon dont elle se sentait avec lui.
De toutes parts, on s'efforçait de convaincre Rose que personne n'avait rien à fiche de ce qu'une fille avait à dire. On ne s'attendait pas à ce qu'elle ait des idées futées ou audacieuses, on s'attendait simplement à ce qu'elle tente vaguement de suivre ce qui intéressait les hommes. Ceux-ci étaient censés pouvoir lui envoyer leurs idées comme des balles de squash. C'était une façon plus ou moins agréable de se parler à soi même.
Il était important pour une femme d'être un peu idiote. Il était important de ne pas être trop fière de soi. On devait éprouver de la fierté uniquement quand son mari accomplissait quelque chose. Si on avait du talent, on risquait d'humilier son époux, alors mieux valait dissimuler ses talents, ou bien devenir talentueuse dans des domaines qui ne l'intéressaient pas. Ainsi, on pouvait être son habile assistante. Mais Rose ne pouvait accepter cela.
La principale tâche d’un enfant, c’était d’être heureux
Il aimait les choses qu'elle remarquait sur le monde. Il aimait l'allure qu'elle avait, en sous-vêtements, assise en tailleur sur le lit, alors qu'elle décrivait ce qui lui était arrivé de mauvais. Il aimait quand elle lisait des passages qu'elle avait soulignés dans des romans. Il aimait qu'elle se mêle des disputes des gens dans la rue. Il aimait qu'elle commence toujours la journée en lisant le journal. Il aimait la façon dont il se sentait avec elle.
Elle aimait la façon dont elle se sentait avec lui.
Mais mon père m'encourageait à m'inscrire en médecine. Il me disait qu'il était plus noble de se préoccuper des êtres humains que des insectes. Mais, vous savez, il avait tort. Parce que les gens sont méchants. Ce sont des tricheurs, des menteurs, des dégénérés et des ivrognes, et la médecine ne les garde en vie que pour qu'ils puissent tuer et commettre de nouveaux péchés. Je n'ai pas encore trouvé dans le comportement des insectes quelque chose qui m'ait déçu.
C’est parce qu’on est des filles. On est censées avoir seulement des émotions. On n’est même pas censées avoir des pensées. Et c’est très bien d’éprouver de la tristesse, du bonheur, de la colère et de l’amour – mais ce ne sont que des humeurs. Les émotions ne peuvent rien accomplir. Une émotion, ce n’est qu’une réaction. On ne veut pas simplement avoir des réactions, dans cette existence. Il faut accomplir aussi des actions, des actions réfléchies.
Elle (Rose) s’interrogeait sur la différence entre ce qui se passe devant nos yeux et les choses étranges qui se déroulent dans nos têtes. Parfois, il lui semblait qu’il n’y avait aucune distance entre les deux. Parfois, elle était d’avis que c’était idiot de prêter une si grande attention au monde réel quand il en existait un autre, fantastique, dans nos têtes, où on pouvait tout aussi bien choisir d’évoluer. Elle se comportait alors comme si le monde réel était sans importance.