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Critique de Bruidelo


Décidément, je ne comprends pas du tout pourquoi O'Neill n'est pas plus connu en France. Quelle écriture!
C'est profond, c'est prenant, poignant, la beauté et la puissance des dialogues, la façon dont se mêlent tendresse et violence, l'épaisseur des personnages, complexes, attachants - ils sont beaux, ils sont minables et émouvants, ils s'aiment et se malmènent, se déchirent, nous font plonger dans leur naufrage familial avec tout leur amour, toute leur rancoeur, leur mal de vivre. Ils se lancent des coups de griffes qui labourent les coeurs, ils se déchirent, mais au fond sont persuadés qu'il est si vain, si injuste de se crisper ainsi sur la liste des torts et griefs
«Ce que la vie fait de nous, nous n'y pouvons rien, ni les uns ni les autres. Les choses arrivent sans qu'on s'en rende compte, et elles vous amènent à faire d'autres choses, et finalement tout vous empêche d'être ce qu'on voudrait, on n'est plus soi-même, jamais.»
On s'enfonce dans le brouillard et la nuit, avec en bande sonore la trompe de brume « semblable au gémissement d'une baleine qui mettrait bas », mais il y a beaucoup de beauté, d'humanité aussi, semées par la plume d'Eugene O'Neill. Au sordide de l'addiction qui dépossède Marie de son âme, la rend si lointaine et détachée de ceux qui l'entourent, de la radinerie maladive de Tyrone ou de la jalousie destructrice de James, se mêlent la poésie de Baudelaire et de Shakespeare, de la mer qui apaise, emplit d'une joie primitive, de quelque chose qui nous dépasse.
Moi qui ne suis pas particulièrement une grande fan de l'autobiographique, ici j'en viens à me demander si ça ne contribue pas à l'impressionnante intensité de la pièce, au fait que ça vibre autant, que c'est si plein d'émotions.
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