Citations sur La première fois qu'on m'a embrassée, je suis morte (35)
- L'amour, c'est avant tout une question de timing, avait-elle déclaré.
Cette explication avait parlé à mon esprit rationnel. Elle m'avait rassuré. Elle avait démystifié les papillons dans le ventre et les coeurs palpitants qu'évoquaient toujours les filles dans les films et dans les livres.
C'était à l'époque où elle s'était mise à prononcer toutes ses phrases comme une question. En écoutant ses amies, j'ai vite compris que ça faisait partie du langage typiquement adolescent. Je me souviens de m'être demandé s'ils recevaient tous un manuel en arrivant au collège, qui leur expliquait comment parler, s'habiller et mépriser leurs parents.
Soudain je suis gênée en songeant à tout cet argent dépensé en lecture au cours des années. Et je me rends compte de l'ironie de la situation : si je m'étais contentée de les emprunter à la bibliothèque, je ne serais peut-être pas obligée d'y travailler pour payer mes factures.
Si j'ai appris une chose, c'est que l'amour est chaotique. Il ne nous est pas livré dans un joli paquet cadeau. Il ressemble plutôt au cadeau d'un enfant, tout froissé et gribouillé au crayon. Imparfait. Mais toujours un cadeau. Seulement, tous les cadeaux ne sont pas faits pour durer éternellement.
"vous aurez beau vous faire aussi discret que possible, un jour, quelqu'un finira bien par vous trouver" Haruki Murakami
– On fait quoi maintenant ? demandé-je d’une voix brisée.
J’ai à peine conscience de mes larmes, qui s’écrasent au sol.
Eric se lève, et je sais que c’est terminé. Nous allons nous dire « adieu ». Je regrette presque qu’il soit venu. Presque.
– Maintenant, répond-il en s’emparant du plaid posé sur le dos du canapé, je vais t’étouffer sous une couverture.
Il déplie le plaid pour en tenir un coin dans chaque main, et écarte les bras.
Par réflexe, je recule. Puis je me souviens de notre conversation dans la voiture, de mon radotage au sujet de ma mère. Un petit rire m’échappe, puis un autre, et bientôt je ris aux éclats.
– Viens là, dit-il.
Les jambes flageolantes, je me laisse tomber dans la couverture, contre lui. Il m’enveloppe comme un burrito et me serre fort contre lui. Je suis toujours secouée d’éclats de rire, mais il ne me lâche pas.
Pas même quand il se met à rire à son tour. Pas même quand nous reprenons notre sérieux.
L'espoir est cette étrange chose à plumes... qui est perchée dans l'âme.
Elle chante une chanson sans paroles et ne s'arrête jamais.
- Latoya Hallyday, assistante sociale médicale de cet hôpital, se présente-elle en me tendant la main.
- Je pense qu'il est... impeccable.
- "Impeccable" ? glapit Madison. Cet homme est quoi pour toi, un costume sur mesure ? Un placard bien organisé ? Tu as quel âge, onze ans ?
Elle se tort de rire.
- Arrête, protesté-je en souriant malgré moi. Bon, d'accord, je l'aime bien. Je ne sais pas... Il me réchauffe.
- Oh, très bien. Il y a du mieux. Il a été promu manteau. Poêle à bois.
Je ne sais pas. Mais c’est justement ça, le truc. On ne sait jamais. Aimer les gens, leur faire confiance... C’est toujours prendre un risque. Mais il n’y a qu’une façon de découvrir si ça valait le coup.