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Critique de Bartzella


C'est avec un frisson d'horreur que je referme ce livre…Un roman court, ponctué de phrases courtes également, mais qui ne fait pas dans la délicatesse.

Michigan, 2006. Robbie Whitcomb, un enfant de cinq ans, est enlevé sur le stationnement d'un centre commercial. Sa mère était en train de regagner la voiture en tenant bien comme il faut – comme toujours – le petit par la main, quand un homme à bord d'un monospace le lui arrache purement et simplement. La chose se passe si rapidement qu'on a le sentiment que ça ne peut pas être arrivé. Au point que les trois premiers chapitres sont pratiquement répétés mots à mots, avec quelques variantes ajoutées à chacun, martelant, éclaircissant ainsi les faits et comment tout cela s'est passé, en incluant au fur à mesure un sentiment de culpabilité grandissant pour Dinah (la mère). Ça démarre avec force et violence. Parce le sujet est grave.

Ce sera dès lors la descente aux enfers non seulement pour l'enfant mais aussi pour la mère, qui ne s'en sortira pas sans séquelles. Un drame familial épouvantable de chaque côté de la médaille; un calvaire pour le fils mais aussi pour les parents. Imaginer l'attente, ne pas savoir, l'effritement psychologique vécu par chaque partie…

C'est un livre que j'ai trouvé dur car tellement près de la réalité ! L'auteure a très bien su comment s'immiscer dans l'univers du pervers de même que dans celui de la famille dévastée. Et cet homme, qui se surnomme lui-même Daddy Love auprès de ses proies, est loin d'en être à sa première expérience ! le ravisseur sait effectivement s'y prendre en méthodes d'enlèvement, il sait cerner les gens et aussi comment façonner ses personnages pour endormir son entourage. Il réussit à maquiller la réalité et, tel un gourou, entourloupe même les plus fins esprits. Il ne montre son vrai visage qu'aux petits garçons qu'il enlève. Heureusement, Joyce Carol Oates n'a pas besoin de tout décrire, on y parvient très bien tout seul en lisant à travers les lignes et en cela le texte est un peu moins cru. Autrement, je ne sais pas si j'aurais été capable de poursuivre ce genre de lecture…Un cauchemar inimaginable !

On nage entre espoir, désespoir, colère, culpabilité, peur…les émotions sont fortes et cela égratigne notre coeur de lecteur. Une histoire qui dérange, beaucoup ! Ça nous saisit parce que ça semble tellement vrai…et tout ce qui semble réaliste n'est pas nécessairement plaisant à lire. Ce qui est extraordinaire, par contre, c'est le talent de l'auteure à nous transporter dans son monde et dans la psychologie de ses personnages !

Petit bémol pour la chute, qui se termine bizarrement en queue de poisson et qui nous laisse sur notre faim…je me demande pourquoi elle a choisi cette finale…mais sinon, c'est vite fait bien fait.

C'était la première fois que je lisais Joyce Carol Oates et ce ne sera pas la dernière ! Merci à Iz43, son billet m'avait donné envie de lire ce titre et j'en suis heureuse car c'est une histoire qui continue de tourmenter l'esprit même après l'avoir terminé. J'appelle ça un talent d'auteur ! C'est brut et puis c'est tout.

CHALLENGE USA
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