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3,77

sur 275 notes
Pas besoin de mille pages pour marquer les esprits : Joyce Carol Oates n'y va pas pas quatre chemins pour conter l'horreur de la violence humaine.

L'entrée en matière est surprenante. après avoir parcouru le premier chapitre, on a un doute : c'est avec les mêmes mots que débute le deuxième chapitre! Une erreur d'impression? Non, quelques mots différent et d'autres détails arrivent. Même chose pour les deux chapitres suivants : un exercice de style? Cet artifice donne finalement du relief à la scène inaugurale, et la transforme en obsession, en rumination inévitable que génère tout drame, pour reconstruire ce que l'histoire aurait pu être si….

Le rapt de l'enfant et l'accident de sa mère sont alors mis de côté pour que l'on passe du côté de la victime. Sans pudeur, L'auteur décrit avec précision et méticulosité le fonctionnement du prédateur, qui va formater son butin, le rendre conforme à son désir pervers, avec cruauté et jamais une once de compassion. C'est à la limite du soutenable.
Curieusement après avoir décrit le calvaire du petit garçon avec luxe détails, six ans s'écoulent et l'on comprend bien que la fin de cette relation dévastatrice est proche. L'enfant a perdu son charme, il est temps de le remplacer. C'est alors que l'auteur décrit avec adresse le ressenti de ce presque adolescent, des sentiments contradictoires faits de haine et d'un attachement proche du syndrome de Stockholm.

Pendant tout ce temps, six ans, la mère panse ses blessures physiques, celles de l'âme sont beaucoup plus tenaces et l'image de la petite main qu'il n'aurait pas fallu lâcher est là, bien présente et obsédante. La reconstruction d'un corps crée des douleurs avec lesquelles on peut vivre, la souffrance d'une absence quotidienne est beaucoup plus délétère.

L'issue de ce récit dense et riche, laisse par contre un sentiment d'inachevé, comme si l'auteur déléguait au lecteur la mission de s'en débrouiller; C'était déjà le cas avec Mudwoman.

C'est donc une construction assez originale que nous propose Joyce Carol Oates, avec ce début répétitif, puis deux périodes espacées de six ans et une fin pas vraiment finie….Au risque de ne garder le souvenir que des moments les plus pénibles.
Lien : http://kittylamouette.blogsp..
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Joyce Carol Oates.

Ca en jette quand même comme nom, non?

Bref, je m'attaque à cet auteur légendaire américain pour la première fois. Je n'ai pas été déçu du voyage.

Daddy Love, un homme monstrueux kidnappe des jeunes enfants puis les tue lorsqu' « ils deviennent trop « vieux ». Robbie Whitcomb va devenir sa prochaine victime et nous allons suivre son calvaire, ainsi que celui de ses parents.

L'écriture est fine. La psychologie des personnages approfondie. Rien que les 4 ou 5 premiers chapitres qui racontent tous la même scène décrite de plusieurs façons m'ont séduit. Puis elle m'a entraîné jusqu'à la fin dans cette terrible histoire. Il y a une puissance d'écriture chez elle qui emporte le lecteur.

Daddy Love, un livre marquant qu'on referme un peu soufflé. La force d'un grand écrivain.

Je pense dans les mois à venir me faire une cure de Oates. Mais l'oeuvre semble gigantesque ! Je ne sais où donner de la tête !!

Pour mon plus grand plaisir.
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Je ressors littéralement scotchée par ce roman de Joyce Carol Oatès. Ma première découverte de l'auteur "Viol, une histoire d'amour" avait déjà donné le ton.
Joyce Carol Oatès s'empare de thèmes dramatiques, odieux, insupportables, et elle nous entraîne dans les pires comportements humains.
La construction du roman est remarquable et rend l'histoire très addictive. D'emblée on sait qu'un enfant va être enlevé mais sur 5 chapitres elle fait monter une pression terrible reprenant les mêmes phrases ou à peu près, m'ayant d'ailleurs fait reculer de quelques pages pour voir s'il n'y avait pas un problème d'imprimerie. Mais non.
Le petit Robbie 5 ans se dirige vers sa voiture avec sa maman quand un homme monstrueux l'enlève de force à sa mère. La pauvre femme sauvagement frappée tente pourtant de s'accrocher à la voiture du ravisseur qui n'a aucune pitié.
On suit un peu les parents pour qui forcément on a beaucoup de pitié. Non seulement il faut supporter la perte de l'enfant, attendre des heures que le téléphone sonne pour dire que Robbie est retrouvé, subir les regards, les commentaires sur internet où chacun donne son avis sans rien connaître aux faits. Les heures s'étirent en jours, en semaines, en mois et en années.
De son côté, Robbie vit avec son ravisseur prédateur qui se fait appeler Daddy Love. Lavage de cerveau de l'enfant à qui il fait croire que ses parents l'ont abandonné, mauvais traitements, tortures psychologiques. Daddy Love reconstruit l'enfant qu'il appelle fils. Daddy love est apprécié de tous. Prédicateur, artisan. Il est invité aux barbecues, les femmes le courtisent. Daddy Love trompe tout le monde.
jamais de voyeurisme ni de scènes horreur gratuite.
C'est un roman coup de poing.
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Il y a des films d'horreur... et des livres d'horreur. Celui-ci en est un.
Et quand on sait qu'il est écrit par la reine en la matière, les attentes sont élevées.
Une fois de plus, Joyce Carol Oates ne m'a pas déçue.
Oh non, c'est beaucoup trop faible dit comme ça. Elle m'a happée dans son histoire et m'a promenée dans un tourbillon d'atrocités.
Mais attention, avec JCO (si vous me permettez cette abréviation, en aucun cas irrespectueuse, mais admirative et affectueuse), il ne s'agit jamais d'horreur gratuite, crue, provocante et vomitive comme chez Bret Easton Ellis dans American Psycho.
JCO est bien plus fine. L'horreur, elle la suggère. Elle vous la glisse telle une image subliminale dans une petite phrase ou un simple petit mot qui, hors du contexte seraient anodins, mais qui prennent tout leur sens dans l'astucieuse construction.
"Donne-moi la main dit-elle." ouvre le livre, le petit Robbie est en sécurité avec sa maman ; "Donne-moi la main, dit-il." débute le chapitre sept, alors que l'enfant est avec son ravisseur. Quelle horrible symétrie, mais quelle habileté ! Tout l'abomination de la situation est là, entre ces deux phrases insignifiantes en apparence, et qui m'ont bouleversée, fait hurler intérieurement : "Non, non, non ! Robbie ne devrait pas être là avec Daddy Love. Sa place est avec sa maman !"
Daddy Love.
Quelle invention ! Quelle ironie dans ce nom ! La juxtaposition du diminutif enfantin Daddy, si plein d'amour et de confiance, et de Love, qui n'a pas besoin d'être expliqué. C'est diabolique d'avoir choisi un tel nom pour un tel personnage.
Je pense qu'il y a un petit côté cruel et pervers chez JCO, et qu'il ressort plus ou moins selon ses romans. Ici, nous ne sommes clairement pas au bas de l'échelle.
Alice Ferney dans le ventre de la fée nous faisait entrer dans la tête d'un serial killer ; ici, Joyce Carol Oates nous emmène dans celle d'un pervers sexuel, kidnappeur de petits garçons. Si je rapproche ces auteurs que j'aime, c'est parce que je trouve dans leurs deux romans beaucoup de points communs malgré leurs différences : l'absence de limite dans la mise à nu de l'atrocité, leur façon de faire naître le dégoût chez le lecteur par de petites phrases plus suggestives que descriptives, le réalisme de leur personnage. Et surtout le fait que le Gabriel de l'une est aussi intelligent que le Daddy Love de l'autre, ce qui les rend malheureusement plus "efficaces" dans leurs actions. Plus humains dans leur monstruosité aussi, et donc plus effrayants.
Oui, Daddy Love est effrayant. Il est effrayant pour Robbie bien sûr, et pour le lecteur qui suit son parcours.
Mais pour les gens qu'il côtoie, il sait dissimuler. Pire, il se montre serviable et enjôleur. Insoupçonnable, donc. Le genre d'homme dont ceux qui ont vécu des années près de chez lui disent face à la caméra "On n'a jamais rien remarqué. C'était un homme sans histoires, un si gentil voisin." une fois sa véritable nature révélée.
Chaque année, je retiens ma respiration au moment de l'annonce du prix Nobel de littérature... et chaque fois, je suis déçue. Quand les jurés vont-ils enfin se décider à récompenser Joyce Carol Oates ?
Je ne vais pas faire dans l'originalité pour conclure, je reprends ce que j'avais écrit dans ma critique du roman Au commencement était la vie.
Je me dis toujours, après avoir refermé un de ses romans que je pourrais croiser l'une de ses créatures... en fait, que j'en croise peut-être sans le savoir... qu'un de mes voisins sous une charmante apparence a les mêmes fêlures qu'un des multiples personnages que cet écrivain de génie a créés...
On ne voit plus le monde de la même façon après avoir plongé dans l'univers de Joyce Carol Oates !
Lisez et jugez par vous-même, mais je vous aurai prévenus : c'est à vos risques et périls.
Cette lecture est dérangeante, j'en ressors ébranlée, mais que j'aime être bousculée quand c'est fait avec autant de talent !
Une fois de plus, merci madame Oates.
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C'est avec un frisson d'horreur que je referme ce livre…Un roman court, ponctué de phrases courtes également, mais qui ne fait pas dans la délicatesse.

Michigan, 2006. Robbie Whitcomb, un enfant de cinq ans, est enlevé sur le stationnement d'un centre commercial. Sa mère était en train de regagner la voiture en tenant bien comme il faut – comme toujours – le petit par la main, quand un homme à bord d'un monospace le lui arrache purement et simplement. La chose se passe si rapidement qu'on a le sentiment que ça ne peut pas être arrivé. Au point que les trois premiers chapitres sont pratiquement répétés mots à mots, avec quelques variantes ajoutées à chacun, martelant, éclaircissant ainsi les faits et comment tout cela s'est passé, en incluant au fur à mesure un sentiment de culpabilité grandissant pour Dinah (la mère). Ça démarre avec force et violence. Parce le sujet est grave.

Ce sera dès lors la descente aux enfers non seulement pour l'enfant mais aussi pour la mère, qui ne s'en sortira pas sans séquelles. Un drame familial épouvantable de chaque côté de la médaille; un calvaire pour le fils mais aussi pour les parents. Imaginer l'attente, ne pas savoir, l'effritement psychologique vécu par chaque partie…

C'est un livre que j'ai trouvé dur car tellement près de la réalité ! L'auteure a très bien su comment s'immiscer dans l'univers du pervers de même que dans celui de la famille dévastée. Et cet homme, qui se surnomme lui-même Daddy Love auprès de ses proies, est loin d'en être à sa première expérience ! le ravisseur sait effectivement s'y prendre en méthodes d'enlèvement, il sait cerner les gens et aussi comment façonner ses personnages pour endormir son entourage. Il réussit à maquiller la réalité et, tel un gourou, entourloupe même les plus fins esprits. Il ne montre son vrai visage qu'aux petits garçons qu'il enlève. Heureusement, Joyce Carol Oates n'a pas besoin de tout décrire, on y parvient très bien tout seul en lisant à travers les lignes et en cela le texte est un peu moins cru. Autrement, je ne sais pas si j'aurais été capable de poursuivre ce genre de lecture…Un cauchemar inimaginable !

On nage entre espoir, désespoir, colère, culpabilité, peur…les émotions sont fortes et cela égratigne notre coeur de lecteur. Une histoire qui dérange, beaucoup ! Ça nous saisit parce que ça semble tellement vrai…et tout ce qui semble réaliste n'est pas nécessairement plaisant à lire. Ce qui est extraordinaire, par contre, c'est le talent de l'auteure à nous transporter dans son monde et dans la psychologie de ses personnages !

Petit bémol pour la chute, qui se termine bizarrement en queue de poisson et qui nous laisse sur notre faim…je me demande pourquoi elle a choisi cette finale…mais sinon, c'est vite fait bien fait.

C'était la première fois que je lisais Joyce Carol Oates et ce ne sera pas la dernière ! Merci à Iz43, son billet m'avait donné envie de lire ce titre et j'en suis heureuse car c'est une histoire qui continue de tourmenter l'esprit même après l'avoir terminé. J'appelle ça un talent d'auteur ! C'est brut et puis c'est tout.

CHALLENGE USA
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Roman coup de poing, que ce Daddy Love. Pas d'enjoliment ni de fioriture, surtout pas de dentelles. Assez rapidement, le malaise s'installe : un enfant et sa mère angoissent parce qu'ils ne se rappellent plus où ils ont garé la voiture. Pourtant, on le sent, le pire reste à venir ! Pour ceux qui n'ont pas lu le résumé, je ne révèle rien qu'on ne découvre pas aussitôt, le jeune sera kidnappé.

Ça déboule à la vitesse de l'éclair mais, en même temps, on revient longuement sur les moments précédents le drame. J'y trouvais quelques redondances, surtout quand les chapitres s'enchainent et se répètent à la fois. C'est qu'ils racontent le même épisode mais à travers le point de vue (pas toujours évident) de l'enfant, de sa mère, d'un narrateur externe qu'on suppose être celui du monstre.

Puis, enfin (je me suis senti mal de le penser, d'attendre ce moment !), ça y est. le jeune Robbie est enlevé, l'action décolle.

Les chapitres suivants étaient mouis, mouis. Ils alternaient entre Daddy Love (le monstre) qui explique un peu comment il procède avec chaque nouvel enfant qu'il «récupère» puis la mère, Dinah, qui essait de remonter la pente psychologiquement et, surtout, mentalement. En effet, en plus de surmonter sa culpabilité, elle doit subir plusieurs opérations (la résistance qu'elle a offerte au monstre était brutale…). Sur le coup, je m'en foutais un peu mais heureusement qu'ils étaient là, ces chapitres avec la mère, sinon ça aurait été affreux.

Je trouvais plus intéressant tous les chapitres suivants sur Robbie, maintenant appelé Gideon Cash. Six ans après le drame, que devient-il ? Comment vit-il ? Quelles séquelles en garde-t-il ? Toutefois, la question que je me posais vraiment était : que s'est-il passé pendant ces six années ? Très peu de réponse, malheureusement. Quelques indices dévoilés ça et là, et dont on peut douter parce qu'ils sont livrés par le monstre.

Puis, enfin, le terrible moment. Celui où le garçon commence à changer beaucoup, à ne plus ressembler à un enfant mignon mais à un adolescent pubère. Cet âge critique où les autres petits de Daddy Love « disparaissaient »… Robbie/Gideon s'en sortira-il vivant ?

La prolifique Joyce Carol Oates ne craint pas les sujets tabous, délicats, sensibles. Et il faut bien que quelqu'un le fasse, autant que ce soit une auteure de talent. Elle réussit toujours à écrire sur de tels sujets sans que ça paraisse déplacé ni troublant. Ceci dit, Daddy Love est un roman qui marque et dont on sort un peu ébranlé. J'ai l'impression que j'attendrai un peu avant de me lancer dans un autre des siens.
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Ce livre est perturbant.
Robbie, petit garçon de 6 ans est enlevé et séquestré par Daddy Love.
La 1ère partie du livre décrit l'enlèvement, puis les premiers jours de l'enfant en compagnie de Daddy Love. Ce n'est pas une narration descriptive traditionnelle. Il s'agit plutôt de ressentis, comme des souvenirs fugaces...
Dans la 2ème partie du livre, on saute directement 6 ans plus tard.
Puis la dernière partie du livre, on retrouve Robbie de retour dans la maison parentale.
Durant tout la lecture, on ressent un malaise. Chaque personnage est perturbé (on le serait à moins). On ressent ce malaise, mais aussi parfois de la colère face aux évènements.
Comment sortir de cet enfer ? Peut-on, peuvent-ils, en sortir indemnes ?
Ce livre nous questionne... mais y a t il des réponses ?
Ce roman noir est superbement écrit. On ne s'apitoie pas, on ressent. le style d'écriture n'est pas traditionnel, on se sent happé par la narration... Quelques secondes, un évènement se passe et le retour en arrière est impossible... On n'est pas maître de notre destinée, nous ne sommes à l'abri de rien...
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Quoi de plus horrible pour une mère que de voir son enfant de cinq ans kidnappé? Quoi de plus horrible pour un enfant de cinq ans que d'être aux mains d'un psychopathe pédophile?

Ces horreurs, c'est ce que Joyce Carol Oates raconte dans ce roman et sa plume habile plonge le lecteur au coeur des calvaires de l'enfant et de ses parents.

Une femme se promène innocemment au centre commercial avec son petit garçon et en traversant le parking pour retrouver la voiture, elle est assommée par un inconnu et l'enfant est emporté. Un drame qui change pour toujours la vie de la mère et du père du petit Robbie. Peut-on ne pas se sentir coupable d'avoir été là, d'avoir lâché la main de l'enfant, ou de ne pas avoir été là pour l'empêcher l'enlèvement?

Et un petit garçon, soumis aux sévices, avec un homme qui lui dit être son « Daddy Love », puisque ses parents l'ont abandonné. Avec ce père adoptif qui devient son seul univers, l'enfant peut-il éviter d'oublier peu à peu ses parents? Comment pourrait-il même penser à s'enfuir?

Un roman tragique, tout à fait déconseillé aux jeunes parents…
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Un roman nécessaire sur le scandale de la pédophilie aux États Unis

Chet Cash, un évangéliste, au dessus de tout soupçon, est la figure centrale du livre de Joyce Carol Oates, Daddy love. Un prédicateur adulé est pris au coeur de l'horreur, au coeur du scandale de la pédophilie aux États Unis.
Ce pasteur, responsable de la tourmente d'une famille, anéantie par le mal absolu, prêche pourtant pour l'Église de l'espoir éternel.
C'est la militante autant que la romancière Joyce Carol Oates, qui dénonce ici le puritanisme de la société américaine, quand elle rend possible, une protection ou quand elle offre la couverture idéale à des individus, habités par la perversion, à des prédateurs sans scrupules.
Ce prélat n'est-il pas un homme charmant, dont les prêches subjuguent, il est bien intégré et même actif dans la société de kittatinny Falls; artiste admiré faisant des oeuvres en macramés appréciées dans toute la région. N'a t-il pas souffert ayant perdu sa femme et élevant seul cet enfant timide,  et particulièrement bien élevé, "il a quelque chose de moi dans les yeux"p117 !

Daddy love, du être, l'un des romans les plus délicats à écrire, de la très longue carrière littéraire de Joyce Carol Oates . C'est avec ses convictions qu'elle mène le débat, sa détermination s'exprime, sa parole s 'affirme devant toute la société américaine, trop souvent indifférente à ce douloureux problème, car elle ne peut pas se louper, elle veut être comprise, il faut être dans le vrai, sans fausse pudeur sans voyeurisme.

Patiemment elle nous prend par la main, celle du jeune Robbie, enlevé à l'age de 5ans, violemment, entre les mains de sa mère : "elle avait conscience de sa terrible perte. La main de l'enfant arrachée à la sienne. Maman avait dû lâcher prise."p. 27
Elle nous décrit toutes les manipulations de cet imposteur. Avec une patience de chat, le révérant cajole, punit Robbie, petit chiot que la bonne parole divine va dresser sans faiblesse, anonymement, froidement.

Les moments de tendresse viendront quand la docilité sera totalement installée, pasteur, d'un mouton appelé désormais Gidéon qui ne sait plus que bêler. Les douleurs, imaginées ne sont jamais décrites, juste le mot, saignement.

Un pas de trop, un geste cruel de trop, offrir un chiot à cet enfant qu'il appelle Missy, mais, pour mieux le crucifier ensuite en tuant Missy , sous ses yeux, pour une broutille, est-ce cela la cruauté évangélique du mont des oliviers, ou celle lâche d'un prélat qui se lasse de sa proie, pour mieux l'anéantir.

L'enfant se dédouble, le fils obéit, Gidéon est maintenant prêt à mordre. Gidéon verra poindre un autre espoir dans un sursaut de vengeance !

Chet Cash sera ce faux prélat jusqu'au bout, prédicateur d'une autorité supérieure, prêtre devant la justice des hommes, son avocat affirme : Mon
client reconnaît avoir agi en marge de la loi séculaire pour se conformer à une “loi morale supérieure”. le révérend Cash est
“non coupable” d'enlèvement ou de tout autre chef d'accusation
parce qu'il est “non coupable” d'avoir violé cette loi supérieure. ››
p182
Pour Joyce Carol Oates il fallait démontrer que le pasteur détruit de façon méthodique les fibres affectives d'un enfant. le réquisitoire est foudroyant comme sont ses analyses; on touche du doigt la capacité de Chet Cash totalement pervers de salir, d'assouvir pour son seul plaisir ses fantasmes les plus odieux.
Daddy Love est un livre noir, implacable, puissant, du Joyce Carol Oates et sa maîtrise des mots et sa connaissance de l'âme humaine.
Magnifique. Une intensité émotionnelle rarement atteinte, à vivre les souffrances et la douleur de parents déchirés.
Une vérité incontournable, un courage et une réussite.
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Ce livre est perturbant, tragique, déconseillé aux âmes sensibles, surtout aux jeunes parents .

Quoi de plus terrible pour une mère aimante de voir son enfant de cinq ans kidnappé : Robbie Whitcomb, dans un centre commercial , celui de Liberty - ville à Ypsilanti dans le Michigan ?.

Aux mains d'un sadique…, homme monstrueux , ravisseur technicien du kidnapping , collectionneur de petits garçons, violeur, violent , soumettant ses petites victimes à des abus sexuels immondes , des maltraitances psychologiques intenses ….exerçant sa force brutale, punissant , battant , enfermant dans une sorte de cercueil , : «  La vierge de Bois » détestant les garçons faibles , geignards et soumis.

Et pourtant , paradoxalement , cet individu est un homme charmant du nom de Chet Cash, pasteur itinérant de L‘Église de l'Espoir Éternel , dont les prêches enflammées subjuguent les foules, attirent l'admiration.

Quelle dérision !

Désormais Robbie se nomme : Gideon, terrorisé , maltraité , bâillonné parfois, Daddy Love ne supportant aucun comportement rebelle ….

Cherchant constamment dans sa folie à soumettre Gideon à sa volonté —— éprouvant un frisson sexuel , bien reconnaissable ….
Je me refuse à continuer à décrire ce calvaire , le fonctionnement de ce prédateur …ses désirs pervers , sa cruauté , ses combines …
L'auteure n'y va pas de main morte pour nous conter ces horreurs, méticuleusement, avec précision, sans pudeur elle nous décrit l'insoutenable.

Elle s'empare, comme à son habitude , de thèmes dramatiques, insupportables, odieux, complexes avec lucidité , elle suggère l'horreur avec finesse et intelligence.
Cette lecture est dérangeante, obsédante, terrifiante ….
Un roman coup de poing .
Les chapitres concernant Robbie, maintenant appelé Gideon Cash sont très intéressants , il change peu à peu …. Une descente aux enfers finement analysée, un lent calvaire, pourtant il ne perd pas son intelligence aiguë …
S'en sortira t - il vivant ? .
Et que devient - on après six années d'intimité aux côtés d'un monstre ? .

J'ai refermé ce livre avec un frisson d'horreur et je me demande comment on pourrait se reconstruire après une telle épreuve ? .

Il n'y a que la grande Joyce . C . O pour oser s'attaquer à des sujets aussi graves.
Je ne conseille pas ce livre , en temps que maman, c'est la première fois à propos de cette grande femme de lettres, dont j'ai lu beaucoup d'ouvrages .
Trop éprouvant vraiment , on en ressort très ébranlé, du moins , en ce qui me concerne .
Mes vives émotions m'empêchèrent à plusieurs reprises de continuer ma lecture …..
Je rendrai cet ouvrage sans regret à la médiathèque.


«  Mais Gideon avait appris que Daddy Love n'aimait pas qu'un de ses fils «  pleurniche » .
En particulier, Daddy-Love punissait Fils quand il pleurait .
Le faisait entrer de force dans le terrible «  Coffre - Fort » qui l'emprisonnant comme une momie et pendant si longtemps qu'il ne pouvait s'empêcher de mouiller sa culotte comme un petit bébé , ce qui lui faisait honte et dégoûtait Daddy Love. ..
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