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Critique de Aline1102


Schuyler College, 1974.
Genna Meade, une jeune fille blanche de la bonne société américaine intègre la prestigieuse université pour filles fondée par son ancêtre Elias Meade. Genna partage sa chambre avec une jeune boursière noire, Minette Swift.
Fascinée par sa compagne de chambre, Genna tente de se lier d'amitié avec elle, mais Minette semble décidée à rejeter toute marque de sympathie.

Les années 70 en Amérique sont encore marquées par une certaine ségrégation raciale. Noire et boursière, Minette a-t-elle une chance de s'en tirer au milieu de ces blanches issues des plus riches familles américaines et des plus prestigieuses écoles privées ?


C'est seulement la seconde fois (après le crime de l'Orient-Express, d'Agatha Christie) que je suis presque soulagée de voir une victime mourir dans un roman. Je ne gâche d'ailleurs rien en vous révélant tout de suite que Minette meurt, on l'apprend après quelques lignes de lectures seulement.
Et l'on ne peut s'empêcher d'éprouver une certaine antipathie à l'égard de Minette. Joyce Carol Oates ne donne d'ailleurs pas l'impression de vouloir faire apprécier sa victime : elle affuble Minette de gros défauts tous plus agaçants les uns que les autres.
Car Minette est hautaine, égoïste et repousse systématiquement les rares mains que ses condisciples lui tendent.

Les deux héroïnes de ce roman, Genna et Minette, sont toutes deux très liées à leur père (problème d'Oedipe mal réglé ?). Minette a très peur de décevoir son père, le pasteur Virgil Swift. Ce dernier s'attend à ce qu'elle excèle dans ses études or, dès le début du roman, il est manifeste que Minette est dépassée par les matières qu'elle étudie au Schuyler College. Si elle était parmi les meilleures étudiantes de son lycée, elle a ici beaucoup de mal à accepter les systèmes de cotation des professeurs et les remarques négatives que certains de ses devoirs récoltent. Ca aussi, c'est l'un des défauts de Minette : elle se remet rarement en question, préférant accuser les autres des malheurs qui la frappent.
Genna, de son côté, ne pense qu'à se faire accepter par Minette et à être gentille avec elle car elle a baigné, toute sa vie durant, dans les idéaux pseudo-égalitaires de Maximilian Meade, son père. Pourtant, après plusieurs rejets, il semble évident que Minette n'acceptera jamais d'être l'amie de Genna et que celle-ci devrait laisser tomber ses tentatives...

La mort de Minette est tout de même étonnante. Pas vraiment le décès en tant que tel puisque, comme je l'ai signalé plus haut, cet événement est annoncé dès la première page du roman. C'est plutôt la façon dont elle meurt qui prend le lecteur par surprise. On s'attend, étant donné les soupçons de harcèlement et de racisme qui plânent sur la résidence de Minette, Haven Hall, à quelque chose de plus violent : puisque quelqu'un semble visiblement en vouloir à Minette, peut-être va-t-elle être poignardée, défenestrée, poussée dans l'escalier ? La " douceur " (toute relative, je vous l'accorde) de la mort de Minette, les circonstances entourant le drame sont presque choquantes... parce qu'on attendait bien pire ! Tout est mis en place par Joyce Carol Oates pour nous faire croire à quelque chose de bien plus atroce.

L'un des grands thèmes de Fille noire, fille blanche est, bien entendu, le racisme et les problèmes d'intégration qui en découlent. Genna a pitié de Minette parce qu'elle est noire et tente à tout prix de l'intégrer aux groupes qui se forment au sein de Haven Hall. Mais tous les noirs souffrent-ils de problèmes d'intégration ? N'est-ce pas plutôt la personnalité de Minette qui pose problème ? Minette voulait-elle de la pitié de Genna ? J'en doute...
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