On fait des pas droit devant soi, à la manière d'un aveugle, et voilà que la lumière éclate dans les ténèbres et l'on retient son souffle, de peur de marcher sur son ombre.
Dans une petite ferme du Kentucky, après avoir récité un benedicite peu conventionnel, le père John-Emery Rockfeller maudit son fils qui s'enfuit.
Sa fille Paméla se révolte à son tour.
Pour ramener le calme, la mère interroge sa boule de cristal en présence d'un ami docteur que l'alcoolisme ronge.
Elle annonce des catastrophes : les tribus indiennes les encerclent.
C'est ce que confirme Oeil de Perdrix, le bon indien que le patriarche envoie porter un message de détresse....
(extrait de "Visages du Théâtre contemporain" de Sylviane Bonnerot, essai paru en 1971 aux éditions "Masson et Cie")
CARLOS. – Votre frère a de la chance d'avoir une sœur comme vous. (Un silence.) Il doit être fier de vous protéger !
PANIÉLA. – Ooouuuui... enfin... Vous savez ce que c'est que la famille... (Temps assez long.) Vous entendez le vent, dans les branches de sassafras ?
CARLOS. – Admettons que ce soit le vent.
PAMÉLA, frissonnante. – Parce que...
CARLOS. – Parce que les Peaux-Rouges, les Comanches en particulier, lorsqu'ils se préparent à l'assaut, font entendre des sifflements entre leurs dents qui ressemblent à s'y méprendre au bruit du vent dans les branches de sassafras;
Pamela.- Vos litanies sont stupides! Le monde, on peut le modifier, lui donner un autre visage. Si déjà vous vous débarrassiez de vos obscurantismes...
Caroline.- Johnny, si nous mourons, je n'y survivrai pas.
Dans chaque nouveau-né, y'a un dictateur.
C'est la seule chose raisonnable qui nous reste, madame, la folie! (...)
Vous voulez toujours qu'on profite de la vie une fois qu'elle est passée.
J'espère, pour vous tous, que l'auteur du scénario n'a pas prévu bêtement ma mort derrière cette porte".