Yumiko vit à Londres depuis une dizaine d'années. Amour, amis, travail... elle a construit sa vie, s'est épanouie dans la capitale anglaise. le brutal décès de son père la rappelle sur sa terre natale: le Japon. le retour aux racines est toujours un exercice d'équilibriste, difficile de conjuguer deux cultures si différentes, de trouver un juste milieu et de définir sa place.
Fumio Obata fait le récit du deuil et du déracinement avec beaucoup de douceur.
Il choisi de mettre en parallèle les doutes et les interrogations de Yumiko et l'art japonais du Nô, cette forme théâtrale très sophistiquée. Yumiko se demande si, comme le comédien qui s'efface complètement derrière le masque, elle ne joue pas un rôle, si ces choix étaient les bons, dictés par sa propre volonté ou bien par les rêves irréalisés de sa mère? Au delà du thème du soi développé, ce parallèle permet la mise en scène très poétique de scène de Nô.
le trait léger, les tons aquarelles de l'auteur transmettent le sentiment d'irréalité qui accompagne la jeune femme jusqu'à son retour à Londres.
Un joli récit sur l'expatriation et ce sentiment de n'être jamais tout à fait chez soi, ni sur sa terre natale, ni sur sa terre d'adoption, d'être toujours sur le fil.