«La peur de ma peur me fait peur.»
"Certains sont offensés de naissance."
Nous avons vingt-cinq ans. C'est beaucoup, c'est déjà trop.
(dans «Cornelia face au miroir»)
Comme les personnes respectables sont absurdes!
(dans «Cornelia face au miroir»)
Tout compte fait, en quarante ans d'existence, ce n'est pas beaucoup : aimer dix-huit fois ce n'est pas une preuve d'inconstance ni de manque de sérieux. C'est seulement la preuve qu'il est impossible de vivre sans amour.
Il y avait un million de regards dans mes yeux, je crus donc qu'un miracle m'avait fait naître dans des rochers, au bord d'une mer illimitée. D'autres hypothèses me traversèrent l'esprit sans me rapprocher de la vérité, alors, lassée, je cessai de regarder et je me lançai dans la magie, sans crainte et sans remords. Il y avait un jeu de cartes à la maison ; je m'en étais emparé et l'avais caché sous mon manteau. Personne, jamais, ne me vit jouer avec les cartes ni ne m'apprit aucun jeu... Il y avait une femme qui travaillait chez nous et qui savait tricoter et détricoter. Elle affirmait que le tricot ressemble tout à fait à la magie et que n'importe quel tricot pouvait me faire prévoir l'avenir, sans aucune difficulté. L'idée me plut et ainsi commença ma carrière de voyante. Tout, ou presque tout ce que je raconte ici, je l'ai rêvé avant de le vivre.
(Rêveuse persuasive)
Dans les moments les plus tragiques, je ris ou j'allume une cigarette, je me couche par terre et je te regarde comme si rien de mauvais ne pouvait arriver. Certaines postures nous font croire au bonheur. Le fait d'être allongée m'a parfois fait croire à l'amour.
(dans «Cornelia face au miroir»)
Alma Bestiglia n'etait pas sympathique ; peut-être n'était-elle aimable qu'avec ses animax domestiques ; mais le fait est qye personne ne l'aimait sauf ma mère qui, me semblait-il, ne l'aimait pas tellement puisqu'elle ne l'embrassait jamais et qu'elle ne lui donnait jamais la main pour lui dire bonjour, même si elle lui portait nos restes pour nourrir son jardin zoologique, comme Alma appelait me groupe d'animaux selectionnés qu'elle élevait dans son patio. Elle habitait une petite maison de banlieue, avec deux chiens, un chat, trois canaris orangés, une gazelle, un perrroquet et un vanneau. Parfois, elle sortait les canaris de leur cage et elle les laissait en liberté tandis qu'elle tricotait ou reprisait du linge, toujours en chantant, car elle avait une voix de soprano, très criarde, aigüe comme une flûte.
Mais notre conte se modifie lui aussi dans notre mémoire jusqu'à devenir le plus beau du monde. Quelle nostalgie éveille en nous son souvenir ! Comme paraissent fades, en comparaison, les contes des Mille et une nuits, les romans policiers de Chesterton, les nouvelles si subtiles de Stevenson, celles de Dino Buzzati, qui ne me plaisent pas toutes, et celles de Kafka. Non ! Celles de Kafka ne cessent jamais d'être les plus belles du monde ...
Rêver, c'est partir sans but, sans problèmes.