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EAN : 9782070722617
352 pages
Gallimard (15/05/1991)
4.12/5   17 notes
Résumé :
Ce volume qui réunit vingt-cinq nouvelles tirées de trois recueils différents offre un panorama complet de l'oeuvre en prose de Silvina Ocampo. Les nouvelles aux intrigues mathématiquement construites y alternent avec celles où les très subtiles nuances d'un langage qui emprunte l'essentiel de ses tournures au vocabulaire de la conversation courante aboutissent à créer une atmosphère unique en son genre. Comme le dit Jorge Luis Borges dans sa préface, Silvina Ocampo... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Les nouvelles de l'auteure argentine Silvina Ocampo (1903-1993), amie de Borges, appartiennent à la veine fantastique. Mais un fantastique très proche de la réalité, qui en décolle les contours et les rend flous, inquiétants, distordus. Quelque chose les amortit et les rend cruelles : une sorte d'indifférence devant un quotidien où tout peut arriver mais où le regard distancié d'autrui nie la qualité tragique de ce qui arrive : les personnages, dépouillés de leur intériorité et de leur irremplaçabilité retombent, après la survenue de l'évènement funeste, comme des poupées de chiffon après la représentation.
Pour illustrer mon ressenti, je donne en exemple l'une des nouvelles (une seule parmi tant d'autres pour ne pas trop en dire) : un goûter d'anniversaire est organisé en l'honneur d'une pré-adolescente victime d'un accident de voiture qui l'a privée de l'usage de ses jambes et de ses deux parents. La petite héroïne, figée dans sa robe d'apparat et encore très fragile, doit supporter, en véritable vierge et martyre, d'épuisantes séances de photos au cours desquelles sa famille ne se prive pas d'évoquer tous les autres accidents automobiles dont elle a connaissance, ainsi que la dose d'abnégation qu'il a fallu pour sauver la chère petite (dons en sang, en argent, en présence...) ; nul ne pense à ouvrir pour elle les cadeaux qu'elle ne peut atteindre seule et l'on se gave de gâteaux et de cidre tandis que la pauvre enfant souriante et stoïque sombre peu à peu dans une fatigue mortelle. Elle rend finalement son dernier soupir, discrètement pour ne pas troubler la fête. L'on n'en finit pas moins à la hâte quelques sucreries qu'on engouffre aussi dans ses poches pour la route, et l'on déplore la bouche pleine que la mort n'ait pas plutôt choisi telle autre petite cousine, moins gracieuse, celle qui est là et vous regarde avec cet air stupide.
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Silvina Ocampo est une écrivaine argentine et l'une des figures majeure du courant littéraire du réalisme magique. Soeur de Victoria Ocampo qui fonde la revue littéraire Sur ("Le Sud"), amie de Jorge Luis Borges, elle est au coeur des cercles littéraires latino-américains où elle rencontre d'ailleurs l'écrivain Adolfo Bioy Casares qui deviendra son mari. Ce recueil contient vingt-six de ses nouvelles où s'entremêlent réalité et fantastique.


Le livre commence fort avec "L'imposteur", novella d'une centaine de pages rondement menée par S. Ocampo : le pitch est le suivant : un jeune homme va s'installer pour sa convalescence dans une maison de campagne délabrée, chez le fils d'un ami de la famille qu'on dit dérangé. le récit est très prenant et nous offre une belle chute.
Plus loin dans le recueil on atteint même le sublime avec la courte nouvelle "Leurs ailes" qui nous décrit une classe d'enfants dont les membres se mettent à se ressembler de plus en plus de manière inquiétante... Un bref récit beau et intense !
Le reste de Faits divers de la Terre et du Ciel m'a semblé de qualité variable : oscillant entre des nouvelles très réussies et des autres plus "communes" mais globalement on retrouve des récits de bonne facture.


Les nouvelles de ce recueil ne rivalisent pas avec les meilleures de Jorge Luis Borges (L'Aleph, le Livre de sable) : il y manque peut-être le soupçon de folie et la fascination pour le paradoxe que ne partage pas S. Ocampo. On ne retrouve pas non plus la dose d'humour absurde qu'on peut parfois trouver chez Julio Cortázar (Cronopes et Fameux, Fin d'un jeu). Pour autant cela reste un ouvrage de bon niveau et des textes très agréables à lire.


Un recueil à découvrir pour les amateurs et curieux de ce genre fantastique sud-américain si particulier.
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Un recueil de vingt-six nouvelles, d’inégale longueur, abordant toutes les facettes du fantastique dans le quotidien. Un galop d’essai du "réalisme fantastique", qui fit les beaux jours de la littérature latino-américaine dans les années 1960. On est ici plus proche du surréalisme, plongeant dans un univers décalé, aux contours inhabituels, où passé, présent et futur s’interpénètrent voire s’inversent ("Autobiographie d’Irène"), où les animaux nous parlent ("La cocotte en pâte de coing"), ainsi que mille autres choses hors du commun. Traversez le miroir, et entrez de plain-pied dans l’univers onirique de Silvina Ocampo. Dépaysement garanti…
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Ces courtes nouvelles de la grande amie de Borges n'ont pas l'ampleur intellectuelle de celle du maître argentin mais elles illustrent à merveille ce fantastique sud américain si particulier . On songe plus à Cortazar devant ces textes où passé et futur , bien et mal ,s'interpénètrent pour égarer le lecteur dans un no man's land anxiogène marqué par la mutation constante des objets et des êtres .
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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
Aucun instrument de musique, ni la cornemuse, ni la fuya japonaise, ni le nébel hébreu, ni la flûte traversière chinoise, ni le naïou roumain, ni l'aulos grec, ni la réunion de tous ces instruments ne pourrait produire un concert aussi étrange : le son venait du fleuve, dans un accompagnement de tambours, et il paraissait fait de petits sifflements répétés. La place vers laquelle montait cette musique était plongé dans l'obscurité et mouillée par la pluie qui rendait luisantes les statues et les plantes du bassin. Sous les bancs il n'y avait ni les papiers, ni les pelures de fruits, ni les excréments habituels. Les chiens accouraient, à la recherche d'un éventuel os enterré. Cachées dans l'ombre, des petites filles sourdes-muettes s'étaient attardées sur les balançoires et elles s'en donnaient à cœur joie ; leurs tabliers volaient au vent : on ne voyait ni leur visage, ni leurs mains ; on aurait dit des fantômes, des Eriynes de plâtre. Des femmes en deuil, ayant une odeur d'orange, portaient des torches.
(La création)
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Vous voyez qu'il pleut dans la chambre.
Intéressé, j'inspectai la pénombre.
- Ces bassines, poursuivit-il en donnant un coup de pied dans un objet, sont destinées, non seulement à recueillir l'eau quand il pleut, mais à provoquer des insomnies et une musique imprévisible. Je pourrais jurer que chaque goutte de pluie qui tombe dans ces récipients produit un son infinitésimalement différent de celui qui le précède et de celui qui le suit. J'ai écouté plus de cinq cents pluies dans cette chambre.
J'allais lui dire : Vous aimez beaucoup la musique.
Je demandai prudemment:
- Pleut-il souvent?
(L'imposteur)
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Mes prévisions étaient involontaires. Il n'était pas difficile de les reconnaître ; elles se présentaient accompagnées de certains signes qu'on ne pouvait confondre, toujours les mêmes: une brise légère, un rideau de brume, une mélodie que je ne pouvais chanter, une porte en bois sculpté, une froideur dans les mains, une petite statue de bronze dans un lointain jardin. Il était inutile que j'essaie d'éviter ces images : dans les régions glacées de l'avenir la réalité est impérieuse.
(Autobiographie d'Irène)
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Sur ma table, (...), entre mes peignes et mes épingles à cheveux, il y avait une épingle d'or ornée d'une turquoise. Je la pris et traversai avec difficulté le corps résistant du papillon - quand je me rappelle maintenant cet instant précis je frémis comme si j'entendais une petite voix se plaindre dans le corps obscur de l'insecte. Puis je plantai l'épingle avec sa proie sur le couvercle d'une vieille boîte de savons où je range ma lime, mes ciseaux et mon vernis à ongles. Le papillon pliait et dépliait ses ailes comme au rythme de ma respiration. Sur mes doigts était restée une douce poussière irisée. Je sortis de ma chambre, le laissant essayer le vol immobile de son agonie.

Le filet
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Vais-je mourir avant d'avoir quinze ans ? J'ai compté les heures pendant lesquelles Miss Fielding m'a empêchée de penser depuis que je suis couchée : cinq heures aujourd'hui, trois hier, huit avant-hier : seize heures au total. Si je meurs avant mes quinze ans, je ne lui pardonnerai pas.
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Video de Silvina Ocampo (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Silvina Ocampo
Un père et son fils traversent l'Argentine par la route, comme en fuite. Où vont-ils ? À qui cherchent-ils à échapper ? le petit garçon s'appelle Gaspar. Sa mère a disparu dans des circonstances étranges. Comme son père, Gaspar a hérité d'un terrible don : il est destiné à devenir médium pour le compte d'une mystérieuse société secrète qui entre en contact avec les Ténèbres pour percer les mystères de la vie éternelle.
Alternant les points de vue, les lieux et les époques, leur périple nous conduit de la dictature militaire argentine des années 1980 au Londres psychédélique des années 1970, d'une évocation du sida à David Bowie, de monstres effrayants en sacrifices humains. Authentique épopée à travers le temps et le monde, où l'Histoire et le fantastique se conjuguent dans une même poésie de l'horreur et du gothique, "Notre part de nuit" est un grand livre, d'une puissance, d'un souffle et d'une originalité renversants. Mariana Enriquez repousse les limites du roman et impose sa voix magistrale, quelque part entre Silvina Ocampo, Cormac McCarthy et Stephen King.
Pour lire les premières pages : https://bit.ly/3fzyoiW
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