“Je voulais écrire un livre sur rien”
Faut dire qu'on est pas passé loin.
Silvina Ocampo… comment dire ? C'est assez mystérieux, elle n'écrit pas des histoires sur “rien” mais il y a du “rien” dans ses textes. Dans le sens où un grand vide entoure les histoires qu'elle raconte, sans contexte, sans explications, sans logique souvent, sans but toujours.
“L'envie, la jalousie, la méfiance, le malentendu : tout cela pèse sur la vie de l'amour le plus parfait et le plus capable de sacrifice. Au fond, qui comprend qui ? Personne n'en sait rien.”
L'écrivaine argentine, amie de
Borgès, a des fulgurances je dirais presque de moraliste, avec des phrases très bien senties sur la vie mais qui semblent assez déconnectées des histoires elles-mêmes. Elle énonce un principe ou esquisse une constance existentielle que l'on ne retrouve nul part illustré dans sa nouvelle. On se dit alors, mais quel trait de génie, elle a raison, on est piqué !
Puis, la nouvelle passe de façon alambiquée on rencontre des prénoms, des peurs, des portes qui grincent, des sonatines, des difformités, mais on bute encore sur le “rien”. Car rien n'en reste ou si peu et je vais arrêter de répéter “rien” à tout bout de champ au risque de convoquer ici
Raymond Devos, parallèle intéressant entre l'absurde du comédien et la prose fantasque et opaque de Ocampo.
“Je voudrais mourir, un jour, de la perfection d'un tableau, de la perfection d'une musique ou d'un poème.”
La nouvelle “La musique de la pluie” est à mon sens une des plus réussie de ce recueil, ce qui n'a pas échappé aux éditions Folio poche lorsqu'il s'est agi de prélever un extrait de son oeuvre pour le plus grand nombre, de même que “Les jaloux” et “La rencontre” peut-être parce qu'elles sont drôles et qu'il faut souligner l'humour, voire la satire de
Silvina Ocampo, qu'elle dose avec parcimonie et originalité.
Qu'en pensez-vous ?