Les gens des collines

Il voulait mesurer le temps à la croissance des arbres.

Le clair de lune est plus doux au Kentucky
Les jours d’été sont plus riches au Kentucky
L’amitié y est plus vivace
Les flammes de l’amour plus tenaces
Mais le mal est toujours pire au Kentucky

James Hilary Mulligan

C'était un joli coin pour mourir.

A l'armée j'ai accès à tout un tas d'infos. Un jour j'ai regardé notre arbre généalogique. Un singe m'a chié sur la gueule.

Elle riait toujours pareil, un éclat soudain. Ça la déridait, mais après elle se durcissait d'autant plus, comme si la vulnérabilité avait un coût inscrit sur une feuille de comptage invisible.

Tout a sa place en ce bas-monde si Dieu l’a mis là.

Pendant des heures il resta allongé sur le petit lit de camp en regrettant de ne plus avoir de bourbon. Il avait entendu que le temps soignait toutes les blessures, et savait que c'était un mensonge. Le temps ne soignait rien du tout, il vous faisait oublier.

Il se gara sous le panneau peint à la main qui annonçait CHEZ HANEY – BIBLE ET PNEUS.
Le modèle le plus récent des Haney s'approcha du véhicule. (…)
- Vous cherchez des pneus, de l'essence, ou une bible ? Tout ce qu'il vous faut pour aller au bout du monde.

Tous les enfants apprenaient les mots "Comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés", un message fort généreux qui ne prévoyait pas de calendrier spécifique. Dans les collines il était plus pratique de pardonner les offenseurs après les avoir tués.

La beauté des lieux était indifférente à la mort. La nature avait l'habitude.