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Critique de DocteurVeggie


Combien de choses, de civilisations, de sons, de sensations, d'êtres, avons-nous oubliés. Perdus quelque part où plus personne ne peut se souvenir de ce qui a été dit, fait, pensé. Pas vu, pas pris. de lois pour sombrer dans l'oubli.

Au départ, il y a les oiseaux, puis une rivière, des calendriers, des romans et puis des mots... Inexorablement tout s'évapore, tout disparaît et s'en va en fumée. Un petit peu de ce coté-ci et puis de ce coté-là. Et personne ne dit rien. Gare à ceux qui oseront lever la voix. La police des souvenirs veille au grain et traque sans relâche à coup de rafles aussi brutales que dangereuses. Ceux qui se souviennent sont éliminés et déplacés. Alors, on se tait et on s'adapte bien malgré soit aux cavités. le bruit des lourdes bottes laisse à nouveau la place au bruit des silencieuses pantoufles.

Une implacable métaphore des régimes totalitaires et ce que nous sommes capables d'endurer, quitte à nous voiler la face, pour survire au pire, à innommable et à garder un semblant de paix. Continuer de se voiler la face. Affaiblir le peuple pour mieux le contrôler et rogner sur nos libertés individuelles. Toute la narration est faite de manière oppressive sous une étoffe d'onirisme et de rêverie.

Qu'arrivera t'-il, le jour où à notre tour, notre peur et notre soumission, nous ferons perdre ce que nous avons de plus cher ? J'ai la mémoire qui flanche, je ne me souviens plus très bien. Et pourtant... les touches de ma machine à écrire commencent, elles aussi, à disparaître. Les mots sont des armes. Yôko Ogawa les maîtrise à la perfection.

Quant à moi, j'ai déjà disparu.
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