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Critique de Sachka


Étrange, fragile, parfois même un peu pervers, tel est le monde que Yôko Ogawa nous décrit dans ce recueil composé de deux courtes nouvelles : "Une parfaite chambre de malade" suivi de "La Désagrégation du papillon".

Dans ces deux nouvelles, nous retrouvons un même mode de narration, monocorde, qui apporte à chacun des récits une tonalité intimiste (habituelle chez l'autrice). Deux jeunes femmes dont l'identité ne nous est pas dévoilée se réfugient dans un univers qui leur est propre, un univers de douce folie comme pour échapper à une réalité trop difficile à affronter.

Yôko Ogawa mélange avec brio la beauté et la laideur pour mieux faire apparaître les fêlures, les blessures psychologiques de ses deux personnages féminins et l'espace d'un instant elle nous oblige à entrevoir la face sombre de la nature humaine.

Dans la première nouvelle "Une parfaite chambre de malade", la narratrice se remémore les derniers mois passés auprès de son frère cadet atteint d'une maladie grave et incurable. Elle entretient avec la chambre dans laquelle celui-ci est hospitalisé, une relation des plus étranges. Une chambre blanche, immaculée, aseptisée, dans laquelle elle se sent protégée et apaisée.
Obsessions morbides de la propreté, traumatismes d'une enfance marquée par une mère atteinte de maladie mentale, dans cette parfaite chambre de malade, le passé douloureux de la narratrice va progressivement remonter à la surface.

Dans la deuxième nouvelle "La Désagrégation du papillon", la narratrice s'occupe de sa grand-mère paternelle (Sae) qui l'a élevée depuis son enfance et qui est atteinte de démence sénile liée à l'âge. Elle se voit contrainte de la placer dans un établissement spécialisé "Le Nouveau Monde". L'absence et le vide laissés par la vieille femme vont peu à peu désorienter la narratrice, la déconnecter de la réalité et faire émerger, comme dans la première nouvelle, les souvenirs d'un passé troublé par l'absence d'une mère.

Deux nouvelles aux récits introspectifs et métaphoriques, riches de détails et de descriptions, dans lesquelles les couleurs et les sonorités foisonnent pour mieux nous emmener dans l'imaginaire de l'autrice.
Deux nouvelles dont j'ai personnellement apprécié la lecture mais qui pourraient déconcerter certains lecteurs de part une morbidité très présente et un rapport au corps et à la chair exacerbé mais qui soulèvent une thématique lourde de sens comme l'accompagnement en fin de vie, la capacité à faire son deuil, l'absence d'une mère, d'un frère, d'une grand-mère...

La lecture de ce recueil peut s'avérer très intéressante pour les lecteurs qui souhaiteraient découvrir l'autrice toutefois (et j'insiste) si vous êtes sous antidépresseurs ou en proie à des problèmes avec votre "moi" profond, il sera préférable de passer votre chemin et de vous diriger vers des romans longs comme "Instantanés d'Ambre" ou "Petits oiseaux" dans lesquels vous y trouverez une dimension plus poétique et somme toute moins tourmentée.
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